We could burn together (asra)

La tête penchée au dessus du buffet, tu admirais l'étendu de nourriture face à toi. Il fallait dire que depuis ton retour des Bermudes, tu appréciais que plus la beauté des fruits, du riz, et de tout ce qui pouvait te rassasier. Sans plus attendre, tu remplis ton plateau d'aliments divers et ne fis pas attention au mec qui te scrutait du regard depuis tout à l'heure. Il semblait étonné de la quantité que tu prenais vu ta petite taille. Mais tu t'en fichais. Tu te retournas pour chercher une place et aperçus non loin de là Asra, en train de manger seule. T'hésitas un instant. Vous ne vous étiez pas retrouvées toutes les deux depuis des semaines. Principalement parce que tu l'avais évité après votre retour du spring break, dans l'espoir de ne pas la croiser aux côtés d'Ezio. Et après leur rupture, tu n'avais pu t'empêcher d'y repenser. Tu finis par hausser les épaules et avanças jusqu'à la Eliot, mettant ta jalousie de côté. Puis merde, t'avais envie de passer un moment avec elle. Ton plateau entra en contact avec la table, manifestant ta présence à la brune. Tu lui offris un sourire sincère « Je peux ? » demandas-tu.

@Asra Osborne

Le regard plongé dans ton plat, tu fais tournoyer ta fourchette dans ce dernier, l'air pensive. Tu t'es installée seule à ta table, loin de tous et loin de tout, une énième fois t'affichant solitaire à ce voyage en Thaïlande. Non, t'es pas seule parce que t'en a envie mais parce que jusqu'ici, tu t'es pas vraiment sociabilisé avec le petit monde. T'en ressens pas le besoin, puisque t'es quand même à l'autre bout du monde et que cet autre bout du monde te satisfait très bien à lui tout seul. La brise de l'inconnu, ça t'excite et t'en apprends pas mal sur cette culture qui t'a toujours échappée et ça te rassasie amplement. Puis c'est l'entrée en contact d'un plateau contre la table sur laquelle tu es avachie qui t'as fait presque sursauter tant tu es plongée dans tes pensées, tout comme ton regard est toujours bêtement plongé dans ton assiette de riz mélangé inintentionnellement à du poulet au curry. Tu hausses alors ton regard vers cette voix qui t'est non seulement familière mais qui semble t'interpeller, alors t'esquisses un sourire. « Je pense que tous ceux qui sont actuellement entrain de déjeuner sur cette table sont d'accord et étant donné qu'il n'y a en fait que moi ... bien sûr ma belle, installes-toi ! » t'empresses-tu d'acquiescer tandis que tu diriges ton regard vers la jolie blonde. Tandis qu'elle semble s'installer tu agrippes rapidement tes couverts, te rappelant à quel point Anja est loin d'être tabou au sujet des carnivores et tentes de recouvrir ton bout de poulet avec ton riz tout en tentant de faire diversion en la regardant bêtement, tout sourire. Puis tu lâches tes couverts pour poser tes deux coudes sur la table, aux extrémités de ton plateau et reprends un air plus sérieux. « On s'est pas vraiment croisées depuis ton anniversaire, tout va bien de ton côté ? » lui questionnes-tu, assez inquiète à son sujet. En fait ces derniers temps tu te révèles assez inquiète pour tous tes proches, pour tout ce qui t'entoure tandis que rien ne se trame. Tu te doutes bien que la Quincy se tient pour le mieux, sinon autrement tu aurais été mise au courant mais avec Soledad qui continue d'ignorer tes messages, tu commences à croire que t'éclipser en Asie n'est peut-être finalement pas une bonne idée.

Tu rigolas à sa petite tirade concernant la soit-disant compagnie qu'elle avait à sa table et t'installas face à elle sans plus attendre après qu'elle ait accepté que tu poses tes fesses avec elle. Pendant que tu enlevais ta veste, tu la surpris en train de cacher son poulet sous une montagne de riz, ce qui te fit arquer les sourcils puis rire. « Tu sais, avec toute la viande que mange Noora, ce n'est pas quelques morceaux de poulet qui vont m'énerver ou quoi. » dis-tu, légère. Tu n'avais pas de soucis à voir les autres manger de la viande, chacun était libre de faire ce qu'il désirait. Tu n'avais jamais été de celles et ceux qui imposaient leur opinion à qui que ce soit. Puis, la Eliot souleva le fait que vous ne vous étiez que peu croisées depuis ton anniversaire, et tu ne pouvais la contredire. Ton mois d'avril était des plus mouvementés. Entre l'arrivée de Torb, la tension que ça avait installé avec Ezio, ton voyage aux Bermudes qui s'était révélé être une catastrophe et maintenant ton voyage avec les Eliot... Tu pris tes couverts et commenças à couper tes aliments en même temps que tu prenais la parole « Ça va. Torb est toujours à mon appartement donc on peut profiter de l'un et de l'autre. Mais ma main a toujours du mal à se remettre de mon voyage aux Bermudes. » dis-tu en soulevant ta main pour qu'elle puisse la voir. On pouvait y voir un pansement qui cachait la cicatrise que le bout de verre ainsi que ton opération avait laissé. « Et toi ? Comment tu vas ? » demandas-tu en reposant tes couverts, attentive.

