hell no, I can't deal with this ( hippo )

Mais qu’est-ce qu’il fait là ? Pourquoi a-t-il dit qu’il venait encore ? Ah oui, pour Agathe. Pour elle, il allait voir Hippolyte et tenter une discussion, il allait voir sa meilleure amie pour se convaincre que oui, aller voir Agathe est une solution à envisager. Il a entendu parler d’un énième voyage. Étant un student depuis peu, il ne participait pas à grand chose, c’est ce qui lui manquait le plus en tant que membre d’une confrérie, mais en même temps, il ne savait pas s’il avait raison de s’y incruster. Il n’est plus avec Agathe. Enfin, officiellement oui, mais dans la pratique, pas vraiment. Alors ouais, il va chez Hippo. Il y va avec l’espoir presque inexistant que oui, tout allait s’arranger. Qu’il allait réussir à passer au dessus de toute cette merde. De tout ce bordel qui n’a pris qu’une semaine pour s’installer confortablement dans sa vie. Sonnant chez Hippolyte, il jouait nerveusement avec ses mains. Une cigarette à la bouche, la fumée s’envolant dans l’air encore frais du matin printanier de Boston, il n’avait même pas faim, mais il allait faire plaisir. Il sentait bien que ça n’allait pas, mais rien ni personne ne pouvait l’aider. C’était gentil de la part d’Hippo de vouloir aider à sauver son couple, mais la motivation était inexistante, l’envie disparue. Tout ce qu’il voulait présentement, c’était se terrer dans un coin de sa chambre et ne pas en sortir. Ses pensées étaient interrompues par une blonde qui lui ouvre la porte. « Salut Hippo. » Embrassant la joue de la jeune femme, il jeta un coup d’oeil à l’intérieur, tendant l’oreille à l’affut du moindre bruit pouvant indiquer la présence d’Agathe. Rien. Il était autant soulagé que déçu. Oui, il voulait la voir, mais il savait aussi pertinemment que la prochaine confrontation serait dure. Très dure.

Il voit bien qu’elle n’est pas la meilleure des personnes à qui parler de ça. Trop proche de Cole, trop proche d’Agathe. Elle est tout de même celle qui a envoyé la photo à Ashleigh en premier lieu. Mais il n’est plus vraiment rationnel Aisling. Il n’a plus vraiment la tête sur les épaules. Complètement déboussolé par tout ce qui se passait il voulait juste penser à autre chose. Hippo n’allait pas l’y aider, mais si c’était pour des nouvelles de sa petite amie sans réellement lui parler, elle était la personne par qui passer. « Tu vois bien. » Il était dans un état pitoyable, humiliant. Mais quoi de plus humiliant que de se faire tromper par sa petite amie avec un gars contre qui elle a porté plainte tout de même. A croire qu’il avait une emprise des plus incompréhensible sur elle. A croire qu’elle ne pouvait rien lui refuser. Il suit alors Hippolyte dans le jardin. Le lieu est magnifique. Il n’a jamais réellement traîné avec Hippo. Elle a beau être la meilleure amie d’Agathe, elle fait partie d’un milieu complètement différent de celui d’Aisling. Quand lui s’accommode d’une colocation des plus simples avec ds personnes riches en expérience qu’il n’aura jamais, Hippo se la joue solitaire dans une immense maison seule, sans personne pour rester avec elle. Hippo semble compatir à sa peine, mais il a beau être dans un sale état, il voit bien qu’elle le fait pour Agathe et personne d’autres. Lui et elle ne sont pas proches, loin de là. Le plus loin il se tient des proches de Cole, le mieux il se porte. « Merci. » dit-il en s’asseyant sur une chaise. Mettant du sucre dans son café, il soupire en le prenant dans ses mains. Le cadre est agréable, le lieu est superbe. Un vrai paradis. « Comment va Agathe ? » Il ne peut pas s’empêcher de poser la question. Elle a beau avoir fauté de manière fulgurante, elle est tout de même sa meilleure amie avant d’être sa petite amie. Il s’attend à ce que la réponse soit dure à entendre, mais il en a besoin.

