TOMMY WILLWIGHT ► Robbie Wadge

— Je suis contente de t'avoir, Tommy. Je commençais à m'inquiéter.
— C'est pas ton rôle de le faire. Tu es ma soeur, pas ma mère, Corni.
— C'est justement à propos de ça que je voulais te voir.
— Je suis occupé. J'ai pas pu me déplacer jusqu'à Atlanta pour te faire plaisir.
— Tu es occupé ou tu t'es arrangé pour être occupé ?
— Je suis à Harvard, Corni. Pas en camp de vacances.
— A en juger par tes relevés de cartes bancaires, ça m'a tout l'air d'être la même chose.
— Rien à voir. Je vis, c'est tout. T'as été à Harvard toi aussi. Tu sais ce que c'est.
— De toute façon, ce n'est pas pour ça que je t'appelle Tommy.
— Si ma compagnie est en train de faire faillite, désolé, j'ai du rater le mail.
— Très drôle. La compagnie va très bien, je te remercie. Est-ce que tu lis au moins tout ce que je t'envoie ou ce n'est définitivement pas la peine que je fasse travailler trois secrétaires à temps plein pour te tenir au courant de ce qui se passe ?
— Bien sûr que je me tiens au courant. C'est la compagnie de papa. Enfin, la mienne, maintenant.
— Ecoute, je t'appelle pour autre chose. Elle... Elle veut te voir.
— Elle est déjà revenue de l'Enfer ? C'est pourtant là-bas que je l'avais invitée à aller se faire foutre.
— Ce n'est pas drôle, Tommy. Je crois qu'elle fait vraiment une dépression.
— C'est pour ça que tu m'appelles ? Parce que soudainement, maman prend trois cachetons ? Mauvaise nouvelle pour toi Corni, les cachetons ça a toujours été son truc.
— Tommy, tu sais que je ne t'appellerais pas si je ne trouvais pas ça aussi inquiétant. Elle veut te voir, vraiment. Elle dit qu'elle en a besoin.
— Parce qu'elle en a eu quelque chose à faire, de ce que j'avais besoin, moi ?
— Tommy, s'il-te-plait...
— Laisse-moi finir ! Tout ce que je voulais c'était vivre avec Papa, c'était pourtant pas la Lune, je m'en foutais de savoir ce qu'elle en pensait, tout ce que je voulais c'était vivre avec lui et plus avec elle.
— Ne fais pas comme si tu ne savais pas exactement ce qu'il s'était passé.
— Il l'a trompée, et alors ? C'est des choses qui arrivent. C'était pas une raison pour m'empêcher de le voir ! J'aurais fait ce que les autres mères auraient demandé dans une situation comme celle-là, j'aurais ramené mes fesses à Atlanta dans son triplex pourri pour Noël, et les anniversaires, et Thanksgiving, et en échange j'aurais pu vivre avec la personne que j'avais choisie. Mais elle a toujours été égoïste, égoïste à crever Corni, elle n'a pas voulu céder même quand je lui gueulais dessus que je voulais pas d'elle ! Et au bout du compte, c'est pas elle qui est morte dans ce putain de crash d'avion, alors qu'elle le MERITAIT !
— Tommy, chéri, je n'appelle pas pour qu'on se dispute. Toi, moi, et Cassie, on doit être une équipe pour que tout fonctionne. Papa t'a peut-être légué la société mais c'est moi qui gère les comptes et qui garde ta place au chaud pour le moment. C'est ce qu'on avait décidé Tommy, toi et moi. C'était la seule alternative possible pour que le conseil d'administration ne nomme pas maman à ta place en attendant, conformément à ce que tu voulais - ou plutôt ne voulais pas. Je sais que ça n'a pas été facile pour toi, avec le divorce, la presse, les avocats... Et puis avec le crash...
— Corni. S'il-te-plait. Arrête.
— Non, il faut que tu m'écoutes pour une fois. On vit tous avec ça, avec ce qu'il s'est passé. On a faillis tout perdre avec les procès contre la compagnie, tu le sais très bien. Si on en est là c'est parce que maman s'est battue. Pour nous. Pour toi. Si tu peux claquer ce que tu veux en gadgets électroniques sans avoir jamais à t'en soucier, comme tu le fais aujourd'hui, c'est parce qu'elle s'est battue, même après ce que papa lui avait fait.
— Elle a détruit la famille, Cornelia. Si papa n'avait pas du prendre l'avion depuis l'Europe pour une réunion qu'elle avait réclamé...
— Le crash n'était pas sa faute. On a subit assez de procès pour le savoir. Ce n'était ni la faute de maman pour la réunion, ni la faute de papa pour la compagnie. Il faut que tu acceptes ça, Tommy, je sais que c'est difficile mais j'ai fini par y arriver.

— Tommy ? Tu es toujours là ?
— Je dois y aller.
— Vous passez me voir avec Cassie après le prochain Spring-Break ?
— D'accord.
— Je t'aime, Tommy.