Tu prends ta fourchette pour ainsi venir goûter les grains de riz avec lesquels tu as recouvert ta viande, tandis que ton amie te rassure qu'elle ne te sautera pas dessus pour le modeste bout de viande que tu t'es servi tant cette dernière est habituée à voir Noora s'en empiffrer. Tu es pas forcément gênée par ton geste mais t'échappes tout de même un petit gloussement nerveux et en profites pour t'excuser. Alors que la Quincy semble elle aussi se mettre à déjeuner, elle te rassure en te confessant qu'elle va bien ce qui en fait t'étonnes pas du tout, te confessant également le bonheur que lui procure le retour de son petit ami pour finalement en venir à la blessure qu'elle s'est faite à la main, tandis que tu te mets à t'approcher d'Anja pour y voir plus clair « Oh merde, ça a l'air d'être assez sérieux. Fais attention à toi ma belle surtout, faudrait pas s'amocher hein. » observes-tu un peu inquiète avant de te rasseoir correctement. La blonde te demande à ton tour comment tu te portes et honnêtement, sur le coup tu sais pas trop quoi répondre. Pour le moment, tu n'as pas vraiment envie de te confier sur le cas de Soledad plus que tu ne l'as déjà fait. Du coup, t'improvises un peu. « Je vais bien également. J'essaie de prendre du bon temps autant que je le peux en m'éclipsant de Boston pour la Thaïlande, ne serait-ce que quelques instants. » lui expliques-tu. Tu fais tourbillonner ta fourchette dans ton plat, sans sachant quoi ajouter « Ah et je viens de rompre avec mon mec, si puis-je dire. Mais t'inquiète pas, c'est sûrement pas ce que tu crois et je me porte très bien vis-à-vis de cette pseudo-rupture. » déclares-tu en te pouffant de rire à peu près à toutes les syllabes qui s'échappent de tes lèvres. Une fausse rupture pour un faux couple, avec de faux sentiments. Enfin non, n'exagérons pas tout de même mais tu ne peux pas nier qu'il n'y avait pas de réels sentiments entre Ezio et toi. Il y en avait, mais maintenant c'est plutôt une putain d'attirance physique qui t'a au final poussé à coucher avec ton meilleur pote, ou ton ex sous certains aspects, mais c'est de l'histoire ancienne tout ça. Puis même si tu t'en veux un peu d'avoir utilisé cette manigance pour pouvoir passer du temps avec le Mather — ce qui faisait bien longtemps — t'as dans un premier temps voulu rendre service à ton bon ami dans sa conquête amoureuse. Si t'es pas adorable, franchement.

La réaction d'Asra te fit sourire. Oui, ta blessure avait été assez sérieuse compte tenu du fait qu'elle avait commencé à s'infecter avant que les secours n'arrivent. Mais à présent, tout était presque revenu à la normale. Tu n'avais plus qu'à mettre de la crème régulièrement sur ta peau encore fragile et en reconstruction mais au-delà de ça, tu n'avais plus de vertige, plus de sueur froide. Tu lui retournas donc la question, curieuse de savoir comment elle se portait de son côté tout en espérant que sa vie soit moins compliquée que la tienne et elle t'assura prendre du bon temps en Thaïlande, bien loin de Boston. Tu ne pus retenir un sourire, ne pouvant être que d'accord avec elle. C'était la première fois que tu venais en Thaïlande et l'air, l'atmosphère, étaient bien différents de celle en Amérique. Tu respirais presque à nouveau. Puis, sans que tu ne t'y attendes, elle aborda sa rupture avec Ezio. T'étais figée, la fixant alors qu'elle avait les yeux sur sa fourchette. Pseudo-rupture ? T'arquas un sourcil. La Eliot venait de piquer ta curiosité encore plus. « Pseudo-rupture ? Je t'avoue ne pas très bien comprendre ce que tu veux dire par là. » avouas-tu, cachant ta bien trop grosse envie d'en savoir plus. Montrer un peu trop d'intérêt à Asra pour son couple avec Ezio risquait de lui mettre la puce à l'oreille concernant ta relation avec l'italien mais, pour le moment, tu ne cherchais pas plus loin que de comprendre.

