E. "LÉO" DE ROTHSCHILD ► Bryden Jenkins

Léo De Rothschild, c'est comme ça que tout le monde t'appelle, c'est ton nom qui fait un peu thug, qui t'éloigne de ce monde dans lequel tu t'es jamais sentit réellement à ta place. Ouais, parce que toi la vie de bourge ça te faisait carrément chier, t'as essayé pendant un temps de faire semblant, de refouler tes pulsions et cette envie d'adrénaline qui t'oppressé un peu trop. T'as essayé mais t'as pas tenu le coup, tu savais au fond d'toi  que c'était perdu d'avance, que t'aurais pas pu finir comme eux tous. Comme ton frère, comme tes cousins. T'es le vilain petit canard des Rothschild, t'es celle qu'on regarde comme si elle avait la peste, celle qui a pour rôle d'ombre noire sur ce tableau coloré. + T'était jeune, t'était gosse encore et il y avait lui. Lui qui n'a pas ton sang, qui s'est parfaitement confondu avec cette famille un peu trop stricte. Un peu trop droite, un peu trop coincée. Alors, toi t'as aimé le fait qu'il soit différent. Qu'il te comprenne, qu'il ne suive pas bêtement ces règles prescrites. Lennox, c'est tout et rien à la fois. C'était la chaleur brûlante, et le froid hivernal. C'était l'amour, l'amitié un peu de tout mélangé, un peu de vous. C'était les nuits sans fin à parler les jambes dans le vide, la tête dans les nuages à parler de tout. De rien. C'était les regards qui ne trompent pas, c'était ton premier baiser, ta première fois. Lennox. C'est celui que jamais tu n'oubliera, malgré les silences, malgré la distance, malgré ce refoulement permanent, malgré mille et unes chose, Lennox restera à jamais Lennox. Douceur et passion inédite, incomprise, trop cons pour en évaluer l'ampleur. Trop jeunes pour y croire à l'époque. + Et puis toi Léo, t'as sombré dans le mauvais côté. Au fond de ce gouffre où il est facile de tomber mais quasi  impossible de remonter. Dans ce gouffre dans lequel tu te noie depuis des années maintenant sans un cri de SOS, sans jamais rien dire parce que t'aime souffrir dans le silence toi. T'aime te renfermer sur toi-même en espérant juste que ça passe. + Elle était belle ton époque d'innocence. Trop courte, trop brève avec une odeur de regret qui plane. T'as supplié tes parents de te laisser intégrer une école, d'pas  t'obliger à faire tes cours à domicile parce que t'avais besoin de voir des gens. De voir le monde. De respirer à pleines narines comme t'as jamais pu le faire. Alors, ils ont succombé au final, ta grand mère n'a vraiment pas apprécié mais t'en avais rien à foutre toi. L'essentiel c'est que tu pouvais enfin sortir de ta tour, que tu pouvais enfin balancer cette couronne qui pesait trop lourd. + Au final, on t'as tendu la main et t'as prit le bras. T'as cette bande de connards qui traînent devant ton école, l'genre de mecs que tout le monde esquivait sauf toi. Non, toi, amoureuse du danger. Tu devais être sadomasochiste ou une connerie dans l'genre mais tu pouvais pas t'empêcher de les regarder, de les dévisager du coin de l'œil sans oser parler parce que t'était cette petite bourge trop bien élevée. Mais il t'as vu, il a planté son regard dans le tient et bye bye Eléonore, bonjour Léo la terreur. C'était terminé pour toi, il n'avait fait qu'une bouchée de ton âme. Tu respirais son odeur, tes yeux ne brillaient que pour les siens, tes lèvres brûlaient pour les siennes. Il t'avais tout prit, il ne te restait plus rien mise à part son image. + Et t'as changé Léo, t'était plus la même. Du style vestimentaire à ton langage, il ne restait plus rien de toi et tu kiffais ça ! T'était contente de te libérer enfin de tes chaînes, de vivre cette vie libertine mais à quel prix ? Il t'as kidnappé dans son monde, odeur de drogue qui plane. Le goût de liqueur qui vient brûler tes entrailles, l'odeur du tabac froid dans tes cheveux et ses yeux qui n'avaient plus rien de doux. T'était plus la même, t'as abandonné tout ce qui pouvait te ramener à ta prison intérieur, t'as tout laissé derrière toi sans te retourner. + Ils voulaient plus de lui et toi, ils en ont jamais voulus. Alors ils ont tentés de vous séparer, de mettre des barrières entre vous deux mais ils n'ont reçus en échange que ta colère. Que ta rage et une lettre en guise d'adieu. D'au revoir. Une lettre signalant ton départ, cette coupure brutale dont ta mère ne s'est jamais remise. Ta grand mère, elle, préfère faire comme si tu n'avais jamais existé. C'est beaucoup plus simple, moins