where the hell did our lucky star go (tessy)

JOUR 1 - Vendredi 3 Mars
Aéroport de Boston


« Allez-y, je vous retrouverai tout à l'heure ! » que leur dit Melchior, faisant un signe de main à ses amis qui s'en allaient passer la douane. Il fit volte-face et se tourna de nouveau vers l'hotesse qui se chargeait d'enregistrer les bagages . « C'est un problème au moment de la réservation. Il y a eu un soucis sur le serveur qui a attribuer des sièges malheureusement déjà pris. » « Mais j'ai payé ce billet, j'ai encore la facture sur mon téléphone si vous voulez... » «Ce n'est pas le problème monsieur. Je ne peux rien faire, la personne qui a le même siège que vous a déjà été enregistré, il a déjà passé la douane. » « Et j'imagine que vous avez une solution pour réparer ce couac j'imagine. » fit-il sarcastique. Evidemment qu'elle ne pouvait pas faire revenir l'autre type qui avait son siège, mais autant lui donner une information utile, quelque chose pour arranger ça parce que pour le moment le Melchior, il est toujours sur le sol américain et il va encore y rester si elle ne se bouge pas l’hôtesse ! Oh que ça l'énervait... Il en perd patience, ce qui est rare chez le jeune homme. « Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour régler cette histoire. En attendant, veuillez patienter sur le côté là bas s'il vous plait, quelqu'un viendra vite s'occuper de vous. » C'est parfois compliqué de rester impassible dans certaines situations et il a clairement l'impression qu'on le teste aujourd’hui. Comme si ce Spring Break, il allait devoir le mériter. Comme s'il n'en avait pas déjà assez fait déjà ce semestre ! Son instinct lui dit de ne pas attendre sans rien faire, cette hôtesse semblait clairement ne rien avoir à faire s'il loupe son avion ou non. Alors il sort son téléphone et commence à passer plusieurs coups de fils, les sens en alerte, si jamais on venait « s'occuper de son cas ».

Le Spring Break n'a pas encore commencé que tout tourne déjà au cauchemar. Je croyais que je n'arriverai jamais à l'heure à l'aéroport. J'ai dû déposer Olivia chez ma mère, qui doit s'en occuper durant les deux prochaines semaines. C'est la première fois que je vais rester aussi longtemps loin de ma fille, et ça me brise le cœur de la laisser. Mais elle est entre de bonnes mains. Et ça me fera du bien de penser seulement à moi pendant quelques jours. En tout cas, la séparation a été difficile, Liv a pleuré et j'ai versé quelques larmes aussi en fermant la porte de chez maman Magyar. Il me restait environs une heure pour filer à l'aéroport, enregistrer mes valises, passer la sécurité et monter dans l'avion. C'est possible, j'y crois. Du moins j'y croyais. Jusqu'à ce que l'hôtesse chargée des enregistrements m'apprenne que mon billet n'est pas valide. Comment ça, il n'est pas valable ? Je l'ai réservé en même temps que les autres étudiants de Harvard. Il n'y a pas de raison pour qu'il y ait le moindre problème. Je m'énerve légèrement, je ne comprends pas bien ce qu'il se passe. Et le comportement désinvolte de l'employé n'aide pas du tout. Je suis désolée mademoiselle, mais votre billet ne vous permet pas de monter dans cet avion. Calme, il faut que je reste calme. Auriez-vous donc l'amabilité de me dire comment je vais me rendre en Jamaïque si ne ne peux pas prendre ce vol ? Veuillez patienter sur le côté, là-bas, quelqu'un va tenter de résoudre le problème. Je soupire et je m'éloigne, allant vers l'endroit indiqué. Je suis furieuse. Stressée aussi, parce que je ne veux pas louper l'avion. Ce n'est pas croyable ! Je ronchonne, croisant mes bras contre ma poitrine comme une gamine. Et puis je remarque, juste à côté de moi, un gars que je connais de vue, un Quincy. Melchior je crois, sans pour autant en être sûre. Tu devrais aller passer la douane, je crois que tout le monde a déjà embarqué.

