Fight for justice × Zack

A la base j'étais juste sorti pour fumer, pour m'aérer un peu l'esprit. J'allais péter un câble à force de rester enfermé dans la chambre, il fallait que je sente l'air frais caresser mon visage, la nicotine enfumer ma gorge. Mais voilà que, maintenant, je me retrouvais à aller vers un groupe de mecs beaucoup plus grands et musclés que moi qui s'en prenaient à plus jeune qu'eux. J'aurais pu rester dans mon coin à observer la scène mais non, c'était pas possible. Ça me rappelait trop quand mon petit frère se faisait harceler à l'école par des brutes. Si personne ne faisait rien, la situation empirerait. Alors j'étais parti les voir et je leur avais dit de lâcher mon p'tit frère. Le soir je rentrais chez moi avec un coquard. Mais peu importait parce que, Ian, lui, il allait bien. Ecrasant donc ma cigarette, je tapotais l'épaule du mec qui se foutait de la gueule de sa victime. « Eh tu veux pas le laisser tranquille ? » Calmement, comme si on discutait entre potes, je rentrais mes mains dans mes poches. La brute et ses deux potes, ou moutons plutôt, me toisèrent avant d'éclater de rire. « Dégage pauvre con ». Comme attendu. Un mec comme moi n'effrayerait jamais des écervelés comme eux. Tant pis, il allait falloir passer par le stade de la bagarre. « Ok je vais dégager mais avant... » et, sans attendre, je balançais mon poing droit dans sa figure. « Avant j'vais vous régler votre compte ». Ouais et hors de question de retenir mes coups. T'as voulu me manquer de respect ? Toi et tes gorilles vont le payer. S'il voulait le jouer avec les lois de la jungle, la loi du plus fort, on allait bien s'amuser. Mais, surtout, j'allais bien déguster. En fait je m'en tapais. Toute cette frustration que j'avais ressenti ces derniers jours, cette rancoeur qui m'envahissait parce que je n'avais pas pu demander à Billie de sortir avec moi, tout avait besoin de sortir. Alors ouais, peut-être que je finirais avec du sang sur les mains, des côtes cassées ou je sais pas quoi d'autre mais au moins je me serais défoulé et pour une bonne cause qui plus est.  

Le Spring Break était la période rêvée pour s'aérer l'esprit et pour arrêter de penser aux cours. Zack n'avait pas hésité une seule seconde à y participer. Chaque fois qu'il entendait des étudiants d'Harvard en parler, ce n'était que positif, alors il décida de s'y inscrire. Aimant faire la fête et partager du temps avec ses potes, c'était l'occasion rêvée.
Zack se tenait devant l'immense hôtel qui leur avait été réservé. Il rentrait tout juste d'un après-midi plage, et rêvait de pouvoir aller prendre une douche. Sur la plage, une bande de trois jeunes, qu'il ne connaissait absolument pas, n'avait cessé de le pointer du doigt en rigolant. Pensant qu'ils se lasseraient vite de se foutre de lui, Zack avait décidé de ne rien dire. Sauf que ces gars l'avaient suivis jusqu'à devant l'hôtel, ne cessant de l'insulter de pédé. Assumant pleinement son homosexualité, le jeune homme n'avait pas souvent entendu de pareilles insultes, et surtout venant de jeunes ayant bien la vingtaine. Zack n'était pas du genre à s'énerver, mais il n'avait pourtant pas envie de se laisser faire par des imbéciles pareils, se croyant invincibles parce qu'ils étaient plus nombreux. Le mannequin accéléra l'allure, sentant sa colère monter de plus en plus. Il frémit lorsqu'une main empoigna son épaule, le forçant à faire volte-face. Zack se retrouva alors nez-à-nez face aux trois inconnus, qui lui lançaient des regards haineux. Au même moment, un jeune brun sortit de l'hôtel et remarqua la scène et les rejoignit. Zack avala difficilement la salive, s'imaginant qu'il s'agissait d'un ami aux trois autres. Il fut choqué d'entre le fumeur demander aux trois autres de le laisser tranquille. Zack ne le connaissait pas et trouvait cela vraiment courageux de sa part de venir s'interposer dans une histoire dont il n'était pas concerné. Le plus grand de la bande l'insulta, lui ordonnant de dégager. Le nouvel arrivant ne sembla pas apprécier ce manque de respect et donna un violent coup de poing au visage de l'autre. Alors qu'il avait une main plaquée sur sa joue, ne se rendant toujours pas compte de ce qu'il venait de prendre en plein visage, les deux autres bondirent sur le brun et commencèrent à lui donner des coups de poings dans le ventre. Zack refusait de le laisser se faire tabasser de la sorte, et tenta de s'interposer. Il se prit alors une balayette et s'écrasa par terre, son visage tapa violemment le trottoir. Zack tenta de se relever, mais il était comme sonné.

