Jadham ♦️ Bittersweet memories.

Ce soir, c'était un peu comme le grand soir. J'étais à la fois très tendue et très excitée à l'idée que Jadèn venait manger à la maison pour la première fois depuis que l'on s'était retrouvés. Depuis, on avait échangé quelques sms de temps à autre pour savoir ce que l'on faisait l'un l'autre et puis aussi pour pouvoir organiser ce rendez-vous finalement. C'était lui qui avait choisi la date, comme à chaque fois. C'était une habitude. De mon côté, je m'étais simplement chargée de préparer quelques trucs à manger. Rien de bien sophistiqué mais travaillé tout de même. Mais le plus important aujourd'hui, c'était que j'avais pris le temps de me préparer. J'avais pris un bain pendant de longues minutes, j'avais ensuite enfilé une robe des plus sexys, je m'étais maquillée légèrement et finalement, je m'étais assise dans le canapé, prête à le voir arriver d'une minute à l'autre. Il m'avait dit qu'il pensait arriver vers vingt heures alors j'avais encore le temps de traîner un peu et de regarder la tv en mode détente car dans quelques minutes, j'allais être beaucoup plus tendue que maintenant. Je ne voulais pas montrer à quel point j'avais hâte qu'il vienne. J'avais même demandé à Madi, ma coloc', de me laisser l'appartement ce soir. Parce que c'était important pour moi et parce que je ne voulais pas tout gâcher encore une fois alors, lorsque j'entendis sonner, je pris le temps d'aller jusqu'à la porte, lui ouvrant avec un sourire franc avant de lui dire « hey, vas-y entre. je t'en prie » d'une voix douce et amicale alors que je refermais ensuite la porte derrière lui, ajoutant « ça va ? tu as trouvé facilement ? » d'une voix toujours aussi douce alors que je m'intéressais réellement à ce qu'il avait fait, s'il allait bien et surtout... j'avais envie qu'il se sente à l'aise, comme chez lui...

La journée était passé à une vitesse impressionnante, bien que le rythme boulot – vie social restant un peu le même ces derniers temps. Mais ce soir, tu étais invité à diner et ça faisait bien longtemps que ce n’était pas arrivé. En ce moment, tu laissais des colos s’occuper de toute ça, sauf les soirs ou tu étais de corvée de faisselle. Elles ne te laissaient pas toucher à la cuisine de toute façon, sauf pour nettoyer. Le peu que tu avais tenté de faire, s’est terminé en repas immangeable, ah ça, ils s’étaient bien foutus de ta gueule. La cuisine, vraiment pas ton truc. Tu t’étais préparé trente minutes avant de partir chez son hôte du soir, Naima. Depuis la dernière fois, vous étiez restés en contact, comme s’il ne s’était rien passé, tu avais accepté son invitation sans même te poser de questions. Ils pouvaient très bien restés amis après tout. Et tu ne te faisais pas prier quand on te proposait un bon repas, ça changerait des plats vegan ou healthy de tes voisines de chambre. Une douche et un détour par ton placard plus tard, tu t’apprêtais avant de partir en direction de l’adresse qu’elle t’avait indiquée par sms. Tu ne te doutais pas de l’énorme appartement où elle habitait dorénavant, rien que de rentrer dans le hall te donnait mal aux yeux, trop de miroirs et de marbre partout. D’ailleurs, tu t’étais toujours demandé pourquoi elle avait décidé de faire une coloc, le porte-monnaie de ses parents lui permettait bien plus, comme tout ça. Tu arrives bien vite devant sa porte, tu sonnes à la porte avant de remettre tes mains dans tes poches. Elle t’ouvre la porte quelques secondes plus tard, découvrant l’intérieur, c’était donc là qu’elle vivait maintenant, bien plus confortable que ton appartement. « Tout va bien, et toi ? » tu lui souris, « j’ai trouvé sans problème, tu m’as bien indiqué » ajoute-t-il le plus simplement du monde. Ton regard balaye la pièce avant de se poser sur la jeune femme. « tu es ravissante », impossible de ne pas remarquer à quelle point elle était apprêtée.

J’avais eu du mal à me préparer psychologiquement à l’idée que Jadèn allait venir manger ce soir chez moi. J’étais tendue, j’avais même demandé à Madi de me préparer un café serré pour me préparer à ce qui m’attendait. Jadèn, je l’avais aimé. Fortement. Intensément. Plus que de raison et aujourd’hui, j’étais pratiquement incapable de me séparer de nos souvenirs, de toutes ces émotions contradictoires que je ressentais lorsque je le voyais. J’avais donc pris un temps certain à tout préparer pour que ce soit le plus nickel possible et enfin, j’avais fini par me poser tranquillement sur le canapé en regardant une émission de variété. Madi était partie, j’étais à présent seule dans l’appartement et lorsque l’on sonna à la porte, je sus que c’était lui. Impatiente, j’avais presque couru vers la porte pour lui ouvrir, un sourire plus que radieux aux lèvres. Je ne pouvais pas contenir ma joie ni même le sentiment de bien-être qui venait de m’étreindre doucement le cœur. Jadèn était venu, il était là et on allait manger ensemble. Cela sonnait encore comme un doux rêve pour moi. Je le laissais entrer, lui demandant si tout allait bien et sa réponse me rassura à nouveau. Je lui répondis à mon tour d’un « oui, ça va merci » prononcé d’une voix calme. Pourtant, à l’intérieur de moi, c’était vraiment la tempête. J’avais peur de mal faire quelque chose, de voir cette douce trève redevenir plus que sauvage et pour le coup, je n’en avais pas tellement envie. C’était peut-être pour cela d’ailleurs que je lui demandais s’il n’avait pas eu trop de problèmes pour venir. Cette fois encore, il me rassurait en me disant qu’il avait trouvé très facilement et une fois de plus, je lui répondis « ah c’est parfait alors ! j’avais peur de m’être emmêlé les pinceaux, ça fait tellement pas longtemps que je vis ici, j’me trompe une fois sur deux » d’une voix un peu désolée et amusée à la fois. J’étais maladroite mais ce n’était pas volontaire, loin de là. J’avais jamais su me diriger alors bon. Je le voyais balayer la pièce du regard alors qu’il s’arrêtait enfin sur moi. Le cœur battant la chamade, je l’entendis me dire que j’étais ravissante et mes joues s’empourprèrent presque automatiquement alors que je lui murmurais un « merci » des plus sincères, me retenant d’ajouter que ce n’était que pour lui que j’avais fait autant d’efforts. Quelques secondes plus tard, je lui demandais donc « tu peux me donner ta veste si tu veux, je vais la ranger en attendant » d’une voix douce alors que j’attendais qu’il s’exécute puis, le temps d’amener sa veste jusqu’à ma chambre, je lui glissais un « fais comme chez toi, assieds toi où tu veux, hésite pas » d’une voix tremblante alors que je ne pensais qu’à une seule chose maintenant, rattraper tout ce temps qui nous avait échappé.