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Paris n’était pas l’homme le plus doué en diplomatie. Il ne savait pas parler autrement qu’avec ses poings. Sa colère, sa rage, sa tristesse, il les évacuait au cours de combats clandestins car il ne connaissait rien d’autre que la violence. Il ne savait pas comment aider Capucine ni même comment exprimer son chagrin et sa peur de la perdre. Il avait envie de la secouer, de lui hurler dessus. Elle n’avait pas le droit de se détruire, de sombrer. Elle ne pouvait pas se laisser aller à son chagrin, il ne l’acceptait pas. Il refusait de voir une autre personne à laquelle il tenait, se détruire de la sorte. C’était trop lui demander. Pourtant, il ne disait rien ou alors pas le fond de sa pensée. Il l’observait, comme un spectateur impuissant. « Il n’est plus là en effet… J’ai perdu un ami auquel je tenais. Cela ne sera jamais comparable à ce que tu as perdu toi mais je l’ai perdu quand même et à te voir comme ça, je me dis que je te perds toi aussi. Tu peux hurler, me frapper, me traiter de tous les noms, je te laisserai pas foutre ta vie en l’air. Les clopes, l’alcool, tout ça c’est que du vent, de la connerie. Tu te bousilles dans ces addictions mais elles ne te feront jamais te sentir bien ou en vie. Crois-moi, je sais ce que c’est de vouloir mourir, de vouloir disparaitre, de ne pas savoir si j’ai le droit d’être heureux, de ne pas savoir si je mérite une quelconque attention. Je sais aussi ce que cela fait de se laisser pourrir par quelque chose, de ne pas réussir à s’en sortir… Je ne te laisserai pas sombrer Capucine, je refuse de te perdre ou de perdre quelqu’un d’autre. J’en ai marre de m’attacher à des gens et de les perdre ! » dit-il d’une traite en se laissant choir sur le bord de son lit, la tête basse. Il ne pouvait pas aider une personne qui ne désire pas son aide, il le savait mais cela ne rendait pas les choses plus faciles. « Tu peux t’enterrer dans cet appartement, cela ne le ramènera pas et cela ne soulagera pas ta peine. La seule chose que tu peux faire c’est d’avancer et d’espérer qu’un jour, les choses deviennent plus supportables à vivre. Je peux t’aider Capucine, je peux être là pour toi mais encore faut-il que tu veuilles de moi.. En fait, j’en ai rien à carrer que tu veuilles ou pas de moi… Je te l’ai dit : je refuse de perdre une autre personne » termine-t-il par dire avant de soupirer. Egoïstement, il avait besoin de se dire qu’on pouvait tous un jour être sauvé car cela faisait des années qu’il ne dormait que d’une oreille, des années qu’il s’enlisait dans la violence pour chasser ses démons. Bordel, cela faisait des années qu’il avait cessé de vivre sans la certitude que demain serait meilleur. Il aimerait tant qu’il en soit autrement pour elle.©TOWNTROTTER.
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