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L'enthousiasme de la demoiselle transparaissait aussitôt lorsqu'elle prit la parole pour me répondre et ça faisait du bien de l'entendre, de l'écouter me répondre que ça allait. Elle me retourna la question et quasi machinalement je répondis un vague "Ca va..." Avant de me concentrer sur elle. On allait pas s’appesantir sur mes états d'âmes de tôlard et les dernières galères auxquelles j'avais fait face. Je préférais nettement m'enquérir de sa santé, et surtout de son moral. Elle me rassurait, et elle avait l'air sincère, ou alors elle savait bien jouer la comédie. En tout cas, elle m'assura qu'Ash était une vraie petite maman et un sourire étira aussitôt mes lèvres. "Je suis content si tu vas mieux alors. Sois prudente quand même..." La laponie, la neige, le froid, quand on sortait d'hospit', ça pouvait être éprouvant. Il fallait qu'elle prenne soin d'elle même si le grand air devait être une bonne thérapie pour son moral. Lucky s'inquiétait ensuite des nouveautés pour moi. "Oh tu sais, la justice... Ils sont débordés. Alors mon procès a été décalé fin mai.." Notez qu'à ce sujet, j'étais de plus en plus défaitiste. Fallait dire que Gabrielle ne m'avait guère laisser d'illusion quant à l'issue du jugement. "Ash t'a pas dit ? Elle a réussi à m'avoir le meilleur cabinet d'avocats de la ville. Et devine qui ils m'ont envoyé comme stagiaire ?" Quelques secondes de suspense et je lâchais le morceau : "Gabrielle." révélai-je donc avant de poursuivre : "Ils ont de lourdes preuves contre moi apparement. Je sais pas comment ça se fait, j'ai rien fait Lucky je t'assure." C'était juste inexplicable. Et y penser me faisait bader à fond. Je préférais d'ailleurs revenir sur un autre sujet, bien plus plaisant : Ashleigh Strauss. "J'ai pas trop compris ce que tu as voulu dire l'autre soir au fait..." Entre la frénésie d'avoir tout le monde en ligne, le bruit ambiant du bar, je n'étais pas certain d'avoir bien saisi ce que la brune avait voulu dire par 'mordu'
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Pas un grand acteur, encore moins un bon menteur, mon –ça va- n’avait pas eu l’effet convaincant escompté. « C’est pas toujours drôle ici, mais t’inquiète… » soufflai-je pour revenir plus vite sur un sujet plus important : elle et sa santé. Prudence et avertissements, voilà ce que je lui soufflais et elle me confia alors en pas être douée en la matière puisqu’elle avait pris un coup de froid. « Je vous vois bien tous picoler à flot au chaud dans le bar, vous réchauffer avec les coktails du coin, et sortir ensuite pas assez couverts dans le froid... » Ouais, je les voyais trop, parce qu’en fait c’était clair que si j’avais été du voyage, j’aurais été dans le lot de ceux qui après avoir levé un peu trop du coude, aurait oublié la doudoune pour sortir et rejoindre le club pour l’after. « Soigne toi bien. » soufflai-je avant qu’elle ne prenne des news de l’enquête et du procès. Je confiais donc l’identité de la stagiaire que le cabinet avait mis sur mon cas. « Je dirais pas la poisse, tu sais, Gabrielle a beaucoup de défauts, mais au moins elle a été super cash et franche, et je sais qu’elle va pas me faire de cadeau et me laisser me bercer d’illusions. » Peut être que j’avais besoin d’un interlocuteur comme ça aussi. Pour me faire voire la vérité en face, moi l’éternel optimiste qui voulait toujours voir le bon côté des choses. « Elle m’a dit que je risquais de prendre lourd. » Une longue longue peine… « Je ne sais pas comment cette drogue s’est retrouvée chez nous, je vois pas qui y trouve un quelconque intérêt… La