Toujours en train de déguster la fameuse tradition thaï que tu t'es servie, tu restes sur tes propos à l'égard de ta rupture avec Ezio, que tu as qualifié de « pseudo » rupture. Un adjectif qualificatif qui n'a que titiller ton amie Anja qui se tient face à toi visiblement. Tandis que tu déglutis, tu plaques des mèches rebelles obsidiennes derrière tes oreilles pour que ces dernières ne trempent pas dans la sauce au curry qui noie tes morceaux de viande, puis tu diriges ton regard vers la Quincy qui elle t'observe toujours avec un air interrogateur. « Ce que je veux dire par là, c'est qu'on était pas vraiment en couple. Il y avait quelques sentiments certes, mais sans plus. » lui expliques-tu dans un premier temps. Tu agrippes ta serviette que tu avais déposé sur tes genoux et t'essuies la bouche avec, avant de reprendre le cours de ton explication « On s'est mis en couple parce que Ezio voulait rendre jalouse une fille qui lui trottait dans la tête, et en tant que bonne amie et par la même occasion bonne Eliot, j'ai accepté de l'aider pour arriver à ses fins. En fait, c'était même mon idée pour le faux couple. ». Ayant tout expliquer à ton amie, tu replonges ton regard ainsi que ton attention vers ta bouffe et prends une noble fourchette de riz. Tandis que t'es décidée à en prendre une seconde, tu remarques qu'Anja ne te répond pas et en redressant tes prunelles aux tiennes, tu en conclus que cette dernière est restée de marbre. Tu pensais la rassurer en lui expliquant le pourquoi du comment mais ton amie semblait d'autant plus chamboulée. Tu lui pris alors la main. « Bah dis-donc, fais pas cette tête ! Je te dis que je ressentais rien de sérieux pour lui ... », tentes-tu de la rassurer aussitôt tandis que tes dires semblent inefficaces.

T'avais l'impression que les secondes étaient des heures. L'attente pour avoir l'explication d'Asra te semblait juste... interminable. Pourtant, l'Eliot ne mit par longtemps à reprendre la parole pour t'expliquer la raison pour laquelle elle avait utilisé le terme pseudo-couple. Elle t'apprit que leur idylle avait été loin de l'idée du couple amoureux comme tu avais pu imaginer. Non juste une histoire de quelques sentiments. Après tout, t'étais pas si étonnée, on parlait tout de même d'Ezio, le mec qui ne savait sûrement pas épeler le mot je t'aime. Tu hochas la tête à ses dires, pour montrer que tu l'écoutais, la suivait dans ses explications. Tu vas même jusqu'à poser ton coude sur la table pour installer ton menton dans ta paume de manière à trouver une position confortable pendant sa petite histoire. Et enfin, la belle brune lâcha la bombe. Un faux couple. Devais-tu sauter de joie ou rire jaune ? Non seulement il n'y avait rien eu de sérieux entre eux deux, mais en plus tout cela n'avait été qu'un beau mensonge. Mensonge auquel tu avais malheureusement cru... Et auquel tu croyais encore jusqu'à maintenant. T'étais rassurée de savoir que ton amie n'était pas vraiment amoureuse du mather. Sans t'en rendre compte, tu n'avais toujours pas réagi à son explication et étais même rester de marbre. Le contact de sa main sur ta peau te fit presque sursauter et tu souris à ses paroles. « Non excuse moi, j'étais en train de me dire qu'il fallait vraiment être idiot pour croire qu'on pourrait avoir une fille en sortant avec une autre. » répondis-tu en souriant, amusée. Tu ne savais pas si tu étais celle qu'Ezio avait voulu rendre jalouse mais si c'était le cas, ça avait marché malgré qu'il te serait difficile de l'admettre. « Et tant que toi, tu le vis bien et le prends bien, c'est le principal. » ajoutas-tu accompagnée d'un sourire sincère. Sacré Scorsese.

