RETROUVAILLES @LUKANA

De retour à Cambridge, j’ai écourté mon voyage en Jamaïque. Je suis parti avant la fin du Spring Break. Je me demande pourquoi, j’y suis parti. Mon seul objectif s’était de tirer un trait sur le passé et de redevenir le mec fort, viril et protecteur que j’avais été. Mais cela a fait complétement l’effet inverse. Pour déguster les verres de rhum, j’étais le numéro un mais pour redonner un sens à ma vie, j’étais dernier.
9h30 : Ne changeons pas les habitudes, entre deux longues heures de cours, j’aime savourer un bon café chez Starbucks. Je presse le pas pour rejoindre l’établissement. Je fais la queue et commande à la serveuse un café moka. Une fois, mon délicieux café prêt ; je me pause sur une banquette et commence à lire le journal d’Harvard. La salle est à moitié pleine. La télévision est allumée sur la chaîne info mise en sourdine. La musique de fond est un morceau de jazz de Louis Armstrong « What a wonderful world ». Une si belle chanson pour un unique moment.

Je buvais tranquillement mon café lorsqu’une voix féminine et familière interrompait ma lecture. Je levais les yeux et qui était devant moi ? Mon premier amour. Mon pouls battait à mille à l’heure. Que faisait-elle à Harvard ? Pourquoi ? Depuis quand ? Avec qui ? Des tas de questions traversaient mon esprit. Je posa donc mon journal et lui répondis-je d’un ton un peu abasourdi : « Salut Ana, je suis agréablement surpris de te voir ici ». Ce n’était pas réel, j’étais en plein rêve. Elle semblait ne pas avoir changé physiquement. Toujours aussi belle, toujours aussi naturelle ; un charme qui ne me laisse pas indifférent. Quand je la regarde, tous nos souvenirs resurgissent. Notre histoire était unique et magnifique. Une histoire dont personne peut comprendre. Un amour fort et fusionnel dont nous étions les seuls mettre de notre destin. « Je t’en prie, assis-toi » lui dis-je. Il y avait de la place à côté de moi. Après tout, j’avais beaucoup de chose à lui demander et sa venue ici n’était pas anodine. « Raconte moi tout, que deviens-tu Ana ? Que fais-tu ici ? » lui demanda-je d'un ton curieux. Quand nous sommes quittés, c’était uniquement la distance le problème. Mais aujourd’hui, cela pourrait-il être différent ?

Nous sommes en 2017, cela fait bientôt cinq ans que je ne l’avais pas vu. C’est dingue comme le temps passe vite. Une relation d’un an et demi puis plus rien. Entre nous, ça était l’amour fou, un amour éternel qui traverse ton âme et bousille ton cœur (lorsque cela sonnait la fin). Jamais je n’ai oublié Ana. Elle m’a fait grandir et avancé. Elle était mon double, ma sœur, mon amie, ma meilleure amie et ma maîtresse.
A cet instant, je la regarde, d’ailleurs je ne fais que la regarder. Il met impossible de tourner de l’œil. J’adore son sourire, j’adore ses cheveux, j’adore ses yeux et la façon dont elle a d’humidifier ses lèvres avant de parler. J’adore son parfum. Je l’aime. Je l’ai toujours aimé. Et elle m’a terriblement manqué. Maintenant qu’elle est admise à Harvard, nous allons rattraper le temps perdu (en toute amitié).  Cette consécration, nous l’avions rêvé si longtemps que le destin nous sourit enfin ! « En voici une bonne nouvelle ! Depuis le temps que je t'attendais » répliquais-je. Enfin, quoique Anastasia est venue pour son mère malade. Les réjouissances vont être écourtées. Je sens un mal à l’aise palpable, sa voix devient fragile et tremblante. Elle se crispe et pleure. Je la console et la prend dans mes bras.  Puis, lui caresse sa joue gauche et essuie de ma main ses larmes qui ruissèlent sur sa peau. « Ne t’inquiète pas Ana, je suis là maintenant. Je serai toujours là pour toi quoiqu’il arrive. Je n’aime pas te voir ainsi. C’est un moment difficile mais ton père va s’en remettre. Si tu as besoin de venir à la maison, tu es la bienvenue. » Mon loft est très grand et il y aura toujours de la place pour Ana. Je sais que ce rôle d’aidant est difficile. J’ai connu ça avec ma mère sur ses derniers jours de vie. Je n’osais pas lui demander pour son père mais je sentais bien que c’était grave. « Tu es toujours magnifique même dans ce genre de situation. Ne dis pas des choses comme ça et arrête de t’excuser » lui dis-je la serrant fort dans mes bras. Elle était contre mon torse et ça faisait du bien de la sentir près de moi. « Ce que je deviens ? Un mec qui fuit le présent et qui a peur de l'avenir ! »
Cinq années, c'est long... « J’ai perdu ma mère il y a deux ans, d’un cancer. Je peux comprendre que tu t’inquiètes pour ton père. Ma famille a été touchée par de nombreux attentats au cours duquel mon oncle fut tuer il y a un an. Mon père s’est remarié avec une femme ayant deux enfants que je n’affectionne pas particulièrement. Grosso merdo, voilà ce qu’il a pu se passer en 5 ans, pas des réjouissance explosives pour ma part. Une vie de merde quoi. » C’était clair. Ma vie était finie lorsque ma mère décéda.