coke a été saisie, je me suis viré d’Havard, à part faire parler, et ternir la réputation d’Harvard et de la mather, quel aurait été le but ? » Je n’arrivais pas à adhérer à la théorie du complot, trop honnête que j’étais. Bref, passons à plus intéressant, passons à Ash. Je voulais comprendre les sous entendus de sa meilleure amie et elle m’expliqua que dans son coma, elle avait pu déceler des choses, qu’Ash ne lui avait parlé que de moi, qu’elle était donc persuadée que la jeune femme avait des sentiments pour moi… Un sourire étira mes lèvres quelques secondes, sourire qui se fana en entendant le prénom de Darren, de son pseudo mec. « Pourquoi elle ferait semblant d’être avec lui alors ? A quoi ça servirait ? Qu’elle mente comme ça à tout le monde ? » Peut être qu’à moi, encore, elle pourrait me faire croire ça pour m’éloigner, parce qu’on savait que les trucs de couples, les sentiments et tout le blabla, ce n’était pas son truc à Ash, mais pourquoi essayer de faire croire ça à Lucky ? « Et si y’avait un vrai objectif là dessous ? Un vrai but ? Quelque chose qui nous dépasse toi et moi ? Est-ce que je vais pas tout faire foirer moi ? A m’accrocher comme je le fais ? » Je devais avouer un truc à mon interlocutrice et lui demander un service au passage : « J’ai écrit une lettre à Ashleigh dans laquelle je lui avoue que… enfin tu sais, dans laquelle je dévoile un peu trop mes sentiments. Elle a du arriver au loft là. Faudrait que tu la choppes Lucky, avant qu’elle ne la lise. Je veux pas la mettre en porte à faux vis à vis de Darren ou quoi. Je veux pas qu’elle se sente mal vis à vis de moi, qu’elle se croit obligée de répondre quelque chose par ‘pitié’ parce que je suis incarcéré. Je crois juste que c’est pas notre moment. » Peut être qu’il viendrait plus tard, peut être pas… Peut être qu’Ash et moi on n’était juste fait pour être amis au final.
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Je rigolai quand Lucky parla de ‘coloc’ « Tu sais qu’on dit plutôt co détenu ? » Enfin j’aimais bien l’idée, ça donnait un côté moins ‘prison’ le fait de l’appeler coloc. « Il est sympa. On l’a surnommé Scofield avec Ashleigh, parce qu’il a des tatouages partout. Mais en vrai il s’appelle Rodrigo. » Et j’étais plutôt content d’être tombé sur quelqu’un comme ça. Tête de tueur, flippant, peu loquace, mais au final il n’était ni violent, ni agressif, et plutôt calme… Je m’en sortais bien. « Mais je me suis retrouvé au milieu d’une baston hier, c’était… pas beau à voir. Heureusement un détenu est venu à ma rescousse… » Un certain Camille. « Je crois qu’il y a des gens bien ici, malgré les crimes et délits dont ils peuvent être accusés. » Y’avait surement des innocents accusés à tord, comme pour moi d’ailleurs… Mais je préférais bien vite orienter la discussion sur des thèmes plus joyeux et les imaginer qui s’amusaient tous ensemble, ça, c’était chouette. Lucky fit renaitre mon sourire en m’affirmant qu’elle aurait aimé que je sois avec eux. Je lui fis promettre de prendre soin d’elle, promesse qu’elle accepta en échange de la mienne de tenir le coup et ne pas désespérer. « Promis… » soufflai-je en souriant. Enfin, facile à dire moins à faire. Parce que voilà, depuis mon entretien avec Gabrielle, j’étais un peu plus lucide quant à mes ‘chances’. Je confiais tout cela à mon interlocutrice, mon soulagement en quelque sorte d’avoir quelqu’un qui me connaissait et qui, langue de vipère certes, n’était pas du genre à faire de cadeau. Au moins avec mon ex, j’avais le droit à la vérité, sans pincettes. Mais Lucky souligna que peut être, elle n’était là que pour