Ezéchiel - Give me love...

Je n'en revenais pas. Il avait oublié. Comment avait-il pu oublier ? Je lui avais bien dit ce matin "Ezé, ce soir ne rentre pas tard, il faut que je te parle, je préparerai un bon dîner" Il avait dit qu'il serait là. Mais il a oublié. Et pourquoi ? Ou plutôt pour qui ? Avec qui pouvait-il être ? Une femme. C'était sur. Il m'avait oublié pour une femme. Et vu l'heure qui défilait sous mes yeux, il devrait être en bonne compagnie...

J'avais fait énormément d'effort pour lui ce soir. Je lui avais préparé son repas préféré. Je lui avais même fait son dessert favori alors que j'avais beaucoup de mal à le faire. J'avais mis une de mes plus jolie robe. Je m'étais soigneusement coiffée et maquillée. Et tout ça pour quoi ? Pour qu'il m'oublie avec une autre... Qu'est ce que je pouvais être conne... Je m'attendais à quoi là ? Il ne m'aime pas. Il n'a aucun sentiment pour moi. Et moi ? J'avais prévu de lui avouer que je l'aime ce soir ! Mais qu'est ce que je peux être pathétique parfois...

J'avais allumé des bougies qui avait fini de fondre. J'avais attendue une demi heure, puis une heure, puis deux. Je suis finalement restée figée là, à table, devant le repas que j'avais eu tant de mal à lui préparer. J'avais fini par mettre un long gilet par dessus ma belle robe car j'avais froid. Je n'avais même pas eu un sms ou un appel pour me dire qu'il serait en retard ou même absent ce soir. Rien. Aucune nouvelle. Il ne devait pas être en mesure de me répondre. Il devait surement être dans les draps d'une autre. Et s'il passait la nuit avec elle ?

Cette pensée me provoqua un élan de rage. En larmes, je jetais les assiettes au sol qui se brisèrent dans un fracas terrible. Reprenant mon souffle, je me baissais pour ramasser les dégâts que ma jalousie avait causé. Je ne me reconnaissais plus. Cette situation me poussait en dehors de mes retranchements. Je me coupais alors avec un morceau d'assiette. Un large flot de sang jaillit alors entre mes doigts. Ça fait mal. Super mal. Mais pas autant que lui...

C'est alors que, n'ayant même pas eu le temps de nettoyer ma blessure, je me raidis instantanément. Un bruit venait de me faire frissonner et me donnait des sueurs froides. Il était là. Il venait de tourner la clé dans la serrure. Et je restais plantée là, à attendre qu'il passe la porte, entre souffrance et soulagement.

EXORDIUM.

Et voilà, il était là, devant moi et je fondais encore une fois pour son sourire, son si beau sourire... J'aurais tellement voulu tout oublier et passer au dessus du fait qu'il m'ait encore oublié... J'aurais tellement voulu qu'on mange ce bon diner et que j'arrive à lui avouer mes sentiments. Mais il faisait comme d'habitude, comme si de rien était. Et ça me rendait complètement folle. Il essayait de me faire rire puis, voyant ma blessure, il décida de m'aider. Mais j'en voulais pas de son aide, putain ! Il n'avait même pas pris le temps de s'excuser ou du moins d'inventer une excuse. Je le repoussais alors qu'il était en train de nettoyer le sol, lui arrachant la brosse qu'il avait dans les mains: "C'est bon, je peux me débrouiller seule." Une pointe d'agressivité s'était perdue dans ma voix malgré moi. Je ne voulais pas être méchante mais c'était plus fort que moi. Je ramassais moi même les bouts de verre en faisant une grimace: ma coupure me faisait mal. Je me levais pour mettre les morceaux brisés à la poubelle puis pour me passer la main sous l'eau. Je lui tournais alors le dos. Tant mieux. Ce serait plus facile pour moi de lui parler sans le regarder dans les yeux. J'avais trop peur de sa réponse. J'avais trop peur de ce qu'il allait me dire. Je respirais un grand coup, les yeux toujours noyés de larmes et me lançais, la gorge nouée: "Alors ? T'as passé une bonne soirée ? T'étais où?"

EXORDIUM.