Yesterday you acted like a stupid bitch (teresa)

Yesterday you acted like a stupid bitch — J'étais assis sur la terrasse de l'hotel en train de siroter un cocktail et de fumer ma clope. C'est le meilleur moyen contre une gueule de bois. Je me remémore un peu la soirée d'hier et je me souviens que c'est parti en couille. J'ai vu Teresa et comme à son habitude, quand elle a trop bu ses paroles dépassent ses pensées. Je la connais. Mais hier, elle s'est attaquée à moi. Elle m'a dit des trucs blessants, des trucs que même moi je dirai pas à un pote. Alors oui, quand je me remémore ce passage j'ai mon coeur qui se sert. Justement, en parlant du loup, je la vois arriver sur la terrasse et lorsque son regard se pose sur moi, je fis mine de ne pas l'avoir vue, j'écrase ma clope dans le cendrier et je prends mon cocktail en quittant ma chaise pour aller ailleurs. Vaut mieux éviter, c'est encore frais, je peux surement lui pardonner car je ne suis pas méchant mais pas tout de suite. Mais à tous les coups je sais qu'elle m'a vue et qu'elle doit se sentir coupable de lire l'expression sur mon visage.

J'avais un mal de crâne à m'en décrocher la tête moi même. Triple buse. Clairement, j'assumais pas ma sortie de hier soir. Une soirée entre violets, il n'y avait rien de mieux, Lowell for the Win, mais j'étais incapable de me retenir sur la boisson. Et j'en payais les conséquences. Chères. La vie est dure quand on est une petite patate et je ne m'étais pas retenue encore, fichue adduction.  Au final, je ne me rappelais même plus du nombre de verres consommés et c'était pas plus mal, j'avais pas besoin de ce genre de gêne alors que je me sentais déjà assez dévastée. J'avais merdé, je le savais parfaitement, m'étant cette fois attaquée à une cible de choix : Ezéchiel, un ami, avec qui j'avais été beaucoup trop injuste et dure, alors qu'il n'avait rien demandé, le narguant sur sa situation et autres commentaires acérés sur sa famille ou son pays d'origine. Moi même, je m'inssuportais parfois. Énième prière au dieu de l'abstinence : banissez la vodka de ma vie, amen. Je décidais d'aller trouver le russe blond, et lui faire mes excuses, même si ce n'était pas un domaine dans lequel j'excellais. Sortant sur la terrasse de l'hôtel donnant sur la mer et ses vagues assourdissantes m'éclatant les synapses, je le cherchais des yeux, et le trouvais, assis, renfermé, à fumer une cigarette. Alors que j'avance, il quitte la table. Touché coulé Teresa. « Attends ! Zech' ! » Je hurle, manquant de défaillir tellement le bruit m'assourdis. « J'voudrais m'excuser bordel... » Je murmure les dents serrées et ces paroles, il ne peut les entendre de là où il est. Alors quoi ? Je le rejoins ? J'y vais, j'y vais pas ? J'ai pas le courage de jouer au chat et à la souris mais ma conscience me nargue, cette lâche. Je soupire de ma propose bêtise et lui emboîte le pas, à distance respectable de son dos. C'est lui qui a les cartes désormais, je fais figuration et bien fait pour moi...

Yesterday you acted like a stupid bitch —  Je suis pas un mec rancunier, mais quand je boude, je boude. Et pas qu'un peu. Il en faut peu pour me blesser mais Teresa, elle, a réussi haut la main. C'est peut-être parce que j'étais bourré aussi, que ça me touchait encore plus. Mais soit, là, en me réveillant, je me rends compte que quelque chose ne va pas. Ouais, il s'est vraiment passé un truc hier. Je tente de m'éclipser en la voyant se ramener vers moi, criant mon surnom pour m'appeler. Je levais les yeux au ciel en soufflant par le nez puis je pivotais vers elle, sans pour autant lui faire face. « Comment vas-tu ? » lançai-je comme si de rien n'était, sauf que je n'avais pas ce sourire habituel sur le visage. Je posais mes lunettes de soleil sur mon nez et je croisais mes bras en attendant une quelconque réponse de sa part. Je n'ai pas envie de perdre mon temps alors qu'elle dise ce qu'elle a à dire et moi je pourrai aller me poser ailleurs pour terminer ma clope.

