(+jasper) we need to talk

we need to talk
— with jasper

Je dois avouer que je ne sais pas trop ce qui m'a pris de proposer à Jasper qu'on se voit. Enfin si, ça parait évident mais je ne suis pas sûr que cette rencontre va se passer comme j'aimerais qu'elle se passe. Le truc le plu important, c'est que je garde mon sang froid. Ne le cogne pas. C'est vraiment ce que je vais devoir me répéter quand il va me balancer des saletés comme il a l'habitude de le faire avec son petit sourire hautin là. Rien que de l'imaginer, ça me donne déjà envie de péter un câble mais j'vais essayer d'être un peu civilisé. Je ne veux pas lui donner une bonne raison d'aller chialer dans les jupes de Leandra. J'ai donné rendez-vous à Jasper sur le Yard de la fac et une heure avant qu'on se voit, je lui précise que je serai au Starbucks. Je vais au comptoir et je commande un chocolat viennois signature parce qu'on est vraiment pas gâtés par les températures en ce moment et je m'installe à une table en guettant l'entrée du café pour voir Jasper arriver. J'vais mas mentir, j'ai pas tellement hâte, mais je pense qu'on a besoin d'avoir cette conversation.

we need to talk
— with jasper

Rendez-vous avec Jude, yey. Ca fait super envie, comme invitation. Comme une envie de se foutre la tête dans le four, voyez. Enfin, si l'homme demande un lieu public, y aura peut-être deux-trois personnes pour l'empêcher de se la jouer Rocky. Ca fait longtemps qu'on ne m'a pas abîmé le visage, et croyez-le ou non, ça ne me manque pas plus que ça. Ca ferait désordre, un prof au nez cassé. L'Ellington s'approche donc du Starbucks, avec une certaine impatience. Ou de la curiosité, plutôt. Le principe étant d'avantage la fuite et l'évitement, entre eux, plutôt que provoquer une rencontre. Etre civilisé, cordial, pour Riley et Leandra, ouais. Il se le répète aussi, assez pour qu'il s'embrouille à moitié dans sa commande. S'y prenant à deux fois pour commander son café. Ce dernier en main, se tourne vers la table où il avait repéré la tignasse du nouveau père. Le menton se lève légèrement, et il prend une profonde inspiration, avant de se lancer dans l'arène. « Yep. » J'sais pas vraiment comment on dit bonjour à un mec qu'on aime pas spécialement, et dont le désamour est partagé. « J'm'attendais pas à me faire proposer un rencard. » Quoi ? Non mais, si j'ai plus le droit à l'ironie non plus, j'sais pas comment j'vais faire. Boit une gorgée, pour se répéter une 300ème fois son crédo du jour. Assez de fois, pour que son timbre se simplifie. « Félicitations, au fait. » J'te félicite pour un truc qui m'a passé le cœur au mixeur, j'peux pas faire mieux.

we need to talk
— with jasper

J'ai vraiment pas envie de rester dans cette situation. Cette situation où je ne fais que me disputer avec Leandra dès qu'on aborde le sujet de Jasper. En fait, y'a même pas besoin d'aborder le sujet, fallait juste qu'elle fasse référence à l'ancien Dunster pour que je parte au quart de tour. Dans la vie, faut faire des concessions et je sais que si je veux que tout se passe bien avec Leandra, faut que j'en fasse sur Jasper. Mon avis ne risque pas de changer sur lui, faut juste qu'on apprenne à se tolérer, on va dire. Il entre dans le Starbucks et va se commander quelque chose. Je le regarde du coin de l'oeil alors qu'officiellement, je suis sur ma page d'actualité facebook. « Yep. » Je lève les yeux vers Jasper et j'hoche la tête en silence. C'est un peu ma façon de répondre à son "yep" qui sert de bonjour je présume. « J'm'attendais pas à me faire proposer un rencard. » Un léger sourire se dessine sur mon visage et je secoue la tête, « J'm'attendais encore moins à ce que t'accepte un rancard avec moi » Je le regarde et j'apporte le gobelet à mes lèvres pour boire une gorgée de chocolat. J'essaie d'éviter le café, j'en bois beaucoup trop depuis que Riley est là parce qu'elle ne fait pas encore ses nuits et que c'est pas toujours facile. Heureusement qu'on a eu deux semaines de vacances pour souffler des cours. « Félicitations, au fait. » J'hoche la tête de plus belle, « Merci » Pas la peine d'en dire plus, pas la peine de remuer le couteau dans la plaie, on est pas là pour ça. « J'voulais juste qu'on discute de Leandra » Ouais, qu'on discute comme deux personnes civilisé pour le bien de Leandra. J'pense qu'on l'aime assez tous les deux pour essayer de faire des efforts, même si les efforts sont le minimum syndical, c'est mieux que rien.

