(LANCELOT&LOUVE) nugs not drugs

Mon estomac a décidé d’emmerder l’amphi tout entier avec ses grognements incessants. En même temps, on remerciera pas Lancelot pour son message reçu un peu trop tôt. Un Mcdo, ce  midi. De quoi exciter toute mon âme. Je sens qu’aujourd’hui encore, la carte bancaire va chauffer avec les six menus que je vais m’enfiler – quoique j’abuse un peu, cinq suffiront. Je balance mes affaires dans le sac, je ramasse finalement les trois stylos qui finissent le parcours au sol et je sors de l’amphi comme une furie en chantant la chanson des chicken nuggets. En bref, au milieu de ce ban d’étudiants, ça donne quelque chose comme : « if you like chicken nuggets then you gotta sing along, if you like chicken nuggets this is your favorite song ; chicken chicken nugget yeah chicken chicken nugget yeah ! » avec le petit accent français qui passe bien. Je vous passe mon petit twerk de la joie qui a fait rire la moitié de mes confrères. Je finis par une course endiablée jusqu’au Mcdo, où, une fois à l’intérieur, je glisse sur un sachet de ketchup qui traîne parterre – heureusement, je réussis à me rattraper au type devant moi qui me regarde d’un air de con. Je lui ris au nez et je file à une table en trémoussant mon cul entre les tables. Ah, cette joie. Je me sens comme une enfant au milieu de… CHICKEN NUGGETSSSS !

Attablée, je finis par me bouger pour récupérer un menu de nuggets et des nuggets en supplément. Putain, je vais me péter le bide, Lance va sans doute devoir me rouler hors du restaurant à la fin du repas mais je m’en fous ; c’est des nuggets quoi. Des FUCKING nuggets. Je serais capable d’épouser un nugget géant pour un pari de cent dollars seulement. Parce que ce serait l’amour, le vrai. La bouche pleine, joues de hamster, de la bave au coin de la bouche et des étoiles dans les yeux, un sourire s’affiche sur mon visage et laisse entrevoir des nuggets déjà mâchés à Lance qui arrive tout juste pour me rejoindre. « T’o mis trop d’temps j’pouvais po attendre » C’est pas comme si c’était simple de parler la bouche pleine. Loin du glamour, je vous présente Louve, Made in France. Je le suis du regard alors qu’il file entre les tables à la recherche de sa conquête ; de mon côté, je fais de mon mieux pour calmer mon appétit d’ogre et l’attendre pour continuer et terminer mes plats. Mais c’est long, j’ai l’impression qu’il met trois heures et que quelqu’un va me piquer mon plateau. J’enfile un nugget entier, pour le délire, et deux frites à l’affilé. Je vide ma bouche alors que le chevalier s’installe enfin. « J’ai pas bouffé depuis au moins… » je réfléchis. « trois heures. TROIS HEURES ! T’imagines ce que c’est ? Non mais, ça relève de l’exploit là, c’est long. J’ai cru que j’allais mourir ! » J’exagère un peu volontairement ma situation. Mourir de faim, j’en suis loin. Mais j’avais la dalle comme pas possible. « Bon app mon gros ! » J’attends pas plus longtemps pour me jeter une nouvelle fois sur le plateau et engloutir la suite des nuggets que je trempe méticuleusement dans la mayo. Perfect. « Quoi de prévu tout à l’heure ? » Sait-on jamais qu’il veuille m’inviter autour d’un bon gros dessert. Genre, des cupcakes ou des donuts. Le combo serait parfait.

J’enchaîne nugget sur nugget, les trempant méticuleusement dans chacune des sauces que j’ai prise en otage lors de ma commande. Je fixe mon ami, qui n’attend pas plus de trois secondes pour s’empiffrer à la vitesse de la lumière, s’étalant de la sauce de partout comme un enfant de deux ans qui s’en amuse. Les regards des autres clients du restaurant pourraient me peser mais loin de moi cette habitude d’y prêter attention. Je souris, comme attendrie par Lancelot qui m’annonce qu’il a un truc à me demander. Poh, il va encore me demander de l’accompagner dans un bar gay ce soir, c’est ça ? Je rigole en attendant qu’il se lance, lorsque, sans que je m’y attende, il se jette de sa chaise pour se poser face à moi, un genou à terre. Wtf ? Mes sourcils se haussent alors qu’un sourire en coin prend place sur mon visage. Je me retiens d’éclater de rire alors que tout le monde se laisse aller à des applaudissements. Ils sont sérieux ? « J’ai toujours su que tu me ferais cette demande un jour… » Je fais mine d’être émue en portant ma main sur mon cœur, clignant des yeux rapidement alors que j’inspire comme si j’avais le trac. Belle mise en scène, pas vrai ? Et puis, Monsieur se lance. Il me tend ce nugget. « Dieu que je suis émue ! Mon amour ! » Je fais mine de sécher une larmichette qui coulerait sur ma joue alors que je me lève en attrapant sa main pour le faire se relever à son tour. J’attrape le nugget, et là, c’est le drame : un baiser volé. Je suppose qu’il ne s’y attend pas et c’est ça qui est bon. Je l’embrasse brusquement, sans aller trop loin – exit le grosses pelles – mais suffisamment pour faire mine de savourer le moment. Rapidement, je me réinstalle comme si de rien n’était en grignotant le nugget à grands crocs. « Prends place, l’ami, je t’en prie… » D’un signe de main je lui montre sa place. « J’en aurais presque oublié de te répondre tiens… BIEN SÛR QUE J’ACCEPTE ! » Je crie. Comme si on était seuls. Sans une once de gêne. Et pour ajouter une goutte d’emmerdement, je tape des mains sur la table pour faire un vacarme fou et fêter sa demande. De quoi en donner l’envie de me tuer à plus d’un.