douloureux. Bonjour l'Irlande, bonjour ta nouvelle vie soit disant meilleure. + Comment se remettre quand ton amour dépasse la lucidité ? La raison ? Quand ton amour se développe pour l'acteur de tout tes maux, de tout tes cauchemars effrayants à en glacer le sang ? Et tout ces docteurs à la con qui te diagnostique, qui t'analyse comme Si t'étais qu'une vulgaire bête sauvage. Tu les regardes passer un par un sous ton regard vide de sens, ton  corps est là mais ton âme s'en est allé. Tu ne fait plus la différence entre le bien et le mal, tu t'es perdu ce jour où il t'as arraché à la vie, où il t'as gardé dans son jardin secret en te faisant croire à l'impensable, à l'impossible. Les jours passent, les mois passent et t'es toujours enfermé entre ses quatre murs. Tu perds la notion du temps, tu perds le nord, et seul son visage à bord. Tu t'habitue à cet être infâme, perfide, faux. Tu t'attache à celui qui t'as détruite jusqu'à l'os, tu t'attache contre toute logique, contre toute nature à celui qui a fait de toi sa prisonnière. + Adieu mon amour. C'est ce que tu hurles au fond de toi, ce que tu veux dire mais tes lèvres restent scellées sous la force de ses coups. Tu fermes les yeux, tu subis son amour fracassant sans un sanglot, sans une perle salée parce que le peu qu'il reste de ton honneur te l'interdit. Alors tu fermes ta gueule, t'encaisse encore et encore sans savoir Si tu vas t'en relever. Si tu pourras survivre à la prochaine rafale de coup de poings qui t'assaillent. Prise en otage entre les barreaux de son coeur, la sortie de secours te semble inaccessible. Hors d'atteinte. Alors, tu fermes les yeux plus fort, priant pour que tout s'arrête enfin. + Visage ensanglantée, hématomes impossible à camoufler, coeur en vrac, coeur en miette, tu foules le sol du bitume rapidement. Cherchant, cherchant encore un putain de refuge. Et c'est sur lui que tu tombes, lui que t'as trouvé comme seul échappatoire, lui et sa peau ébène. C'est dans le chagrin que vous vous trouvez l'un l'autre, que vos corps s'appellent, s'attirent comme il n'est pas permis. L'interdit, la dégringolade vers une addiction que tu ne peux pas avoir. Résister t'abime, alors dans cette nuit froide tu te laisser aller dans les bras d'un homme qui ne sera jamais tient. + Les gyrophares résonnent. Le bruit de la délivrance sonne et c'est comme un poids qui s'enlève de ta poitrine quand ses mains se retrouvent enchaînées. Tu fais des promesses que tu ne tiendra pas, tu dis des mots que tu ne pense pas, tu veux lui faire croire à un futur parfait, à tout ce qu'il n'aura jamais. Un dernier baiser, un dernier adieu que tu te dit définitif. Alors, tu le regarde s'éloigner jusqu'à la dernière seconde, jusqu'à ce qu'il laisse place à un vide trop lourd, un silence trop pesant que t'as du mal à encaisser. Pourtant, tu sais que ta vie est mieux sans lui, que votre amour est nocif, qu'il t'anéantira jusqu'à ce que tu deviennes poussière. Mais son prénom reste indélébile, impossible à retirer, comme une cicatrice que tu garderas chaque jour de ta putain de vie. Adieu mon  amour, on se retrouvera en enfer, brûler par les flammes de nos péchés. + Balaye tes larmes comme tu balayes le passé. Avance sans plus te retourner, il ne reviendra pas, plus, jamais. Avance sans penser à hier, sans penser à demain. T'essaye, de toute tes forces, t'essaye tant bien que mal mais il te manque bordel ! Tu l'ressens ce putain de manque, cette putain d'angoisse de ne plus jamais pouvoir recroiser sa route. Et tu marches nerveusement dans les rues de Cambridge, peu importe où, tout ce que tu veux c'est respirer un peu d'air frais. Juste un peu. À la recherche de son parfum, de son odeur, peu importe mais un truc qui te ramène à lui. Tu passes et repasses, perdue, crise de panique, crise d'angoisse et te voilà.. Misérable. + T'as débarqué ici y'a quelques semaines, une arrivée encore récente. Un nouveau départ, une autre vie. Un nouvel espoir de quelque chose de meilleur p'têtre.. Tu sais pas, t'en sais foutrement rien ! Tout ce que tu sais c'est que les appels de Lennox t'ont convaincus au final, que t'as besoin de le revoir. De le sentir près de toi même si putain t'appréhende bordel. Tu t'es donné du mal pour intégrer Harvard, t'as galéré à remonter ta moyenne, à bosser dur pour obtenir un résultat assez satisfaisant. C'est fait, maintenant t'es là pour le meilleur comme pour le pire.