Milow Schäfer ► Thomas Brodie-Sangster

Assis sur l’énorme bloc de pierre, je fixe son nom gravé en tirant à intervalle régulié sur mon tube de nicotine. Je cherche la force de lui parler, de lui avouer tous mes secrets, je lui dois bien ça. Cela fait trois jours que chaque soir je fais le mur pour venir ici, d’ailleurs ma sœur m’a grillé et ne se gêne pas pour me faire chanter. Elle et moi, ça n’a jamais été facile, et depuis le départ de mon grand frère c’est une guerre sans merci qu’elle gagne haut la main. Faut dire qu’à force de faire docilement ce que l’on me demande depuis tout petit, la répartie me manque. Ironie du sort, mon père veux de moi que je suive ses traces, mais les politiciens ne font que se tirer dans les pâtes, je me ferais dévorer en quelques minutes. La seule chose en commun que j’ai avec eux, c’est ma facilité à mentir sans éveiller aucun soupçon ! Heureusement j’ai mis fin à cela, c’est grâce à lui, à Alex. Il a tout de suite compris que la politique n’était pas faite pour moi, qu’elle me passait au-dessus de la tête. Il m’a toujours poussé à changer de voie, à dire à ma famille ce que je voulais vraiment, mais il aura fallu cet accident pour que je réalise que la vie est trop courte pour que je coure après l’amour de personne en étant quelqu’un d’autre et en m’oubliant moi-même. Essuyant mes larmes, je bois plusieurs gorgés de malt avant de me lancer.

_Je l’ai fait Alex, il est posté, mon dossier d’inscription est partie se midi, et mes choix n’ont rien à voir avec la politique. Je vais jouer et dessiner, les deux seules choses qui me faisaient tenir, et auxquels tu es venue te greffer, vont être mes seuls préoccupations pour les huit prochaines années. J’ai peur, ça m’effraie, la réaction de mes parents si ils l’apprennent me glace le sang. Il faut que je te dise, pour que tu comprennes, et je suis désolé de t’avoir menti comme ça, j’espère que tu comprendras…

Je souffle longuement, reprenant plusieurs goulées pour trouver enfin la force de lui avouer mes mensonges. Ce n’ai pas la première fois que j’essai, j’ai toujours voulu lui dire mais jamais eu le courage par peur de sa réaction. Même de là où il est c’est dur. J’aime croire qu’il m’entend, qu’il est là juste à côté de moi à me regarder avec son petit regard sincère qui me fait craquer. Je dois le faire, il doit savoir. Me grattant la tête je me lance hésitant.

_Le ministre Schäfer n’est pas un parent éloigné…C’est mon père… Depuis que mon frère, Kurt, c’est mis à déconner avec lui, il a mis tous ses espoirs en moi et est devenue strict pour que je ne suive pas les traces de mon ainé, c’est pour ça que j’ai atterri au pensionnat, utilisant mon surnom pour me cacher des journalistes. Mello, dans Death Note, j’ai eu le malheur de mal prononcer son nom, ça a marqué mon frère qui m’appelle ainsi depuis. Et tu sais à quel point mon frère compte beaucoup pour moi, c’est le seul membre de la famille qui se préoccupe de moi. Je pourrais lui en vouloir, je sais que si papa est comme ça c’est en parti ça faute, mais je l’admire bien trop, il mène sa vie comme il l’entend, sans se soucier des quand dira-t-on. Les seules minutes de répit et de liberté que mon père m’autorisait, et c’était  inconsciemment, était mes cours de musique, il ne savait même pas à quel point la musique est mon élément, c’est pour ça que je voulais que tu gardes ma guitare. Maintenant il sait, ta mère me la rendu, et j’avais raison, il l’a détruite en la découvrant. Hedwig tu n’as pas de temps à perdre avec ça ! Tu n’as plus d’enseignement à tirer de cette pratique! Puis il s’est mis à me parler des derniers grands débats, que c’était bien plus important… Heureusement m’étant informé j’ai pu le calmer mais qu’en sera-t-il quand il découvrira pour Harvard ? J’ai toujours fait tout ce qu’il voulait, étais qui il voulait que je sois sans me poser de question. Je suis effrayé qu’il me renie par déception…J’aime mon père, même si il est dur, froid et distant avec moi, je sais qu’il pense bien faire, qu’il veut le meilleur pour moi. La musique est bien trop aléatoire, tu peux monter sur le podium un jour et t’en faire expulser le lendemain. En matière de sécurité de l’emploie, le niveau est à zéro, alors je le comprends. Cependant, je veux lui prouver que je peux réussir, je voudrais qu’il soit fière de moi, au moins parce que je me donne une chance d’y arriver. Mais sans toi, c’est beaucoup plus dur, j’aurais personne pour me remotiver. J’ai plus personne, mon père ne m’aidera pas, ma sœur me déteste viscéralement, il reste mon frère qui est là-bas, mais je sais pas, j’ai pas envie de l’ennuyer avec mes petits problèmes... On devait faire ça ensemble, c’était le plan. J’ai peur de me perdre, de me faire manipuler. Pourtant je te promets que je le ferais, je ne me défilerais pas, je le ferais pour toi, pour la musique. Je veux que tu sois fier de moi, c’est le plus important.  

Au fils de mon discourt les larmes redoublent sur mes joues, je suis tellement faible que je me fais pitié moi-même. Pourtant je vais rester là toute la nuit, comme les précédentes, à fumer et boire en fixent sa tombe, en lui parlent comme ci il allait me donner des réponses, me dire quoi faire. Lui et moi on a traversés beaucoup de chose, et grâce à lui je suis toujours debout. Nous nous sommes toujours cachés, mais des rumeurs ont traversé les couloirs, s’en est suivi un harcèlement verbal dont je ne disais rien. Enfin si, je leur ai donné raison, j’ai quitté Alex pour qu’il me laisse tranquille. Crédule petit Milow. Deux jours après, trois gars me sont passés dessus avant de me passer à tabac puisqu’il n’était plus là pour me protéger. Il est revenu, m’a pardonné et m’a appris à me défendre pour que cela ne se reproduise plus jamais, même si je doute d’être capable d’envoyer mon poing dans la tête de quelqu’un. Enfin je continue de m’entrainer sans lui, je ne veux plus jamais revivre ça, se sentir sale, coupable, minable. Tout s’est calmé par la suite, les fameux gars ayant honte de ce qu’ils avaient fait, Alex n’y est surement pas pour rien non plus, mais ne je saurais jamais, l’essentiel c’est que l’histoire se soit arrêté aussi vite qu’elle avait commencé, sans faire de vague et que ma familles croit toujours que je suis tombé dans l’escalier en marbre. J’espère juste qu’à l’université les choses seront différentes, je ferais tout pour, mais mon plus grand défis reste de me trouver et de m’affirmer.