Jude&Alek - In the soulless valley

• Avez-vous déjà vu cette lumière ? Cette belle lumière blanche, un peu jaunâtre même, celle qui éclaire votre visage et vous empêche de voir au loin ? La lumière qui vous ébloui tel les rayons du soleil un beau jour d'été ? Cette espèce de lumière qui vous fait oublier tout ce qui se passe autour de vous et qui vous empêche de penser à autre chose à part elle. Cette lumière dont votre regard ne veut pas s'en détourner. Vous êtes fixé devant celle-ci, la regardant en vous demandant ce qui va se passer, ce qui va arriver, et si vous voulez vraiment que ça arrive. Tout est beau, tout le paysage vous entourant est beau mais légèrement flou. Tous vos malheurs passés ont disparu laissant place à un léger sourire sur le coin de vos lèvres et au bonheur. Ce bonheur que vous espériez retrouver un jour, pouvoir le voir, l'effleurer d'un doigt. Cette lumière qui vous rend aussi vivant et énergique que le jour de votre naissance, le jour où vous avez poussé votre premier cri, votre première respiration. Le jour où vous vous êtes senti enfin vivant et libre, sans avoir peur de l'avenir, sans penser au futur, car ce dernier se trouvait à présent devant vous. Ce n'est pas la lumière vous annonçant que vous allez quitter cette terre et rejoindre le monde des morts, non, au contraire, la lumière que peux dégager la personne pour laquelle votre cœur s'emballe quand vous l'avez face à vous, la lumière qui vous fait vous sentir invincible à ces côtés, mais qui vous montre à quel point vous pouvez être impuissant face à cette personne. La lumière qui vous montre qu'après tout vous n'êtes pas insensible et que vos sentiments ressortent au grand jours de plus en plus, se traduisant pas des sourires niais, des mains tremblantes, de doux compliments mais aussi de gestes voulant tout dire. J’avais parfois l’impression d’avoir l’air con, d’être devenu un gamin qui jouait encore avec ces crottes de nez tellement j’avais l’air heureux et tellement j’en avais rien à faire de tout ce qui m’entourait quand j’étais à ces côtés, aux côtés de Colombe. Ce n’était pas habituel pour moi, à la base, j’suis un enfoiré de première qui se vide et se casse, rien d’autre. Là, non, je n’étais pas comme ça. Bref, tout ça était nouveau pour moi, mais, étrangement, j’apprenais à aimer ça, à aimer cette sensation que ça pouvait me procurer. •

• Assis sur un banc du parc, une clope entre mes doigts que je portais à ma bouche, j’attendais l’arrivé de Jude. Ce voir dans un parc n’était pas vraiment dans nos habitudes, à vrai dire, notre truc à nous c’était plutôt les soirées ou tout partait en couille, les bars, des trucs pas trop fréquentables quoi, mais, cette fois ci, non, un parc, qu’est-ce qui pouvait bien nous pousser à se voir ici ? Y’avait rien d’amusant à faire, alors, pourquoi ?! J’vais t’expliquer, t’excite pas. Jude était devenu papa dernièrement, et, je n’avais pas encore pu voir cet enfant, alors, il n’allait pas me le présenter dans un bar ou dans une boite de nuit, alors, un parc, c’était plutôt logique. Rien à foutre de passer pour deux gays qui vienne d’adopter ou je ne sais quoi. Les gens peuvent s’imaginer beaucoup de chose vous savez, mais, je m’en balançais en fait, j’avais arrêté de faire attention aux rumeurs. Bref, lançant ma clope un peu plus loin une fois finit, j’attendis l’arrivé de mon ami. •

• Encore un jour qui passe, une semaine qui défile devant vos yeux sans que vous puissiez la voir passer, des années qui défilent sans que vous vous puissiez vous en rendre compte. Combien de dois vous êtes-vous dit que vous feriez ça demain, que vous auriez le temps, et que toute façon, ce n’est pas vraiment pressant, après tout, vous avez toute la vie devant vous pour pouvoir le faire, non ? Puis, un matin, vous vous levez et vous faîtes le même rituel que tous les matins, vous allez dans votre salle de bain, vous vous passer un coup d’eau sur le visage avant d’aller vous doucher, pour vous réveiller, et là, à ce moment précis, vous relevez la tête et vous êtes face à cette dure réalité, vous vous voyez dans le miroir, et vous ne comprenez pas tout de suite, hier, vous vous êtes regardez de la même façon, mais étrangement, vous aviez dix ans de moins… Vous comprenez à ce moment précis que le temps passe trop vite pour tout repousser au lendemain, pour ne pas profiter de la vie qui ce même miroir qui lui n’aura pris aucune ride et sur qui le temps n’a aucun effet, vous vous rendrez compte que vous avez déjà soixante ans, et que de votre vie vous n’aurez fait que tout reporter au lendemain sans même en profiter comme vous auriez dû le faire. C’est à ce moment-là que vous subissez un électrochoc, les ambulances viennent vous cherchez, vous vous retrouvez avec un drap qui recouvre votre corps, c’était votre première crise cardiaque et votre dernière, vous quittez le monde des vivants pour rejoindre celui des morts, des âmes perdues, sans vraiment avoir profité de votre vie… J’avais profité de ma vie, et pas qu’un peu, Jude pourrait vous le confirmer, mais, pour être franc avec vous, je n’avais pas peur de mourir, pas peur de quitter ce monde, après tout, c’était la nature, ont étaient fait pour vivre et mourir, on ne pouvait rester éternellement sur cette terre, imaginez un instant le bordel que ça serait. J’avais juste peur de ce qui pourrait se passer après, ou, comment, avec qui ? Tout ça était plutôt étrange, et, pour le moment, je n’avais aucune réponse à mes questions. •