De l'injustice il y en avait partout. Il suffisait de regarder les pays pauvres, l'argent qui possédait les gens, qui les rendait inhumain. Même si j'étais réaliste, si mon acte ne changerait pas grand chose au monde, je ne pouvais pas laisser ce mec se faire harceler par cette bande de connards. Ou de lâches plutôt. Ouais fallait pas avoir beaucoup de courage pour être trois contre un mec qui n'avait rien demandé. Voilà pourquoi je m'étais interposé, filant une droite au mec qui était apparemment le leader du groupe. Mais, avant même que j'ai le temps de réagir, ses potes me fonçaient dessus. Le plus musclé me tenait par derrière tandis que l'autre me donnait des coups. « Bande de... » Pas le temps de finir ma phrase, un coup dans le ventre. Je sens la douleur m'envahir, c'est presque insupportable quand il retape au même endroit. Alors je me débats comme un fou furieux, à tel point que j'ai même cru que le mec qui me tenait allait craquer. Mais non. Il tenait bon. Et le bourreau, lui, rigolait en me voyant m'acharner comme ça. Puis, craquant ses doigts, il décocha une droite en plein sur ma joue. Le bas de mon œil me faisait souffrir. Aucun doute : j'allais avoir un bleu. Ça m'apprendra à faire le malin. Le tête tournée, je remarquais le jeune qui était encore là, par terre, qui semblait sonné. « Barre toi » lâchais-je dans un murmure. La douleur était telle que j'avais du mal à parler. Je jouais les durs mais au fond je n'étais qu'un homme, sensible à la douleur, comme tout le monde. Et encore un coup qui m'arracha un cri. Ce moment me semblait interminable. Quand allaient-ils arrêter ? Je ne captais plus rien autour de moi. Mes jambes avaient même du mal à me porter. Mais, malgré ça, je faisais tout pour rester debout. Hors de question de mettre un genoux à terre devant ces types, ou de demander pardon. Ils ne le méritaient pas. Lamentable, pathétique. Une mauviette. Voilà de quoi je devais avoir l'air à ne pas pouvoir me défendre. Fallait sérieusement que je me mette à un sport de combats. Parce qu'un jour quelqu'un aura ma peau.

Zack n'avait pas l'habitude de se faire insulter à cause de son orientation sexuelle. L'homosexualité n'était plus un sujet autant tabou qu'au vingtième siècle, mais visiblement certaines personnes n'acceptaient toujours pas la différence. N'étant pas du genre à se battre, Zack aurait préféré ne pas devoir se salir les mains, mais il n'avait nullement envie de partir comme en voleur alors qu'un étudiant de son université était héroïquement venu à sa rescousse.
Prit d'un élan, le jeune homme avait essayé de protéger son camarade mais ses agresseurs avaient été plus rapides et n'avaient pas eu de mal à le mettre au sol en deux secondes. Zack était alors tombé lourdement au sol, se tapant la tête par terre. Il tenta de se relever mais son crâne lui faisait terriblement mal. Il fit un effort et se mit à quatre pattes, se rendant compte qu'il saignait du front. Il se passa une main tremblante sur le visage, ses doigts devenant pourpres. Zack releva son visage et se rendit compte que le jeune homme qui lui était venu en aide était entrain de se faire massacrer. Pendant qu'un des jeunes le tenait par derrière, les autres n'hésitaient pas une seule seconde à lui donner de violents coups de poings au visage et dans le ventre. Pendant un court instant, le mannequin se sentit inutile et impuissant. Il regrettait de ne pas savoir se battre pour avoir mit une raclée à ses enfoirés.
Pendant que le brun se prenait d'avantage de coups, ce dernier ordonna à Zack de se barrer. Voyant le visage ensanglanté de son camarade, le jeune étudiant se dit que s'il le laissait ici, il y laisserait sa peau. Pourtant, Zack savait pertinemment qu'il n'était d'aucune aide au jeune homme. Alors que les agresseurs s'acharnaient toujours sur son sauveur, Zack se leva péniblement et monta péniblement les marches menant à l'hôtel. Il lança un regard au brun et fila à l'intérieur du bâtiment, allant directement prévenir l'accueil de l'hôtel. La dame qui se chargeait de l'accueil scruta la plaie de Zack, et finit par appeler la police. Il se mordit la lèvre inférieure et retourna dehors, espérant que l'état de son camarade ne s'était pas empiré.

J'avais mal, tellement mal. A chaque coup, la douleur s'accentuait et je voyais maintenant flou et pourtant ces brutes ne me faisaient pas regretter de m'être interposé. Il était hors de question que je laisse un gosse se faire harceler comme ça, gosse assez courageux d'ailleurs étant donné qu'il avait essayé de se battre lui aussi. Malheureusement ils étaient trois hommes bien en forme qui savaient se battre. Nous n'avions aucune chance. Alors j'ordonnais au jeune brun de se barrer avant qu'il se prenne des coups lui aussi. La situation était assez claire, pourtant il semblait hésiter. Au fond j'avais peur qu'il me laisse tout seul face à eux mais il ne fallait pas se voiler la face : qu'il soit là ou pas, je serais dans un sale état quand ces hommes en auront fini avec moi. Il semblait le savoir alors il monta les marches et rentra dans l'hôtel. Pendant quelques minutes qui me semblaient être des heures, je continuais à me prendre des coups, n'ayant même plus la force de parler pour les insulter. Et eux se marraient, comme si c'était la plus grosse blague de l'année. Quelle bande d'imbéciles. Et quel idiot je faisais d'avoir joué au fier en les provoquant, en pensant pouvoir m'en sortir contre trois. J'étais qu'un homme, pas un super héros. A cette pensée, je sentis tout mon courage partir, se dissiper doucement. Et,  comme si la vie avait décidé d'être clémente envers moi pour une fois, comme si elle avait décidé d'être de mon côté pour ma première bonne action, je vis des gyrophares au loin. Bleu et rouge. La police. Alors le petit ne s'était finalement pas barré sans rien faire. Un sourire en coin, je lançais un regard plein de haine aux brutes. Ces derniers, se tournant vers la voiture de police, me lâchèrent pour s'enfuir. Mes jambes ne me tenant plus, je tombais par terre comme une merde jusqu'à ce qu'un des policiers vienne me relever et me demande si ça irait. Hochant la tête, je me dégageais de son bras pour entrer dans l'hôtel, retrouvant ainsi le jeune homme qui m'avait sauvé. « Eh mec tu t'appelles comment ? » Parce que si je devais me faire défoncer pour quelqu'un, autant que je connaisse le prénom de cette personne.