Il avait bien besoin de ça maintenant quoi. Manquer un avion ! L'une des situation qu'il ne voulait jamais avoir à vivre. Et rester là à attendre alors que tous ses camarades montaient tranquillement dans l'avion, non merci. Et l'hotesse ne semblait pas coopérante alors il devait bien se débrouiller par lui même. C'est donc téléphone à l'oreille, tentant de joindre son oncle qui travaillait à l'aeroport, s'il y avait moyen d'arranger la situation et si oui, laquelle ? Parce que là, ça urgeait … Une jeune femme finit par arriver à côté de lui, remontée. Son visage lui est familier. Une fille de la Quincy aussi. Et bien ils en avaient de la veine chez les oranges on dirait ! Il lui est plutôt facile de deviner qu'elle venait de passer un sale moment avec ladite hôtesse d'accueil qu'il avait lui-même rencontrer. Le téléphone toujours à l'oreille, mis en attente, il finit par se tourner vers elle. « Oui je devrais … Mais j'ai eu la mauvaise surprise de découvrir que mon billet n'est plus valable parce que mon siège a été attribué aussi à quelqu'un d'autre. » maugrea-t-il, faisant les cent pas dans l'attente d'avoir enfin une personne à l'autre bout du fil. On peut sentir qu'il est en colère, cet imprévu avait eu le don de l'énerver et la désinvolture de l'hotesse encore plus, mais il fallait qu'il reste calme. S'énerver n'allait pas l'aider. « Désolé... Je suis un peu à cran mais c'est juste dingue que ça nous arrive maintenant quoi... » Il soupira longuement, avant de se redresser lorsqu'on lui répondit enfin au téléphone. Il fit un signe à la jeune Quincy pour l'excuser un moment, le temps de prendre l'appel. Il revient cinq minutes plus tard, l'air pressé. « Bon alors … Tessa ? Tessy ? » il plissa les yeux, comme concentré, plus sûr de se rappeler du prénom de la demoiselle. « Il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c'est qu'on peut encore avoir un vol pour la Jamaïque aujourd'hui. Pas pour le même aéroport mais il y a encore de la place, au moins on sera partis et on pourra prendre un taxi ou un bus une fois là bas. La mauvaise nouvelle, c'est que l'avion en question décolle dans deux heures, qu'il nous faut encore les billets et que le guichet se trouve de l'autre côté de l'aeroport dans un autre Terminal... Si tu le veux vraiment cet avion, va falloir courir. »

Je vois. Deux erreurs pour un seul vol, ça commence à faire beaucoup. Devrais-je me sentir soulagée de ne pas être la seule malchanceuse en ce début de spring break ? Parce que ce n'est pas vraiment le cas. Non, je suis encore plus remontée contre l'aéroport et contre la compagnie aérienne à qui j'ai acheté un billet. Des incompétents, c'est dingue ! Mais bon, c'est vrai, qu'au fond, je suis un tout petit peu rassurée d'être en présence de Melchior, parce qu'à deux on a plus de chance de se faire entendre et d'obtenir réparation. Et par réparation j'entends un autre aller-retour pour la Jamaïque, et le plus vite possible. Ne t'excuse pas, on est tout les deux à cran, ça se comprend. j'essayes de lui sourire, mais je dois plutôt faire une sorte de grimace. Parce que non, je n'ai pas le cœur à sourire ou à prendre tout ça à la rigolade. Melchior non plus d'ailleurs, parce qu'il a l'air agacé, énervé même. Il s'excuse lorsqu'il répond au téléphone et je reste là, immobile, comme une gourde. Je ne sais pas quoi faire. Je lance un coup d’œil à l'hôtesse qui nous ignore totalement, et je doute vraiment qu'elle nous soit de quelconque utilité. Et Melchior revient vers moi, il a visiblement terminé son coup de fil. Tessy. je dis simplement lorsqu'il hésite. Il faut vraiment que je m'investisse un peu plus dans la Quincy House, ça devient urgent. Et puis je l'écoute attentivement. Apparemment on a une chance de pouvoir éventuellement aller au Spring Break, c'est une bonne chose. Mais il va falloir réussir à prendre l'avion, ce qui s'annonce difficile. Je suis partante. Hors de question de louper le Spring Break. Allons donc prendre cet avion. Tu as l'air de t'y connaître plus que moi, alors je te suis. Ok, j'ai honte de l'avouer mais je n'ai jamais acheté de billet directement à l'aéroport, j'ai toujours réservé sur internet. Première chose à faire, je pense, se précipiter vers le fameux guichet à l'autre bout de l'aéroport. Heureusement que je fais attention à mes dépenses et que j'ai de l'argent sur mon compte en banque. On se précipite vers l'autre terminal. L'aéroport est bondé, à croire que tout le monde part en spirng break ou en vacances le même jour.