m’enfoncer. « Elle bosse pour le meilleur cabinet de la ville sur mon cas, je pense que ça ne sera pas dans son intérêt… » Si elle voulait marquer des points auprès des avocats qui l’encadraient… Puis je sais pas, c’était Gab. Malgré tout, malgré notre histoire bancale, malgré l’attachement à sens unique, malgré les innombrables déclarations restées sans suite, j’aimais croire au fond de moi qu’elle tenait quand même un peu à moi… Un tout petit peu au moins. « On verra bien… De toute façon, c’est entre les mains des juges et des avocats désormais. » L’idée d’un complot, d’un coup monté, je l’avais déjà entendu de la bouche d’Ash ou même de Rhia, et pourtant… Pourtant j’arrivais pas à y croire. Parce que simplement je ne me voyais pas quel serait l’intérêt de quiconque de m’envoyer moi, Denys Zacharias, l’un des étudiants les plus anonymes du campus, derrière le barreau. J’étais un gars sans histoire, sans ennemi, contre la violence, à la rigueur un peu trop fêtard, seul point qui pouvait m’attirer certaines foudres et encore… Lucky pensait que la mather était visée. « J’aurais du choisir la cabot house, je le savais… » plaisantai-je alors avant de rire, histoire de dédramatiser un peu cette discussion qui prenait définitivement un tournant trop pesant. Mais le sérieux revint rapidement. Parce que je voulais en savoir davantage sur Ashleigh, sur ce que Lucky avait sous entendu lors de notre échange quelques jours plus tôt. Et si la jeune femme était persuadée des sentiments de sa meilleure amie pour moi, ça me laissait dubitatif sur ce couple, faux couple, ce cinéma. A quoi ça rimait ? Et surtout pourquoi Ash mentirait-elle à Lucky ? Au pire, si ça n’avait été qu’une histoire de peur, de crainte, elle l’aurait mis au parfum du numéro et lui aurait surement interdit de m’en parler. C’était quelque chose qui dépassait ça, qui nous dépassait, quelque chose de plus grande ampleur surement, pour qu’elle s’interdise ainsi de nous en parler. « Je veux pas que ça lui attire des ennuis c’est tout… » affirmai-je quant au fait d’éventuellement arrêter de m’accrocher. Ce n’était pas comme si j’avais trouvé un bouton stop pour arrêter de l’aimer. Ca restait Ashleigh. Ca ne pouvait pas s’étouffer aussi facilement, ce que je ressentais pour elle. Mais peut être que ça serait plus simple pour elle, pour jouer sa comédie de love story, si je n’étais pas sans cesse là, à lui rappeler combien je tenais à elle. Comme dans ma dernière lettre. J’avouai, un peu sur la retenue à Lucky, que j’avais écris à Ash et que je m’étais un peu livré, lui demandant d’intercepter le courrier, mais c’est sur le sujet des lettres qu’elle reprit, s’étonnant de ça. Ha oui, c’était vrai qu’Ash avait dit qu’elle n’en parlerait pas, de ces lettres, pas même à sa BF. « J’ai le droit qu’à un coup de fil de quelques minutes par jour, je dois appeler mes parents, mes frères, pour ne pas qu’ils se doutent de la situation comme je ne les ai pas mis au courant… En plus, je dois aussi appeler d’autres amis. Du coup, j’arrive à n’avoir Ashleigh au téléphone qu’une ou deux fois par semaine, c’était pas assez. Alors oui, on s’est peut être envoyé quelques trucs… » Minimisons la chose, le contenu de ces courriers n’étant en rien résumable à ‘quelques trucs’. « Mais la dernière, faut pas qu’elle la lise… J’ai déconné. Je lui en ai trop dit. Je veux pas qu’elle se sente forcée de quoi que ce soit en retour, ou que ce qu’elle prévoit avec ce gars, ce Darren, soit compromis par ma faute. Je préfère que tu choppes la lettre et détruis la. J’aurais pas du l’envoyer. »
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