Leobel * Mama told me not to sell work

• J'ai peur de me réveiller et de me rendre compte que j'ai déjà soixante-trois ans. J'ai peur de ne pas avoir assez le temps de profiter de toutes ces personnes que j'aime. J'ai peur de me retrouver dans un hôpital, sur un putain de lit de mort, relié à des dizaines de perfusions et de machine surveillant mon cœur. J'ai peur de tout ça, j'ai pas envie de regretter quelque chose, de me dire que j'aurais pu changer mon futur, que j'aurais pu faire mieux. J'sais pas vraiment ce que l'avenir nous réserve, vous savez, tout ça, la vie, c'est juste une étape, à notre plus grand regret, nous ne sommes pas éternel, et, ça m'fait flipper. J'sais pas comment j'pourrais réagir face à la mort, comment j'pourrais m'en sortir. J'ai peur de ne pas être à la hauteur, de me retrouver au pied du mur et, d'être là, comme un con, avec de longs cheveux blancs et une vieille barbe mal entretenu. J'ai jamais eu une putain de vie, une vie faite d'argent, d'or et d'autres conneries. J'ai pas besoin d'être au centre de la pièce, d'être ce mec qu'on regarde et qu'on adule, je m'en bas les couilles, j'en ai complètement rien à foutre de toutes ces conneries faites pour les faibles d'esprits qui ont besoin d'un minimum d'affection et de se sentir important. Qu'est-ce que j'en ai à branler putain. Ne m'aimez pas, s'ils vous plaît, détester moi, ayez des envies de meurtres en me voyant, et là, je serais heureux, là, je pourrais vous éclatez la gueule calmement, paisiblement, tranquillement... Bande de putes que vous êtes. Depuis des années j'ai réalisé que je n'étais que de passage ici, que je n'étais qu'un pion de plus, un être balancé ici par hasard et qui devra travailler pour vivre, ou plutôt survivre. Alors, je fais comme je le désire, je suis ce junky, ce putain d'alcoolique qui ne se souvient pas tout le temps de ces soirées, ce mec qui se fout dans des merdes pas possible, ayant pour la violence et les conneries un gout un peu trop accru. Je suis juste un mec perdu dans un monde bien trop grand pour moi... Du moins, aujourd'hui, j'suis plutôt un mec perdu au milieu d'un commissariat. Ici, même les flics ont des rastas, ici, même les flics ont l'air défoncé, je me fond dans la masse, sauf que... Sauf que j'ai rien à foutre ici, j'étais tranquillement en train de marcher dans la rue lorsqu'on m'a sauté dessus, lorsque ces mecs en uniformes m'ont attrapé pour me trainer là, sur cette putain de chaise, à me poser des questions que je ne comprends pas. "J'pensais qu'être défoncé ici c'était autorisé !" Sauf que je comprends rapidement que ça n'a rien à voir avec ça, ils me disent qu'ils ont rencontré une soit disant personne étant du FBI, qu'un mandat d'arrêt est sur ma tête, que j'avais commis pas mal de meurtre, pleins de petites merde comme ça, sauf que je ne pige pas, okay, j'ai déjà tiré avec mon arme, j'ai déjà blessé des gens, mais jamais je n'ai tué quelqu'un, et depuis quand le FBI est sur mon dos ? Depuis quand le FBI vient en Jamaïque ? "On va chercher l'agent du FBI, il a besoin de vous parler" Je regarde ces mecs, je lâche un rire, c'est une blague ? •