AVALON E. RHODES ►Alexis Ren

Répète après moi : tu es belle, tu es gentille, tu es importante... Cette petite fille couverte de bleus et de blessures dans ce lit d'hôpital ? C'est moi. J'essayais de répéter la phrase de cet homme, dont la taille m'impressionnait et me faisait peur... j'aurais rêvé, à ce moment là, de finir petite souris dans son trou. Mes vêtements déchirés sur le côtés, mon pull préféré couvert de vomissures n'étant pas les miennes, difficile de ne pas deviner ce qui m'était arrivé. Hélas, pour l'heure, cet homme qui me répétait cette phrase adorable ne pouvait rien pour moi : mon père restait mon tuteur légal, envers et contre tout, tant que les services sociaux ne prenaient pas le relai. Où étaient-ils d'ailleurs, ceux-là ? Une fillette de sept ans abusée par son père alcoolique aurait dû les faire ruer dans les brancards, mais pour l'heure, seul cet homme adorable restait dans cette chambre d'hôpital empestant la javel, à essayer petit à petit de gagner ma confiance. En quelques minutes, il avait obtenu de moi de tenir ma main. Je ne souriais pas, peinais à le regarder, et tremblais face à la douleur que je ressentais. Mon corps tout entier n'était plus qu'une immense souffrance, alors que je n'imaginais pas une seule seconde ce qui allait se passer pour moi... mais bientôt, enfin, les services sociaux allaient me sortir du marasme de douleur dans lequel je me trouvais pour me prendre en charge. Me trouver une famille n'allait pas être si simple, pourtant... une longue route restait encore à parcourir avant que je ne parvienne, à l'âge de treize ans, à trouver une famille formidable. Après avoir connu la misère, vécu dans la rue, connu la drogue très jeune pour subvenir à mes besoins vitaux... les services sociaux parvinrent à me trouver une famille d'accueil parfaite. Un homme et une femme, sans enfants, qui allaient devenir, sans le savoir, un véritable pilier pour moi.

Mes années d'Espagne n'avaient pas été de tout repos. Mais pendant quelques années, grâce à cette famille, j'avais connu la paix. Une paix que je ne pensais pas connaître un jour. Une paix si fragile que parfois, j'osais à peine respirer de peur de la briser en mille morceaux. Pour les remercier de m'avoir sauvé, je reprenais les bancs de l'école, avec un brin de retard, et m’attelait à être la meilleure des meilleures. Chaque classe passée était une sorte de nouvelle victoire sur la vie, sur mon passif de fillette violée, d'enfant des rues. J'avais même pour intention de postuler à une université prestigieuse avec mon dossier, surtout lorsque je déménageais avec mes parents à Boston. Harvard me tendait les bras, véritablement... comme un rêve, celui d'un futur plus clément pour moi. Il me restait encore quelques années pour bétonner mon dossier scolaire, pour faire en sorte qu'aucune caillasse ne vienne ombrager mon beau projet. Seul pépin ? Les finances de mes parents d'adoption. Jamais ils n'auraient pu m'offrir pareille inscription, et ce fut pourquoi je me mettais à réfléchir à un plan spécial pour réunir une somme. Il me restait du temps, ma tête blindée d'idées, aussi postulais-je auprès d'agence de pub et de mannequinat pour photos de lingerie. Celles qui payaient le plus, en somme... après moult recherches, je parvenais à me faire engager sur plusieurs contrats. Certes, dire que cela avait été évident pour moi d'imaginer des hommes reluquer mon corps en lingerie fine à longueur de journée, placardé sur des magazines ou sur les murs de la ville m'enchantait serait mentir... mais à force d'efforts, je parvins à obtenir la somme requise et un peu d'avance pour mon inscription. Argent que je plaçais spécialement, en attendant que le jour de mon entretien n'arrive. Et il parvint jusqu'à moi, ce jour béni... malgré moult stress, quelques bafouillages, j'avais réussi là où je ne m'attendais plus : être acceptée à l'université de mes rêves, pour me préparer au job de mes rêves. Plus rien de m'arrêtera désormais.