« Comment vas - tu ? ». Les mots qui sortent de la bouche d'Ezéchiel sont froids, impersonnels. Le genre de salut que l'on donne à une connaissance interpellée dans la rue. Sauf que je ne suis pas une connaissance. Je suis... j'étais ? Non, je suis encore son amie. Il ne sourit pas. Habituellement, de nous deux, c'est moi, l'insupportable antipathique, et ce renversement des rôles me mets mal à l'aise. La vie est dure quand on est une petite patate... il pose ses lunettes de soleil sur son visage, barrière de plus, rejet explicite. « Un vrai agent du KGB, Mr James Bond. » J'essaye de dédramatiser mais là encore, je j'excelle pas dans le domaine, triple buse que je suis. Et je doute que faire ce genre d'allusions peu discrète sur sa vie arrange la situation. Il a les bras croisés, et je décide de faire de même, avant de les décroiser à nouveau et de les laisser balants. Je me sens, gênée et ridicule, je ne maîtrise pas la situation, et ça me dérange au plus au point. « OK, nan oublie ce que je viens de dire, c'était idiot. Vraiment... Mais je vais bien... Et toi ? » La question en apparence anodine est risquée. Je sais qu'il peut me dire ce qu'il pense de moi et que son monologue je sera pas glorieux. Je ne suis plus glorieuse. J'hésite, trébuchant, tremblante, cherchant mes mots. Je veux un discours structuré, carré, stricte, sérieux. Tout ce que je n'étais pas à la soirée d'hier. « Ezéchiel... Zech ? Je suis vraiment désolée. Tu sais comment je suis après avoir bu de l'alcool... » Je me cherche des excuses, mes paroles sont minables. Je dois tout rattraper. On est amis, Lowell for the win et en dehors de ça, je ne veux pas le perdre. « En fait... je sais pas quoi dire. J'me sens terriblement honteuse et j'suis pas pardonnable sur ce coup là, je le reconnais. J'ai pas d'excuse et à part te sortir "le mal est fait" qui est le comble de l'impolitesse, je ne sais pas quoi sortir d'idiot et sentimentaliste pour me faire pardonner. Sauf que je dois absolument trouver un truc, parce que j'ai besoin que tu me pardonnes... Tu comprends ? J'le regretterais tellement après, et tu me manquera. Tu me manques déjà... » Mon dieu ce texte. Ces mots qui coulent seuls, simples, véritables. Je me sens étrange, habituée à être si taciturne et silencieuse, attendant que tout se règle sans moi. Puis, dans un effort pour moi, l'handicapée des contacts physiques, la paniquée des autres, je m'avance et prends mon ami dans mes bras frêles et pâles. « Je suis désolée... » C'est tout.

Yesterday you acted like a stupid bitch — Elle a réussi à me toucher Teresa. Je l'adore, je m'entends bien avec elle mais ça blesse quand elle devient incontrôlable et que tout sort de sa bouche sans réfléchir. Certains dirons que quand on est saoul, y'a que la vérité qui triomphe. D'autres diront qu'on ne pense pas un mot de ce qu'on dit dans un état de sobriété. Limite, les propos qu'elle m'a dit, ça me fait rien, ça rentre par une oreille et ça sort par l'autre, c'est juste son comportement qui m'a grave déçu. Si t'es méchante quand tu bois, ne bois pas tout court. Je voyais bien que la lowell voulait lancer la conversation pour s'exprimer alors je l'écoutais. « Tu trouves ? » dis-je en faisant une petite mimique en replaçant les lunettes de soleil sur mon nez. Elle fait de l'humour, je ne vais pas tirer la gueule jusque par terre. J'apprécie ce compliment. Je prends tout. Teresa présenta ses excuses et je la fixais tout le long, attendant la fin pour battre des cils. Elle me prend dans ses bras et je déposais lentement mes mains sur son dos. Je la sens sincère et je sais qu'elle l'est. Je veux juste plus que ça arrive, qu'elle prenne ça comme un avertissement. « Arrête, je suis pas si horrible. Je ne vais pas te renier de ma vie. » j'échappe un sourire puis je la relâche pour retrouver ma position. Je suis pas très câlins, tactile tout ça, brr. Mais je l'ai fait car je me voyais mal la repousser dans son élan de bonté. « Et puis j'aime pas les câlins. » deuxième sourire amusé et je retirai enfin mes lunettes pour lui montrer mes beaux yeux. « Il va falloir te faire pardonner. » sourcil levé, un sourire à moitié caché, je repliais mes lunettes et je les rangeais dans la poche de mon t-shirt, comme un millionnaire, comme un mec de la mafia qui n'était pas là pour rigoler. Qu'elle se détente, c'est juste pour l'emmerder. Et je crois que je vais pas mal la faire chier, elle l'a bien mérité.