Anja semble enfin réagir à tes explications, ce qui te rassure pas mal dans un sens puisque la Quincy est restée de marbre pendant quelques instants. Ton amie est du genre cœur sur la main et ça t'étonnerait pas qu'elle se mette à s'inquiéter pour toi pour un rien. Donc tu voulais simplement t'en assurer. À vrai dire, elle est même assez amusée dans ses paroles avant de t'esquisser carrément un grand sourire. « On va dire que je voulais aider mon vieil ami. Puis, ça me flatte dans un sens qu'il me choisisse moi pour rendre jalouse les meufs qu'il veut se faire. Après, c'est Ezio Scorsese. Rien de bien étonnant dans cette manigance, j'ai envie de te dire. », lui expliques-tu en goûtant cette fois-ci à la douceur exotique que tu t'es servie pour le dessert. Tu tourbillones ta petite cueillière dans l'assiette, l'air pensive. « Je me demande quand même qui ça peut bien être, la fameuse fille pour laquelle il élabore carrément des stratagèmes pour se retrouver avec. Il a pas besoin de ça pour faire tomber des meufs. » te questionnes-tu finalement à toi-même. Le Mather a tout de même tout pour plaire, notamment ses fameuses expressions italiennes auxquelles il aura toujours recourt. Et sa façon de les siffler, ça fait tomber plus d'une gonzesse, ça t'en es persuadée. Surtout qu'il a sûrement déjà exercé cette technique sur à peu près tout Harvard ? Tu plonges ton regard dans celui d'Anja et une question te trotte soudainement dans la tête, « D'ailleurs, je te parle de ce Mather mais seulement le connais-tu ? Parce que c'est sûr qu'il est pas du genre à se fondre dans la masse mais bon je me dis que t'es pas non plus sensée connaître tout Harvard quoi. ». Tu es un peu perdue sur l'identité de la fille qu'Ezio voulait à tout prix rendre jalouse, et soudainement tu as extrêmement envie de le savoir. Au début, tu croyais que c'était Noora, ton amie d'enfance puisque le Mather t'avais confirmé par SMS que c'était bien pour lui demander un renseignement qu'il était venu chercher à cette fichue chambre d'hôtel lors du Spring Break, mais tu n'en croyais pas un mot puisque Scorsese était bien plus chaud que s'il était simplement venu demander la date d'une fête à un confrère. Surtout que justement, il pouvait très bien demander ces infos à la personne directement par SMS, comme tout le monde le ferait quoi. Mais maintenant tu doutes et tu te dis que cette « fameuse fille » est bel et bien l'une des filles avec lesquelles tu cohabitais lors du Spring Break de cette année. Tu comptes bien mener l'enquête.

Entendre Asra parler de cette manière d'Ezio te donner presque des hauts le cœur. Tu les avais vu proche, complice, et un sentiment désagréable t'avait frappé à plusieurs reprises malgré tes efforts pour le réprimer. L'Eliot était flattée que l'italien ait pensé à elle pour jouer ce jeu à ses côtés et ça te donnait envie de rire. A croire que c'était un réel honneur pour elle, alors que toi, tu n'y voyais rien de bon. Peut-être était-ce parce que cette manigance t'avait fait connaître des sauts d'humeur ainsi que des émotions que tu aurais préféré ne pas ressentir. Puis cette... jalousie que tu avais eu à l'égard de ton amie t'avait vraiment déplu, te mettant dans des situations parfois délicates. Puis elle sembla réfléchir à pourquoi. Pourquoi est-ce qu'Ezio en était arrivé à ce stratagème pour avoir une fille, précisant que ce n'était pas vraiment dans ses habitudes de ne pas obtenir ce qu'il voulait avec les nanas. T'haussais les épaules, le regard sur ton plateau en faisant mine d'hésiter entre deux aliments. La réputation du mather n'était plus à refaire : c'était une séducteur et tout le monde le savait, toi compris. Et bien qu'à l'origine tu n'avais pas compris cet engouement autour de sa beauté et sa nonchalance irrésistible, tu commençais -à ton grand regret- à comprendre petit à petit. Parce que t'y succombais. Tu te l'étais longtemps cachée mais ton séjour sur l'île déserte t'avait aidé à faire face à certaines choses, et Ezio en était une. Puis, Asra te coupa dans tes pensées en te demandant si tu le connaissais. « Oh, de nom surtout. Tu sais, la plupart des mathers savent se faire voir dans tout Harvard. » dis-tu en rigolant, sous-entendant leur côté fêtard un peu trop bruyant. Si vous, les Quincy, vous aviez tendance à rester en dehors de tout problème, les Mather (tout comme les Eliot) étaient souvent la source des embrouilles. Tu changeas ensuite de sujet, peu désireuse de parler d'Ezio plus longtemps.

END