we need to talk
— with jasper

La tentation de faire demi-tour est présente, d'accord, j'dois bien l'avouer. Mais, on devait bien se douter que ce moment arriverait. Fallait bien qu'on finisse par s'assoir face à face, pour autre-chose que de se balancer les phrases que l'on sait justes. Piles pour blesser, piles là où il faut. C'est facile, quand on a notre passif. Même si, j'dois bien l'avouer, les armes sont d'avantage dans ton camp désormais. Oh, j'ai encore des phrases, des rapprochements, de quoi te faire douter, mais la décision a été prise depuis longtemps de les garder pour moi. Foutre le bordel dans ta vie, Jude, n'est plus aussi marrant qu'avant. Puis, il y a désormais des enjeux qui dépasse largement une quelconque envie de vengeance. Si briser un couple ne me dérange absolument pas, une famille, c'est autre-chose. On a tous nos limites, voici les miennes. « J'm'attendais encore moins à ce que t'accepte un rancard avec moi » Esquisse un léger sourire en coin, rajoutant d'une voix amusée : « J'ai toujours eu un faible pour les médecins. » C'est facile, jusque-là. « Merci » Les doigts tapotent légèrement sur le gobelet, trahissant un certain état nerveux. « J'voulais juste qu'on discute de Leandra » Hoche doucement la tête. C'est pas vraiment une surprise. Ca m'aurait étonné qu'on soit là pour discuter de nos vacances. « Qu'est-ce que tu veux savoir ? » Discuter d'elle, c'est large.

we need to talk
— with jasper

Je ne sais même pas comment il arrive à plaisanter. le pire dans tout ça, c'est qu'à un moment on a été à la Dunster ensemble et qu'on s'appréciait. Bon, j'vais pas dire qu'on était pote mais on s'appréciait, ce qui est déjà pas mal comparé à la relation qu'on a maintenant. Tout a tourné au vinaigre le jour où, au Spring Break, quand Leandra et moi on faisait une pause, ils se sont roulés une pelle. Comme quoi, la plus petite action peut avoir des conséquences désastreuses sur une relation. Néanmoins, je rentre dans son jeu car le but de cet entrevu n'est pas de se taper dessus, loin de là. « J'ai toujours eu un faible pour les médecins. » Ca ne m'étonne pas tellement en fait et je lui souris de plus belle. Je ne sais pas si les félicitations sont sincères et je m'en fiche, je me contente d'être poli à mon tour. On va devoir s'y faire, à essayer d'être poli l'un avec l'autre. Je lui explique pourquoi je voulais qu'on se voit, ça parait logique mais bon on sait jamais hein. « Qu'est-ce que tu veux savoir ? » Je prends une inspiration et je m'accoude sur la table devant moi, posant mon gobelet en regardant le brun. « J'ai confiance en Leandra. J'ai confiance en elle mais quand il s'agit de toi, j'y arrive pas. » Je continue de le regarder, je fais une pause et je reprends, « Parce que j'ai absolument aucune confiance en toi. J'ai pas confiance en toi ni en tes intentions envers elle, ni en tes sentiments envers elle. »  Je suis pas dupe, j'me doute bien qu'il doit l'aimer encore. « Tu t'es déjà beaucoup trop souvent mit entre nous et je veux plus que ça arrive. J'ai besoin de savoir que ça n'arrivera plus. Sinon j'arriverai jamais à te faire confiance, j'arriverai jamais à accepter votre relation et j'arriverai encore moins à accepter que tu puisses jouer un rôle dans la vie de Riley. »  J'aurais pu dire dans la vie de notre fille, mais j'évite. Pour ne pas employer un mot qui fâche, qui blesse, pour ne lancer aucune hostilité envers l'ancien président Dunster. Quand je vous dis que je hisse le drapeau blanc.

