Soit osée madame, osée femme, femme fatale et femme brutale.

C'est le week-end, on est vendredi soir, tout Harvard est en ébullition pour sortir. Tout le monde s'habille bien pour draguer, personnellement j'y vais comme je sors d'habitude. Je vais pas changer pour sortir, c'est pas mon truc. Un jeans, une chemise et des converses, y'a que ça de vrai dans la vie. Carte bleue bien remplie, j'ai de quoi passer une putain de soirée, et si je rencontre une jolie fille, je vais pas changer mes habitudes quand même. C'est pour ça que je me suis tatouée "Take me as I am" sur le bas du ventre il y a quelques jours. Premièrement parce que c'est sexy, ensuite parce que c'est vrai. Enfin bref.

Je pars en direction du People's Republik, où je croise pas mal de gens à l'entrée, certains se font refouler alors que moi, même pas besoin de faire la queue, c'est l'avantage de tatouer les videurs. Après, c'est tes potes et quand t'as un soucis, ils viennent t'aider à frapper les gens au lieu de te virer. Si c'est déjà arrivé ? Oui, plusieurs fois, d'ailleurs. J'aime bien attaquer les gens à coups de chaises, surtout quand c'est des mecs relou qui comprennent pas pourquoi t'es lesbienne, pourquoi tu veux pas essayer de le piner dans les chiottes et compagnie. J'ai le sang chaud, c'est comme ça. Je pars directement vers le bar et commande une bouteille de whisky et une de coca, comme d'habitude en fait. Je m'installe à une table et attend que quelqu'un que je connais attire mon regard, ou que son regard soit attiré par moi. Pourvu qu'elle soit douce !

J'adore la discothèque. Tout d'abord, parce qu'on peut s'amuser comme jamais, puis, car on peut faire des rencontres intéressantes. C'est donc habillée d'une jupe en jean, d'un bustier noir dessiné d'un cerisier et des converses noires sur des chaussettes rayées que je me dirige vers le People's Républik, une boite branchée. Une ceinture cloutée, un collier et des boucles d'oreilles à clous complètent ma tenue. Mon habillage léger laisse voir mes deux tatouages : la fleur de cerisier sur mon omoplate et la sirène sur mon mollet. Certaines personnes me critiquent lorsqu'elles voient mon habillage et surtout mes tatouages, mais je m'en fiche. Ça ne me fait ni chaud, ni froid. Et puis, si ça leur plait pas, elles ont qu'à aller se faire voir. Je descends de ma voiture et entre dans la discothèque, sans me préoccuper des regards qui se tournent vers moi. A peine j'entre que la musique retentit à mes oreilles et fait vibrer mes tympans. Hum, du rock. Ils ont bon gout ici. La lumière change de couleur allant du bleu au mauve en passant par le rouge, donnant divers aspects à l'immense salle.

Soudain, alors que je tourne la tête, j’aperçois une fille à une table. Toute seule. Je la trouve assez jolie avec ses cheveux noir de jais tombant autour de son visage aux traits fins. Elle a l'air d'attendre quelque chose. Peut-être qu'on s'assied en face d'elle. Je vais vers le bar et me commande une bière. Puis, je me dirige vers la table de la jeune fille et tire la chaise à moi en disant :

- C'est libre ?

Elle me dit quelque chose. Je crois l'avoir croisée à l’université. Ouais, peut-être.

- Tu t'appelles comment ?

Le DJ avait décidé de nous péter les tympans avec du métal et c'est plutôt le genre de musique que je déteste, je préfère les trucs plus doux, un peu pour tout d'ailleurs. Je bu également mon verre alors qu'elle enlevait sa veste, me laissant voir son bustier légèrement décolleté, un appel pour mes yeux dont j'essayais de garder le contrôle, bien qu'à vrai dire, je pouvais remettre ça sur le motif imprimé.

- En quelles études ? dis-je en souriant. J'aurai préféré être Mather qu'Eliot, plus de fêtes et moins de chichi ! dis-je en riant légèrement.

Pendant un petit temps de silence, je regardais ses yeux, ses lèvres, rapidement son décolleté et ses mains. Pourquoi les mains ? Parce que je suis une artiste, autant musicienne que dessinatrice et tatoueuse, du coup, j'adore regarder les mains des filles, car je pense qu'on peut apprendre beaucoup de choses sur la personne. Ceci dit, elle a des yeux sublimes et des lèvres qui ne demandent qu'à être embrassées. Si à ce moment précis j'ai envie ? Oui. Mais ça attendra un petit peu.

- Je ne me demande même plus d'où ça vient. Tout le monde sait que la plupart des Eliot sont des vraies langues de pute, sauf ceux qui n'ont pas ça dans le sang, comme moi.

Je souriais et tirais sur ma clope, ne soufflant plus la fumée en l'air, autant rester naturelle. Je battais mon pied au sol au rythme de la musique, qui passait du métal à un rock plus doux, comme je préfère, tout en continuant de la regarder jouer avec son collier.

- J'en ai une vingtaine, donc j'adore ça. dis-je en souriant. Tu veux te faire quoi dans le bas du dos ? Tu peux venir me voir moi, c'est mon boulot en dehors des études.

Je la regardais en souriant, arrangeant encore ma mèche qui se baladait sur mes yeux. Je lui fis signe de s'asseoir à côté de moi pour mieux entendre ce qu'elle dit, puisque la plupart des Eliot arrivent et qu'ils allaient foutre le bordel sur la piste, demandant du David Guetta ou je ne sais quoi, et qu'ils allaient hurler comme des putois pour clamer leur supériorité grâce à leur argent.