Appel Hippo vers Lucky

Bien que je passe mon temps à batifoler, à boire pour oublier mes maux, il n'en restait pas moins que je devais aussi me fourrer le nez dans mes révisions si je ne voulais pas redoubler d'année. Et croyez-moi, je préfère nettement être dans une boîte de nuit plutôt que devant mon bureau à étudier stylo dans la bouche. Putain, je n'arrivais pas trop à suivre malgré ma concentration, j'avais envie de laisser tomber et me coucher. Bientôt j'aurais un mal de crâne vous m'voyer, tant bien que je m’ébouriffe les cheveux en grognant et en déposant mon stylo, reprolongeant mon nez dans mes livres lorsque la sonnerie de mon portable retenti. J'attrape rapidement l'objet sans regarder qui s'est, puis le plaque sur mon oreille pour répondre. Allô ! De toute façon, la personne au bout du fil ne pouvait qu'être l'un de mes proches pour me sonner à cette heure.

Ce soir, éprise par mes révisions, je m'attendais à tout sauf à recevoir un coup de fil de la part d'Hippolyte. Alors quand j'entends sa voix au bout du combiné, je laisse tomber mon stylo. J'ai dû mal entendre n'est-ce pas ? Pourtant, c'est face à son silence que je me rends compte que c'est bien elle, sa voix que j'aurais voulu ne jamais plus entendre et surtout pas en ce moment. Mon sang ne fit qu'il tour, mais il fallait lui faire face, il fallait que je continue mon petit jeu, comme quoi, j'avais alerté les policiers et bientôt, elle finira derrière les barreaux. Comment tu oses m'appeler ? J'ai perdu mon bébé par ta faute, alors comment tu fais pour te regarder dans une glace après ça ? Comment tu dors en sachant que tu as privé une mère de voir son gosse venir au monde ? Comment tu fais pour être tranquille alors que t'as ôté une vie ? Il n'avait rien demandé ce gosse, rien du tout. J'aurais même fait en sorte qu'il ne les gêne pas. J'aurais tout fait pour qu'ils oublient sa présence ou qu'ils ne la sente pas.

Les mots que sortaient la blonde me surprenaient et pas qu'un peu, je restais même bouche bée, ne comprenant pas vraiment où elle voulait en venir. Loin de moi, l'idée que la grande Hippolyte pourrait un jour regretter pour ma personne. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens comme une détresse dans sa voix. C'est pas comme ça qu'elle a l'habitude de me parler. Elle qui avait l'habitude de me prendre de haut, de se moquer de ma personne et de me traiter de tous les horribles insultes qui puisse exister alors qu'elle ne connaît absolument rien de moi. Rien et pourtant, elle aimait bien me rabaisser. Tout ce qu'elle avait souhaité, c'est que je quitte son meilleur ami, que je le laisse tranquille et que je ne m'y approche plus, alors maintenant que c'était fait, pourquoi me laissait-elle pas tranquille à son tour ? Me mordant la lèvre, je réponds toujours aussi surprise par la connotation de sa voix. Pourquoi ? Pourquoi as-tu besoin de cette conversation Hippolyte ? Que veux-tu de moi que tu n'as pas encore eu ? Je t'ai tout rendu. Ton meilleur ami, sa liberté, son gosse RIP, alors que veux-tu de plus ?

Ma paume se resserre sur mon ventre agrippant mon chemisier lorsqu'elle avoue m'avoir tout pris. J'ai dû mal à ouvrir ma bouche parce qu'elle me ramène à cette réalité que je voudrais plus que tout, oublier. Je n'ai pas eu la chance d'une mère de voir son bébé naître et quelle cruelle réalité de me dire que je ne le verrais jamais. À part les échographies, je ne saurais jamais à qui il ressemblait et c'était mon tout premier bébé en plus, le seul que j'aurais probablement voulu avant très longtemps ou même avant jamais. Tu m'as brisé... rajoutais-je non sans vouloir la faire culpabiliser. Peut-être un peu quand même, qu'elle sente un peu son erreur. Tu ne t'es même pas retournée... T'as juste foutue le camp en me laissant avec un rein fracturé et un bébé qui s'éteignait petit à petit... Mes mots son dures, mais c'est ce dont je ressentais et elle ne pouvait pas m'en blâmer. Tes excuses ne ramèneront pas mon fils. Encore moins ne pas les accepter de mon côté. Mais tu...regrettes vraiment ? Demandais-je d'une faible voix. Laisse donc la garce d'Hippolyte de côté et dis-moi sincèrement... Tu regrettes ? Ne joue pas avec la perte de mon bébé, ne joue pas avec mes maux, dis-moi simplement la vérité Hippolyte.

Si Hippolyte regrettait vraiment, alors je voudrais l'entendre me le dire de vive voix. Je voulais vraiment qu'elle se rende compte de la bêtises qu'elle est au fond à agir et partir au quart de tour dès que quelqu'un ne partait pas dans son sens. Faut qu'elle arrête de se prendre pour la reine du monde que tout le monde doit obéir et écouter au risque de se voir la tête coupée. Franchement, elle à des réactions un peu excessives qui lui portent préjugés après. Enfin bref, je n'étais pas là pour parler de son mental, mais plutôt pour entendre ce qu'elle avait à me dire. Et visiblement, elle avait paniqué... Ce mot est tellement facile à sortir dans ce genre de cas. Elle a paniqué et elle a pris la fuite ? Trop facile j'ai envie de dire. Elle regrettait apparemment et elle avait assez d'humanité blablabla pour le faire... Si elle en avait eu vraiment, elle aurait fait ce qu'il fallait quand elle m'avait vu allongé criant de douleur. Peut-être que je l'aurais pardonné plus facilement. Mais... Je ne suis tout simplement pas comme elle, je n'ai pas un cœur de pierre. Si tu regrettes vraiment alors... Je marque une courte pause avant de reprendre en soupirant. Je vais l'accepter. Cette histoire fera partie de notre passé. Je n'en parlerais pas, mais... Ce qu'elle a fait, je ne pourrais jamais oublier même si je le désirerais plus que tout au monde. Je ne peux pas te pardonner. Pas maintenant et peut-être même jamais. Parce que ce n'est pas "rien" ce que j'ai perdu... Et j'espère qu'au moins ça, elle le comprenait. Je pense que nous nous sommes tout dit à présent. Ce chapitre est clos. En gros, je ne vais pas la dénoncer ou quoi... Merci pour tes aveux. Par forme de politesse quand même, puis je raccroche. Ce n'est pas parce qu'elle voulait se libérer d'un poids sur la conscience que nous allions devenir amie ou quelque chose comme ça... Ce ne sera jamais possible et toutes les deux, on le sait très bien.