• Je n’étais pas le seul à avoir bien vécu, j’ai bien un exemple sous la main, mais cet exemple, contrairement à moi, il n’avait pas eu une vie facile et il avait des excuses si l’ont peu dire. Jude était devenue père, bon, ce n’était pas la première fois, mais, cette fois ci, j’espérais vraiment que pour lui, cet enfant restera en vie, qu’il pourra l’élever, le voir grandir, avoir le rôle d’un vrai père, car, si il devrait le perdre, je ne sais pas s’il s’en remettrait. « Encore à l’avance à ce que je vois » […]« Bon bah..Alek, j’te présente Aaron ! » Il m’avait salué puis avait enlevé l’enfant de sa poussette. Aaron, ce gamin-là, il était encore tout jeune, mais, à en voir ce regard animé qu’il avait, je sentais que Jude allait galérer à la période de l’adolescence. En même temps, avec moi dans les parages, je ne pouvais que faire en sorte de lui apprendre les conneries que son père a pu faire. « Enchanté Aaron ! » Bref, souriant, je regardais l’enfant avant de la saluer. Je n’étais pas vraiment au courant du pourquoi du comment c’est Jude qui avait l’enfant, alors, après avoir joué avec les mains d’Aaron qu’il bougeait dans tous les sens, je porta mon attention vers Jude pour essayer de comprendre. « Il déchire ton enfant ! Mais… Comment ça se fait que c’est toi qui l’as ? »

• J’ai jamais eu de frère, ni de sœur d’ailleurs. J’étais ce fils unique à s’inventer un ami imaginaire étant gamin, à lui donner un prénom et à jouer dans ma chambre avec. J’aurais aimé avoir un frère, pouvoir partager des moments avec lui, pouvoir avoir les même délires, me battre avec même, ce n’est pas ça la relation entre frère ? Tu te soutiens, tu rigoles, mais tu te bas, rien de bien méchant de toute façon, mais, malheureusement, jamais je n’en avais eu, j’étais resté fils unique. Je n’ai peut-être pas eu de frère avec le même sang, mais, à ma plus grande chance, j’en avais trouvé un. Je m’étais lié avec un gosse qui s’appelait Jude à l’époque. Ce n’est pas resté juste un ami que je retrouvais au parc, non, c’est devenue bien plus, c’est devenue comme un frère pour moi, le frère que je n’avais jamais eu. On a grandi ensemble, on a eu les mêmes délires, la même façon de s’amuser, les mêmes envies. Il avait toujours été là pour moi, que ça soit dans les moments durs ou dans les moments de bonheurs, et, de même pour moi, j’avais toujours été présent pour lui. Au jour d’aujourd’hui, je peux vous assurez que c’est la plus belle rencontre que j’ai fait durant toute ma vie, car je sais très bien que si l’on fait un saut dans le temps et qu’on atterri en 2050, si la vie ne nous a pas emporté avant, on sera des petits vieux, assis dans un fauteuil à raconter à nos petits-enfants les conneries qu’on a pu faire ensemble, ce genre de trucs quoi. •

• Il était là, assis à mes côtés, en train de me présenter son fils. Putain, le temps passait tellement vite, tu remontes à plus de dix ans en arrière, ont étaient seulement en train de jouer avec nos sauts et nos pelles, et maintenant, on est devenue de jeunes adultes, face à la descendance de Jude. J’étais en train de prendre une sacré claque dans la gueule, mais je pense que celle que lui a pris était encore plus forte. « Normal qu’il déchire, quand on a un père beau gosse comme moi… » Ne pouvant m’empêcher de sourire à sa réponse, c’est vrai que si cet enfant ressemblait à son père, il allait en faire tomber plus d’une. Espérons juste que pour lui il ne fasse pas les mêmes conneries que nous on a fait avec les filles. Disons qu’on n’a pas toujours été très sérieux, mais bon, s’il fait les mêmes « erreurs », il trouvera comme nous, la solution, et surtout, la personne qui lui donnera l’envie d’avancer et d’arrêter tout ça, c’est ce que j’avais vécu avec Colombe. « Tu devineras jamais… » […]« Ce matin, Samara m’a laissé Aaron devant la porte de ma chambre chez les Dunsters, avec une lettre et tous les papiers d’identités d’Aaron en me disant qu’elle ne pourrait pas assumer et qu’elle voulait avant tout penser à son avenir… » […]« En gros, elle l’a abandonnée quoi. » Who… Là, j’crois que je suis limite choqué. Abandonné, carrément ! Cette fille est malade, c’est pas possible. Elle porte un enfant pendant neuf mois, et elle l’abandonne. Secouant la tête, je pris la parole pour lui donner mon avis. « T’es sérieux ?! Putain… Elle aurait pu au moins venir te voir je sais pas, laisser un gamin devant une porte, on est plus à l’époque de Charles Ingals ! Mais… Dit toi que d’un côté, c’est peut-être pas plus mal, tu vas pouvoir avoir ton fils à tes côtés, et puis, Roxanna va l’aimer je pense, elle va s’en occuper comme son fils… Et si ça suffit pas, tu me l’emmènes et je lui apprends ce que c’est les filles ! » •