flashback - like lots of oxygen (dani)

C'est fou comme il n'a pas envie de travailler quand il y a un plein soleil et un beau ciel bleu en ce début d'année. Sa première année à Harvard. Cela fait déjà deux mois qu'il a foulé les couloirs de la grande université américaine et le plan du campus s’imprègne déjà petit à petit dans son crâne, mais il a bien pris soin de repérer les principaux lieux. Lorsqu'il finit enfin par refermer son bouquin, il range ses affaires et quitte la bibliothèque en silence. Il a voulu se montrer studieux pour commencer son année en beauté, mais hors de question qu'il reste enfermé dans une salle alors qu'il peut aisément se poser sur le gazon du campus. Il se met donc en marche, balayant du regard la pelouse à la recherche d'une bonne place. Plusieurs personnes ont eu la même idée. Il s'avance sur l'herbe toujours en quête quand une petite brise fait envoler une feuille de papier vers lui. A en croire la jeune femme qui s'agite, ça devait lui appartenir, alors Melchior se presse pour rattraper le papier avant qu'il n'aille plus loin. Une fois en main, il se dirige vers la blonde pour le lui rendre « Tiens. » et en lui tendant le papier avec un sourire compatissant, il reconnaît bien ces caractères. « C'est du japonais ? » demande-t-il sans vraiment demander, parce que oui, il sait que c'est du japonais. Mais quelque part, c'est une manière d'ouvrir la conversation, puisqu'il est curieux de voir quelqu'un qui s'y intéresse. Ce n'est pas comme si tout le monde s'y intéressait comme lui.

Si elle aimait le calme et l'atmosphère dégagés par une l'immense bibliothèque d'Harvard, Denitsa avait depuis toujours la fâcheuse habitude de réviser dehors dès qu'elle en avait la possibilité. Aujourd'hui était différent puisqu'elle avait troqué ses classeurs pleins de calculs astraux pour une feuille de papier vierge et un stylo plume. Si cela pouvait paraître vieux jeu pour certains, Dani appréciait parfois d'envoyer des lettres au lieu de téléphoner, pour le plaisir d'écrire, d'entendre le glissement de la mine contre la copie. C'était une habitude qu'elle avait avec sa meilleure amie à Tokyo, partie d'un défi au détour d'un rire et qui continuait aujourd'hui. Deux mois après avoir quitter ce pays qui l'avait vu grandir et si elle avait sans mal trouver ses marques à Cambridge - venant tout de même d'une famille occidentale - cela lui manquait de parler japonais. Adossée à un tronc, elle répondait à un message sur son portable lorsqu'une bourrasque de vent emmena la feuille sur laquelle elle avait commencé sa réponse. Alors qu'elle se redressait d'un bond pour la rattraper, la blonde se vit distancer par un autre étudiant. « Merci. » Quand il lui rendit la feuille en notifiant le langage reconnu, elle haussa un sourcil à la fois surpris et intéressé. Ce n'était quand même pas la langue la plus en vogue parmi les étudiants qui lui préféraient généralement l'espagnol, le français ou des langues plus courantes. « Je t'avoues que je suis impressionnée, ce n'est pas tout le monde qui les aurait reconnu. Tu t'y connais un peu ? » demanda-t-elle avec curiosité. Sans espérer que ce soit le cas plus que ça, elle serait déjà agréablement surprise s'il s'y intéressait ne serait-ce qu'un peu.

Il a encore quelques réflexes, c'est bon à savoir. La feuille en main, il évite de lorgner dessus par principe. On ne sait jamais, il y a peut être quelque chose de privé dessus, enfin bref. Sauf sur sur le coup, ses yeux sont attirés par ces caractères spécifiques. Alors c'est plus fort que lui. Il a rarement rencontré des personnes qui s'y intéressaient ici donc forcément, il lui en parle. Un sourire quelque peu gêné mais touché s'empare de ses lèvres. C'est toujours comme ça Melchior et les compliments, et encore plus quand ça vient d'une charmante étudiante. « Je m'y connais un peu oui.. J'ai pris des cours de japonais. Enfin, il y a longtemps, j'ai encore quelques restes, mais j'adore cette culture depuis... depuis toujours je pense. » il hausse légèrement les épaules, mais il est clairement ravi de rencontrer quelqu'un avec qui partager ce point commun. « Et toi alors ? J'imagine que tu dois parler et lire. » Ce n'est pas une grande déduction digne de Sherlock, mais à en croire sa feuille, à moins qu'il ne s'agisse d'un brouillon ou d'inspiration pour un futur tatouage, il ne voit pas d'autres explications. « C'est... ta première année aussi ? » demande-t-il par curiosité. Il ne connait pas grand monde encore ici, et même si cela ne fait que quelques mois qu'il y est, il n'est jamais trop tôt pour faire connaissance et se faire des amis pourquoi pas.