MARNIE O'HARA ► rooney mara

Les O'hara font partis des murs originaux de Stone Harbor. Eminente famille de pêcheurs de père en fils, ils sont arrivés il y a 150 ans de cela dans ce petit village vivant de ressources maritimes et d’eau salée. La communauté O'hara participa au fil des générations à l’expansion notable de cette petite bourgade habitée seulement par quelques dizaines de bougres à son commencement. L’ancêtre Neil O'hara fut à l’origine d’une association de tous les pêcheurs en ville afin d’organiser un bien communautaire et de bonne qualité destinée à la vente. L’Atlantique était une terre fertile dans leur baie, et le soin que la communauté mettait à respecter la Nature dans leurs activités contribuaient également à des pêches de qualité appréciées des plus fins connaisseurs. Cette démarche contribua à la fortune de la cité, et on loua celui qui avait eu l’audace d’y penser.

Marnie O'hara naquit donc dans les terres ancestrales de la famille, un 17 février 1993 dans l’hôpital de Stone Harbor. Elle est l’enfant du milieu, entre un frère ainé et une sœur cadette qui viendra rejoindre les rangs familiaux deux ans plus tard. Ils sont nés de l’union entre Martha et Phil O'hara, respectivement mère au foyer et pêcheur passionné qui emmène souvent ses enfants en mer au plus grand dépit de sa femme, phobique du grand large. Marnie avait une affection particulière pour ses balades d’océan et se débrouillait toujours et ce dès son plus jeune âge pour que son père l’embarque avec lui. Elle était la forte tête de la famille, la plus libérée. Le petit ouragan l’appelait souvent son père lorsqu’elle s’insurgeait.

Marnie a toujours grandit dans une atmosphère familiale épanouie. C’est une valeur importante qui est partagée par chacun, la jeune femme n’a jamais tourné le dos à un des membres de sa famille, ils sont ses personnes de confiance. La jeune fille qu’elle est connait une enfance et une adolescence heureuse à front d’océan. Marnie est une élève studieuse et sa curiosité naturelle la pousse à s'intéresser au monde ; apprendre à lire a été pour elle une bénédiction. C’est une amoureuse de grands espaces et ce qu’elle chérit le plus, c’est son océan. Cette histoire d’amour la pousse même à emprunter clandestinement le chalutier de son père pour aller observer les toiles de ciel nocturne au large dès l’âge de quinze ans.


Mais la vie est belle à proportion qu’elle est féroce. Et un matin, c’est le chaos. Le 7 juin 2005, les habitants de Stone Harbor découvrent le naufrage d’un pétrolier sur leurs côtes. Et plus les minutes passaient, plus la bête empalée sur les récifs se vidait de son pétrole dans l’océan. Une catastrophe écologique majeure avait été entendue de toutes les bouches ; et c’était surtout un cataclysme pour les pêcheurs de Stone Harbor. Toute le village assiste avec impuissance à l’agonie de son littoral et de ses ressources vitales. Les aides ne suffisent pas à combler les déficits, et la vie se fait difficile pour la famille. Marnie gardera un souvenir révolté de ce qui a ruiné la vie de son père, qui s’était heurté à un silence sans honte des autorités et des politiques. Personne ne peut faire plus. C’est la crise vous savez…, répétaient-il sans cesse. Sa famille est forcée de déménager, abandonnant leurs terres ravagées par le pétrole et détruites. C’est à ce moment précis qu’elle comprend qu’il faut que le monde change, et qu’elle y participera. Après l'obtention de son examen final du cycle secondaire, la jeune fille décroche une bourse lui permettant d'aller à Harvard du fait de son assiduité et de ses notes remarquables. Elle déménage donc à Cambridge où elle entame son cursus scolaire. Elle se lance dans le droit ainsi que l'étude environnementale et trouve en ces deux matières une réelle saveur qui la pousse à se consacrer entièrement au milieu scolaire faisant d’elle une élève exemplaire - qui ne refuse néanmoins pas une soirée si elle promet d'être surréaliste. C’est également durant ses années d’étude qu’elle crée un blog nommé Mrs. Earth. Marnie y publie des pensées, des articles et avec le temps, le site compte même des enquêtes écologiques à propos d’entreprises et de marques de grande consommation. Si les visites sont régulières mais à une échelle encore réduite, c’est un passage lors d’une émission de TV qui a quelque peu propulsé l’audience de ses écrits il y a quelques mois. Marnie était effectivement invitée lors d’un débat avec un sénateur pro-nucléaire, et elle avait en quelques minutes démontés chacun de ses arguments jusqu’à provoquer les huées du public à l’encontre de son adversaire. Cette vidéo devint virale et augmenta la visibilité de son site. Sa plume est sans complaisance et incisive, ne plaisant pas à tout le monde. Mais Marnie n’est pas femme à se laisser impressionner par quelques industriels irrités. Elle a toujours voulu devenir avocate, c'est une jeune fille sûre de ses valeurs et charismatique qui prend à coeur d'aider la communauté.


Durant l'été de sa première année, la jeune gazelle s’embarque sur un navire pirate d’une association d’activistes dont le but était d’intercepter les braconniers et les chasseurs en tout genre. Officiellement, elle prétexte un voyage à l'étranger en solitaire. Cette grande vadrouille dura deux mois, la période la plus charnière de sa vie. Elle a vécu des choses incroyables en pleine nature autour d’utopistes comme elle, la faisant songer à abandonner toutes ses études pour vivre la grande aventure à son tour. Mais le navire est un matin intercepté par la police américaine et ses occupants sont rapatriés sur la terre ferme pour être placée en garde à vue. Ce fut le frère aîné de l’intrigante qui régla l’affaire en catimini, récupérant sa sœur cadette par la peau du cou. Il lui avait fait la morale comme encore jamais elle ne l’avait entendu lui parler ainsi. Qu'est-ce que t'as dans la tête ? Tu veux foutre ta vie en l'air en séquestrant des braconniers ? C’est notre secret, avait-il dit, mais tu as intérêt à te mettre au pli et penser de façon plus intelligente, la prochaine fois je te laisse derrière les barreaux. Cette incartade fut gommée sans effusion et avec des froncements de sourcils sévères émanant des agents de police signifiant un amer toi, tu t’en sors à bon compte. Si Marnie ne parle à personne de ce fait d'arme, elle ne regrette néanmoins pas son geste, quoique très spontané elle devait bien l'admettre.