we need to talk
— with jasper

Les discussions sérieuses, ça m'angoisse. J'aime pas, qu'on me demande de balancer mon cœur sur la table. J'aime pas qu'on me demande de me déshabiller, pour regarder ce qu'il y a en dessous. Alors ouais, je plaisante. C'est plus facile. Pour échapper au reste, je te raconterai même mes vacances, et j'te vanerais sur tout et n'importe quoi. Même si on est pas pote, qu'on le sera jamais. Parce qu'on peut pas l'être, y a trop de passif. On peut pas, on a aimé la même personne, on s'est battu pour elle. J'peux pas t'aimer, parce que t'as gagné. Tu peux pas m'aimer, parce qu'elle m'a choisit, un jour. Mais, si ça peut te rassurer, elle a bien plus attisé ma haine que toi. Toi, t'es juste la victime collatérale.  « J'ai confiance en Leandra. J'ai confiance en elle mais quand il s'agit de toi, j'y arrive pas. » L'admets dans un hochement de tête. « Parce que j'ai absolument aucune confiance en toi. J'ai pas confiance en toi ni en tes intentions envers elle, ni en tes sentiments envers elle. » Là, c'est un sourire. Faudrait que tu sois dans ma tête, pour comprendre qu'il n'y a aucun risque.  « Tu t'es déjà beaucoup trop souvent mit entre nous et je veux plus que ça arrive. J'ai besoin de savoir que ça n'arrivera plus. Sinon j'arriverai jamais à te faire confiance, j'arriverai jamais à accepter votre relation et j'arriverai encore moins à accepter que tu puisses jouer un rôle dans la vie de Riley. » C'est ça le problème, non ? Tu sais que j'en ferai parti, de près ou de loin. Parce qu'elle te laissera pas me mettre de côté. T'es dans l'impasse, Jude. Et t'as pas vraiment d'autre choix, que d'essayer de rendre les choses viables. « Tu crois que j'ai envie de revivre tout ce merdier ? » Il grimace, boit une gorgée de café. « Et même si j'en avais envie, que j'avais vraiment envie de morfler à nouveau. Pour rien, en plus. Juste pour le plaisir de me dire qu'elle est encore attachée à moi. Alors que je sais, qu'au final elle reviendrait vers toi, comme elle l'a déjà fais. » Ouais, et ça m'coûte de le dire, croit-le bien. Je ne doute pas que persiste un certain attachement, et que je ne serai sûrement jamais l'un parmis d'autre. Mais elle ne m'aime pas assez, et ça, j'l'ai compris depuis des mois. « Même si j'avais envie de tout ça, j'suis pas un connard au point de vouloir m'amuser avec une famille. » Leyna et mon père, c'est bien ce que j'ai de plus précieux. « Et j'en ai pas envie. J'ai assez perdu de temps, et d'énergie. » Et de bout de mon battant, aussi. Si tu voyais la gueule qu'il a. Si tu savais le boulot qu'il y a, pour que j'sois capable de me lancer dans une nouvelle relation. « J'ai déjà mis longtemps à accepter qu'on soit de nouveau amis, alors j'peux t'assurer que jamais, je ne chercherai à ce que ça aille plus loin. » Se râcle la gorge, cette même gorge qui se serrait au fur et à mesure. Je déteste ça. Et, t'es pas mon interlocuteur préféré pour les confidences. Du coup, j'vais me vider la moitié de mon gobelet tiens.

