ADONIS R. PARMENTIER ► gabriella wilde

Les fleurs ont poussées. Le printemps s'installe doucement. Je frôle du revers de ma main, les bourgeons qui se forment enfin. L'odeur vient me chatouiller les narines comme une délicate sensation de bien être. Le soleil de Monaco tape sur ma peau dénudée. Une musique zen se fait entendre dans le jardin dans lequel je me trouve. Je tourne mon visage vers cette mélodie, tombant sur deux femmes que je ne manque pas de me moquer. Ma mère, délicieuse femme blonde au regard bleu, vêtue dans des vêtements moulants de sport. Ma soeur, blonde également, aussi en tenue de sport. Elles sont toutes les deux en train de faire des poses plus étrange que je ne peux l'imaginer. Du yoga, leur lubie du moment. Ma mère découvre mon regard et me sourit sans pour autant arrêter sa séance. "Tu viens avec nous ma pupuce ?" Ma pupuce. Dieu que je déteste ce surnom. Je suis la deuxième enfant de ma mère et de mon père. Ils on choyés l'arrivé de mon ainée, Astrée et celle de ma cadette, Ariane. Il n'y a pas à dire, être celle du milieu ça craint. Cependant je sais que les deux m'adorent à leur façon. Maman s'installe cette idée folle que je devrais tourner le dos à mon oncle, le roi de Monaco, son frère ainé. Être mêlée aux affaires des Grimaldi et des De Médicis ne m'apporteraient que des problèmes et des préoccupations. Trop tard, ais-je envie de dire. Suite à ma boulimie du lycée, maman s'est mise à m'interdire d'aller voir mon oncle, déclarant que c'était de sa faute. Mais c'est n'importe quoi, j'ai choisi de garder ce nom Parmentier, mais également de dire que je fais partie des Grimaldi. Ce n'est que de ma propre faute si j'ai sombré dans un dépression. J'ai été paranoïaque à l'idée de penser que je n'étais pas suffisamment parfaite. Au yeux de ma mère, c'est Ariane la plus parfaite ; gentille, vegan... elle lui ressemble. Pour mon père, c'est Astrée et son envie de tout réussir, de devenir la number one dans le monde des affaires. Pour... personne mis à part les dires de mes parents, je suis parfaite. Je me donne à fond pour dépasser l'intelligence d'Astrée. Je suis devenue hautaine, pompeuse et insensible pour ne pas devenir aussi manipulable et naïve qu'Ariane. Maman ne comprend pas pourquoi je ne laisse pas mon vrai moi ressortir. Sauf que je le laisse sortir, en présence de mes proches et de... "Adonis." Une voix masculine que je connais que trop bien se fait entendre comme un écho. Je me retourne, souriante, sachant déjà qui j'allais voir. Au bout du jardin se positionne un homme en costume habillé, les mains dans les poches de son pantalon beige. Il me sourit en s'avançant vers moi. "Abraham." Soufflais-je alors qu'il vient déposer ses lèvres sur mon front. Ses mains parcourent mes bras fêlent. "Je vous l'emprunte un instant, madame Parmentier." Il parle dans un français quasi-parfait, son accent britannique prenant largement le dessus. Abraham me tire par le bras, gentiment, avec lui. Il est mon fiancé depuis qu'on est gamins. Il connait mon oncle et la famille de ma mère pour le coup. C'est un fils de Lords en Angleterre ainsi qu'héritier d'une filiale de couture. C'est un pur gentleman et je l'ai toujours aimé. Aux anges, on s'arrête non-loin de sa belle porsche. "Adonis, il faut que je te dise..." "Tu as trouvé un endroit pour notre mariage Abby ? Si non, j'avais pensé qu'on pourrait le célébrer à Hawaii, qu'en dis-tu ?" Il me regarde dans les yeux, le silence règne. "Tu n'aimes pas Hawaï ? Que dirais-tu alors de Beverly Hills ? Ou alors dans un parc de cerisier japonais ? J'adore la couleur des-" Il me secoue en se mordant la lèvre. Son regard se fait plus sombre et plus froid. "Il n'y aura pas de mariage, Adonis. J'ai trouvé une autre femme et je l'aime bien plus que toi." Les mots ont du mal à entrer. Sans doute parce qu'il n'a jamais eu ce ton avec moi ? Un ton dénudé de sentiments de compassion et d'amour. Il semble sincère, je crois, je ne sais plus. J'allais ouvrir ma bouche quand il me quitte pour rejoindre sa voiture. La rupture la plus sèche et courte jamais entendue. "Tu... Pardon ?" Il part, me laissant en plan, là, au bord de la route, en face de ma propre maison. Je sais qu'on a trop de distances entre nous. Il étudie à Cambridge en Angleterre, tandis que moi je suis aux USA, à Harvard. Il a plus d'années que je n'en ai. Il a eut des petites amies avant qu'on officialise nos fiançailles il y a un an de cela. Il a hanté mes esprits depuis notre enfance. Je l'ai aimé d'un amour à sens unique les premières fois puis il a comprit et il m'a aimé à la suite. Tout. Tout vient de s'écrouler et le goût amer et déchirant de la rupture ne me va pas.