La maison magnifique, la famille dispersée, c’était un peu la vie d’Aisling. Il se rappelle quand il courait dans le jardin de la maison familiale en Écosse avec ses grands parents le regardant tomber encore et encore. Ou quand il partait en Italie voir son père après le divorce. Il voyait sa famille dans différents pays, différents états, mais toujours soudée, ensemble, aimante. Quand il voyait le comportement de certaines personnes à Harvard, il est conscient que tout le monde a une enfance différente, une famille parfois tellement compliquée qu’elle les fout en l’air sans même qu’ils s’en rendent compte. Aisling est un peu naïf à ce sujet. Oui, il a été harcelé et battu durant des années par des personnes de son âge, mais ce n’est pas pour autant qu’il n’a pas confiance en l’humanité. Hippo, aussi horrible qu’elle puisse être, devait avoir un bon côté aussi. Si elle était la meilleure amie d’Agathe, elle devait l’être. Alors oui, il prenait des nouvelles de sa petite amie via Hippolyte. « Non, ce n’est pas une surprise. » C’est même une affirmation de ce qu’il pensait. Prenant une gorgée de son café, très sucré bien entendu, il essaye de ne pas craquer en se visualisant Agathe en train de pleurer dans son lit. Seule. « Un peu. Pas vraiment. Fin, j’ai été un peu con pour le coup. Je ne veux pas lui parler et quand elle m’a envoyé un message hier soir, j’ai été un peu … dur. » Il se souvient des mots qu’il lui a dit, de la sécheresse qu’il a fait preuve. Le portable d’Hippo vibre sur la table. Agathe. Aisling regarde le téléphone avec l’envie irrépressible de voir le message vu le visage d’Hippo. Au moment où Hippo pose le téléphone sur la table, il le prend pour voir le message. Pas vraiment mature Aisling. Mais il voit rouge. Littéralement rouge. Comment ose-t-elle ? Pourquoi dire ça ? N’as-t-elle donc aucunes hontes ? Lui dire qu’il est désolé d’avoir couché avec ce connard et ensuite faire l’éloge de ses prouesses au lit à sa meilleure amie ? « Je suis en plein rêve. T’as une bouteille de vodka quelque part ? » Calme. Il est tellement calme que s’en est effrayant. Se levant de la chaise, entrant dans la cuisine, il ouvre un à un les placards jusqu’à trouver une bouteille de vodka à peine entamée. Rien à faire qu’il ne soit même pas encore midi, il veut tout oublier. « J’ai besoin d’oublier. »

Ce n’était pas la personne parfaite pour ce genre de chose, mais elle était la seule qui connaissait toute l’histoire, qui avait le point de vue des deux protagonistes principaux et allaient avoir celui d’Aisling dans pas très longtemps. Alors oui, il était venu la voir même s’il savait qu’elle n’était la personne de choix pour ça. Son café à la main, essayant de calmer ses nerfs, laissant ses problèmes parler à sa place, il essayait aussi d’écouter réellement Hippolyte et de tenter de se convaincre d’aller voir Agathe. Au moins, de lui parler, de ne pas la rejeter comme il avait pu le faire. « C’est vrai. C’est ma meilleure amie à la base quand même. » Elle n’avait pas tord Hippo. Agathe a été là pour bien des fois, avait supporté ses crises quand ses médicaments n’étaient plus assez efficaces. Il avait aussi été là pour les moments les plus durs de sa vie. Alors oui, il allait sans doute faire un effort, prendre sur lui et lui envoyer un message pour au moins prendre de ses nouvelles. Mais en voyant le message qu’elle venait d’envoyer à sa meilleure amie, il reprit toutes ses pensées et les rejette à la poubelle comme si elle n’avait jamais existé. Se levant comme s’il avait le feu aux fesses, il se dirige vers la cuisine, cherchant à tout prix une bouteille afin de se mettre la tête à l’envers, afin d’oublier que jour après jour, elle le prenait pour un idiot fini. Il ouvrit presque tous les placards à la recherche d’une foutue bouteille et demanda même son emplacement à Hippolyte. « Oui. Je veux oublier qu’on me prend pour un petit con tous les jours qui passent. Où est cette foutue bouteille ? » Elle levait les yeux au ciel et lui indiqua en allant vers le salon où était le bar. « Merci. » dit-il en allant vers le meuble et ouvrant les battants afin de se concerter avec les bouteilles du salut. Prenant la bouteille de vodka qu’il cherchait depuis tout à l’heure, il retourna vers la cuisine, prit un verre et versa une bonne rasade de l’alcool dans son verre. Il n’était pas encore midi pour boire, mais il but la dose d’alcool en une seule et unique fois, laissant la boisson anesthésier ses émotions et ce qu’il ressentait en cet instant. « Tu veux un verre peut-être ? » demanda-t-il à Hippo. Après tout, il était chez elle à boire son alcool.