we need to talk
— with jasper

Bien sûr que c'est ça, le plus gros problème. Le fait que je sache que quoi qu'il arrive, il fera partie de la vie de ma fille. Parce qu'il a encore ce lien avec Leandra et que.. par je ne sais quel procédé, il arrive à faire en sorte qu'elle lui pardonne tout. Elle lui a tout pardonné elle, mais pas moi. Je ne lui pardonne pas ce qu'il m'a fait l'année dernière quand il a été voir les services sociaux pour qu'on m'enlève Aaron. J'pardonne pas la manière dont il a traité Leandra l'année dernière, j'lui pardonne pas de l'avoir rendue si malheureuse. Mais malgré le fait qu'aujourd'hui elle soit avec moi, malgré le fait qu'elle m'ait donné ce bébé ce qui est.. certainement la plus grande preuve d'amour qu'elle pouvait me donner, j'ai cette boule au ventre quand il s'agit de Jasper. Comme du rappel d'un goût amer dans la bouche que j'ai eu pendant trop longtemps l'année dernière. « Tu crois que j'ai envie de revivre tout ce merdier ? Et même si j'en avais envie, que j'avais vraiment envie de morfler à nouveau. Pour rien, en plus. Juste pour le plaisir de me dire qu'elle est encore attachée à moi. Alors que je sais, qu'au final elle reviendrait vers toi, comme elle l'a déjà fais. » J'hausse un sourcil en entendant la dernière phrase. Comme elle l'a déjà fait ? Je secoue la tête, « Tu sais très bien que si t'étais pas parti, vous seriez certainement encore ensemble à l'heure qu'il est. »  Parce que moi je mettais que distance entre elle et moi quand elle était avec lui. J'pouvais juste pas supporter de les savoir ensemble. De la savoir heureuse sans moi. Elle est revenue vers moi parce que t'étais hors jeu mais tu l'as dit toi même. C'est toi qu'elle avait choisi. « Même si j'avais envie de tout ça, j'suis pas un connard au point de vouloir m'amuser avec une famille. » Je le regarde, assez surpris par cette phrase. Agréablement surpris même. « Et j'en ai pas envie. J'ai assez perdu de temps, et d'énergie. J'ai déjà mis longtemps à accepter qu'on soit de nouveau amis, alors j'peux t'assurer que jamais, je ne chercherai à ce que ça aille plus loin. » Je laisse un petit silence et j'hoche la tête, le regardant vider les trois quart de son café d'un coup. « Elle t'a dit qu'elle a voulu que tu sois le parrain de la petite ? » Leandra a vraiment eu du culot de me demander ça, faut le reconnaître. Je ris doucement et je secoue la tête,«  Et quand on cherche quelqu'un pour la garder, elle pense direct à toi. A croire que t'as le CV parfait d'une baby-sitter aguerrie » Je dis pas ça pour me moquer, juste pour détendre l'atmosphère. Pour nous entrainer à être polis, à avoir une conversation.  