Deux erreurs pour un seul vol, oui en effet ça fait beaucoup. Et il est prêt à parier qu'il devait y en avoir d'autres tant qu'on y est. Merci la compagnie et leur sens du bon service ! C'est dur de commencer les vacances comme ça et alors que tous les étudiants attendaient ce break dans les cours avec impatience et se jettent dans les avions sans ménagement, il lui est bien difficile de rester calme. Non, il ressent une grande frustration même. Mais il arrive à rendre le sourire dans la compassion que lui accorde Tessy. C'est vrai que quelque part, ce n'était pas cool qu'elle soit dans cette galère elle aussi, mais quelque part, le Quincy est bien content de ne pas se retrouver complètement seul dans cette mésaventure. C'est alors qu'après son coup de fil, Melchior lui expose son plan, qui n'est pas de tout repos, et qui n'est pas encore gagné, mais cela reste faisable. Il acquiesce de la tête d'un air entendu. « Bon alors on est parti ! » Melchior prend les devants et ouvre le chemin. Il connait assez bien les lieux pour avoir fait de nombreux allers et retours à New York et puis, son oncle y travaille, c'est un plus. Ça y est, la course commence. Encore heureux qu'il n'a plus ses béquilles avec lui mais quand même. Si son médecin le voyait, il le tuerait très probablement sur place. Soyons positif et disons que cela fait parti de sa rééducation. Alors il évite de rentrer dans des personnes, slalome entre les gens et serre la mâchoire pour contenir la douleur de temps à autre. « On devrait pouvoir échangé nos billets avec un peu de chance. Ça foutrait les boules de devoir payer un nouveau billet. » Il retient la porte de la navette pour laisser passer Tessy avant de s'y engouffrer à son tour. Une navette qui les transporte jusqu'au bon Terminal, là où ils peuvent esperer avoir un avion pour la Jamaïque. Un court temps de repos où il peut se laisser aller à repenser à tout ça. « La première chose que je fais en arrivant à Negril c'est de me jeter dans la mer. »

Nos vacances commencent mal, c'est le cas de le dire. L'avion qui était censé nous emmener en Jamaïque est très certainement en train de décoller, sans nous. J'envie les autres, qui sont sans doute confortablement installés dans leurs sièges respectifs. Ils ont de la chance, eux, contrairement à Melchior et moi. Il fallait que ça tombe sur nous, parmi les centaines d'étudiants partant en Spring Break à travers les Etats-Unis. Heureusement que je ne me  retrouve pas seule, parce que sans mon compagnon d'infortune, je serai probablement en train de paniquer inutilement et je n'aurais jamais eu la volonté et le courage de tenter de prendre un autre avion. Non, j'aurais probablement tiré un trait sur mon spring break et je serais retournée chez moi. Mais là, Melchior nous sauve plus ou moins. Il réussi à nous trouver un autre vol et me guide à travers l'énorme aéroport. Autant dire que je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi énorme. Et j'espère qu'on aura le temps d'arriver à l'autre terminal et de monter dans l'avion. J'espère qu'ils seront conciliants. C'est de leur faute tout ça, pas de la nôtre. Ils nous doivent bien un échange de billets sans aucun frais. Il ne manquerait plus qu'on soit obligés de payer de nouveau. En attendant, on arrive à prendre une navette, tout juste, mais quand même. À croire que notre bonne étoile ne nous a pas totalement lâché. Je cherche une place assise du regard, en vain. La navette est bondée, à quoi m'attendais-je ? Je soupire avant de tourner la tête vers Melchior, et de lui sourire, un peu. Pareil ! Ça fait des semaines que j'attends ça. Et j'en ai encore plus envie maintenant qu'on est dans cette galère. L'eau azure, la chaleur, le sable blanc, j'en rêve. Ou alors je me jetterai peut-être dans mon lit, parce que le voyage va être long et que je ne dors jamais beaucoup dans les avions. Je vais pouvoir faire la grasse-matinée autant que je le voudrai. Je n'aurais pas à me lever plusieurs fois par nuit pour nourrir mon adorable bambin. La navette freine devant l'autre Terminal, celui dans lequel on est censés échanger nos billets et embarquer. Les passagers se bousculent, l'un d'eux m'écrase le pied et je m'efforce de ne rien dire. Je jette un coup d’œil à l'autre Quincy, comme pour lui demander confirmation que l'on doit bien descendre ici. Et je sors du véhicule bondé, la course reprend.