we need to talk
— with jasper

C'est parti pour le conseil de classe, là où on  va débattre de combien monsieur Ellington a perdu. Puis, comme si c'était pas déjà désagréable, on va le mettre face au gagnant. Qui doute encore de l'être, et c'est moi, qui doit l'en assurer. Quel foutage de gueule. T'sais, suffit d'ouvrir les yeux. T'es avec elle, et vous avez Riley. Moi, j'suis.. ouais, j'ai même pas de chat. Le constat est assez simple. Si l'on gratte un peu, c'est moins limpide, mais fait comme moi, contente-toi de voir les choses comme elles sont.  « Tu sais très bien que si t'étais pas parti, vous seriez certainement encore ensemble à l'heure qu'il est. » J'te l'ai dis ça, non ? Ouais, ça sonne comme un coup que j'aurai pu te mettre. J'avais de jolies certitudes, en revenant de New-York. Mais je les ai perdu, il a suffit d'un ventre arrondi. « Elle t'as embrassé alors qu'on était ensemble. Elle t'as donné un enfant, alors qu'elle a pas été foutu de prendre un avion pour moi. » Putain, y a écrit looser sur mon front. Ca m'fait sourire, et c'est tellement jaune que s'en est fluo.  « Alors tu sais, cette question de choix.. Son choix, elle l'a fait là. On s'en fout des paroles, l'important c'est les actes. Et les actes sont plutôt clairs. Pour moi, ça l'est en tout cas. » Et si t'as peur que je revienne à la charge, l'envie s'est envolée, emportée par la rancoeur que j'ai pu éprouver. La colère a fané les sentiments, petit à petit. Le pardon n'est pas chose facile, et il n'est pas encore totalement donné. Je ne pense pas en être capable. Le café ne sert pas à grand chose, si ce n'est à réveiller ma gorge qui commencait à se rétrécir.  « Elle t'a dit qu'elle a voulu que tu sois le parrain de la petite ? »  Hoche doucement la tête, un sourire qui se place sur les lèvres. ,«  Et quand on cherche quelqu'un pour la garder, elle pense direct à toi. A croire que t'as le CV parfait d'une baby-sitter aguerrie » Je préfère ce sujet, tu vois. « Elle m'a demandé, mais m'a prévenu qu'il fallait que tu acceptes. » Se pince les lèvres, esquissant un nouveau sourire, un léger rire qui se fraye un chemin. « Bon, du coup j'étais plutôt sûr que ça arriverait pas. » On a qu'à en plaisanter, de notre désamour. « Mais je pouvais pas refuser, en la voyant. » Riley, pas Leandra. « Et, j'ai des recommandations. J'ai pas mal gardé les enfants de Torrey et le fils d'Elia. » Le sourire s'agrandit. « En fait, j'peux quasiment mettre baby sitter professionnel sur mon CV. » J'me vends, l'air de rien. Avec aucun espoir. Mais j'suis pas le genre de mec qui abdique, même quand c'est perdu d'avance. Puis, tu peux lui coller le parrain que tu veux, j'veillerai dessus quoiqu'il arrive, parce que c'est comme ça. Et j'ferai goûter de ma rage à ceux qui l'abîmeront. « J'vais rien faire Jude. Tu refuses et j'le comprends, j'aurai sûrement fait la même chose, si la situation était inversée. C'est bon. » J'sais que j't'ai habitué à d'avantage de représailles, et j'préfère préciser les choses.

we need to talk
— with jasper

Il y a quelques moi, si on m'avait dit que je serai assis à une table du Starbucks en compagnie de Jasper, je crois que j'aurais eu beaucoup de mal à y croire. Surtout si on m'avait précisé que nous aurions une conversation pacifique sans aucun poing levé ni mot plus haut que l'autre. Comme quoi, quand on met de côté son égos, on arrive plus facilement à quelque chose. « Elle t'as embrassé alors qu'on était ensemble. Elle t'as donné un enfant, alors qu'elle a pas été foutu de prendre un avion pour moi. » Je baisse les yeux, parce que je ne me moque pas du malheur des autres, même de mon pire ennemi. « Alors tu sais, cette question de choix.. Son choix, elle l'a fait là. On s'en fout des paroles, l'important c'est les actes. Et les actes sont plutôt clairs. Pour moi, ça l'est en tout cas. » Je le sais, ça. C'est pour ça que je viens lui en parler : parce que j'ai confiance en Leandra, mais pas en lui. Il a le don pour arriver à la faire douter, il pourrait très bien faire écrouler tout ce qu'on a construit cette année à nouveau. Il a ce pouvoir sur elle que je ne pense pas avoir et c'est ça qui me fait peur. Je ne préfère pas revenir sur ce sujet, je reste silencieux et je lève parfois le regard de mon chocolat chaud pour regarder le brun en face de moi. Changer de sujet, ça vaut mieux. Ne rouvrons pas des plaies du passé. « Elle m'a demandé, mais m'a prévenu qu'il fallait que tu acceptes. » J'hoche la tête : encore heureux qu'elle a attendu mon avis. Et malgré notre conversation actuelle, je ne suis toujours pas d'accord avec ça. « Bon, du coup j'étais plutôt sûr que ça arriverait pas. Mais je pouvais pas refuser, en la voyant. » Je souris en l'entendant et j'hoche la tête, « Elle a les yeux de Leandra. »  Et beaucoup d'autres choses en commun avec sa mère, je trouve. « Et, j'ai des recommandations. J'ai pas mal gardé les enfants de Torrey et le fils d'Elia. En fait, j'peux quasiment mettre baby sitter professionnel sur mon CV. » J'éclate de rire: étonnant mais vrai. J'éclate de rire de bon coeur en plus de ça, parce que j'imagine cette ligne sur son CV super sérieux et certainement déjà impressionnant pour son âge. « J'en doute pas une seule seconde » Je ne doute même pas qu'il puisse la garder, c'est juste moi et mon égos qui en avait pas tellement envie et le fait qu'il fallait qu'on règle certaines choses lui et moi avant d'entamer une relation platonique la moins négative possible. « J'vais rien faire Jude. Tu refuses et j'le comprends, j'aurai sûrement fait la même chose, si la situation était inversée. C'est bon. » J'hoche la tête : ne pas être son parrain ne l'empêche pas de la prendre sous son aile, comme Leandra voulait qu'il fasse de toute manière. « Merci, d'être venu » Et de m'avoir dit tout ça, de m'avoir rassuré. Je pense que j'en avais énormément besoin. « Je pense que j'aurai moins de mal à te confier Riley à la prochaine occasion qui se présentera » Parce que je sais que Leandra remettra son nom sur le tapis quand on cherchera une baby-sitter. Je trempe mes lèvres dans le gobelet face à moi, encore presque bouillant et j'ajoute, « Je te retiens pas » Pas la peine de faire semblant qu'on soit potes non plus, de toute façon on a pas grand chose à se dire de plus au fond.

we need to talk
— with jasper

« Elle a les yeux de Leandra. » Ouais, c'est surement ça. J'me dis qu'elle y a mit son meilleur, dans cet être. J'espère qu'elle en oubliera les pires côtés. Ceux que je partage. C'est ça dont tu manques Jude, c'est ça qu'on a, c'est ça qui nous lie. Ce que t'as jamais compris. Mais c'est de ta faute, t'arrives pas à la regarder quand elle est moins belle. Quand la colère gagne ses traits, quand l'ambition déforme ses traits, que l’égoïsme pollue son sang. Moi j'la trouve sublime quand elle s'empêtre dans ses faces les moins reluisantes. T'es trop bien pour elle Jude, et ça, tu l'as jamais vu. T'essaye de la faire rentrer dans un format qui ne peut contenir l'étendue de sa fougue. Tu manipules un élément complètement instable, et tu mets même pas de gants. Tu devrais voir mes mains brûlées. Mais je recule devant tout ça. J'te le dis, j'me retire du jeu, je vais commencer des parties ailleurs. Me fabriquer d'autres rêves, me réchauffer dans d'autres rires. Elle a ses yeux, et elle a le meilleur de vous deux. Il faut en prendre soin. Ca s'abîme trop vite. Et moi, j'recule presque quand je t'entends rire, c'est pas vraiment le genre de réaction que je pensais un jour provoquer chez toi. Ca s'répercute sur mes lèvres, provoquant le même son. Je sais même pas si tu ris de ce que je dis, ou du surréalisme de la situation. « J'en doute pas une seule seconde » Je sais que ça suffira pas, que l'ego bloque le reste. Que mes précédents méfaits, aussi. Mais, j'ai pu placer mes arguments, et, surtout, peut-être, te faire voir autre-chose que le Sombre. J'ai des instants de lumière, aussi. Plus souvent que ce que tu peux penser. « Merci, d'être venu » Se pince les lèvres. « Merci d'm'avoir invité. Je suppose qu'on aurait dû faire ça depuis longtemps. » Même si, je n'étais pas aussi apaisé, précédemment.  « Je pense que j'aurai moins de mal à te confier Riley à la prochaine occasion qui se présentera » Le sourire se fait sincère, le poids sur l'estomac perd quelques grammes. « Ouais, hésitez pas. Genre vraiment pas. » Qu'il rajoute vite, se précipitant dans ses mots. J'le vois, que le speed-dating est terminé. Que t'en as eu assez, que bientôt ça fera trop. « Je te retiens pas » Dégage Jasper, quoi. Ouais okay, j'ai reçu le message cinq sur cinq. Prends le gobelet presque vide, et j'irai pas jusqu'à une poignée de main que j'aurai peur que tu refuses. J'me laisse me faire virer, docile bête sauvage, qui courbe l'échine. « A la prochaine. » En levant la gobelet, léger sourire aux lèvres. Juste parce que j'sais pas comment on est censé clôturer ce genre d'échange. Et que maintenant que je suis debout, j'fais juste vite demi-tour, direction ailleurs.