Let's show them I'm better| Jahir A. Weston

❝ Let's show them I'm better ❞
ZACK & JAHIR.

Zack sortit de la bibliothèque d'Harvard, la tête prête à exploser et les mains endolories tellement il avait écrit. Il avait passé son après-midi à faire le brouillon d'une rédaction qu'il devait faire pour la semaine prochaine pour son cours de design et de mode. Les heures étaient rapidement passées, étant donné que c'était sa passion, mais il était tout de même épuisé et incapable de réfléchir ou d'écrire davantage.
Habituellement, il aurait filé dans sa voiture pour retourner chez lui, mais cette fois-ci, il n'en avait pas envie. Zack avait passé son après-midi la tête dans les livres, alors il avait bien le droit de s'aérer l'esprit avant de rentrer dormir. Il réfléchit à un endroit où aller, pas loin d'Harvard pour ne pas avoir besoin de déplacer son véhicule. Le jeune homme décida d'aller voir au Harvard Stadium s'il y avait un entraînement de baseball. En plus de d'aimer ce sport en tant que spectateur, Zack aimait bien aller se rincer l'œil en voyant des étudiants suer sur le terrain.
Il fila en direction du stade, prenant tout de même son temps. Néanmoins, il espérait qu'il y avait un entraînement, ne voulant pas avoir fait le chemin pour rien. Zack poussa un soupir de soulagement lorsqu'il vit que le stade était illuminé. Il pénétra dans les locaux, et se dirigea vers les gradins. Les joueurs étaient sur le terrain, courant suivant les indications hurlées par l'entraîneur. Le jeune homme tourna la tête et vit un garçon, installer dans les gradins. Zack se dirigea à sa rencontre et s'assit à côté de lui, souriant. « Je vois que je ne suis pas le seul à aimer venir me rincer l'œil après une journée, » plaisanta-t-il en rigolant doucement. Bien qu'il ne connaissait pas ce jeune homme, Zack n'hésitait pas à plaisanter.

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ZACK & JAHIR.

Revenir sur le campus, ce n’est pas quelque chose que je suis censé faire. Mes études sont momentanément derrière-moi, peut-être qu’elles sont définitivement terminées. Le futur me le dira, les prochaines semaines seront décisives quoiqu’il arrive. Mon père attend, il perd patience et il a de quoi. J’imagine que ce doit être difficile d’être aussi impuissant face au futur de sa progéniture. Il aimerait que je poursuive mes études de médecine, il y a de quoi le comprendre, j’ai passé les deux premières années avec succès en atterrissant major de promo l’année dernière. Mes professeurs sont optimistes lorsqu’ils pensent à ma carrière, de quoi donner des ailes à n’importe quel étudiant. Oui, sauf que la médecine ce n’est pas ce qui me fait le plus vibrer, la musique m’a fait ressentir dernièrement ce que rien d’autre n’a été capable de me faire sentir. Un cocktail Molotov d’émotions qui m’a explosé à la gueule lorsque j’ai mis le pied sur cette immense scène, lorsque ma voix a brisé le silence et fait se retourner trois des quatre sièges des coaches de The Voice. Quand je repense à cette audition je ne me souviens quasiment de rien, j’étais tellement stressé puis tellement pris par ma chanson que j’en ai oublié tout ce qu’il y avait autour. Compréhensible, surtout pour le grand timide que je suis. J’ai passé une étape de qualifications supplémentaire depuis, encore une et j’aurais accès aux Primes, je suppose que c’est ce qui me manque pour pouvoir demander plus de temps à mon père, pour que cette requête soit légitime. Il a été très franc avec moi, il m’a bien précisé que s’il ressentait que des opportunités s’ouvraient à moi dans la musique il accepterait que je mette mes études entre parenthèses plus longuement. Espère-t-il l’inverse ? Je n’en sais rien, il n’a jamais été du genre à proclamer sa fierté à haute voix, tout doit être deviné avec lui, épuisant… Son comportement est parfois très épuisant.
Quoiqu’il en soit, le campus est resté un élément de mon quotidien, en attendant les prochaines étapes d’enregistrement je comble mon retard. J’ai peut-être opté pour une année sabbatique mais la connaissance n’attend pas. Mon plaisir coupable ? M’arrêter au stade, profiter des entrainements pour dévorer un bouquin de médecine en attendant le début de mon propre entrainement de natation. L’université prête généreusement à l’équipe nationale de natation ses piscines une fois par semaine. Générosité ou intérêt ? Un peu des deux. Il fait doux aujourd’hui, j’ai abandonné ma veste à quelques centimètres de moi pour offrir à ma peau un peu de vitamine, elle en a bien besoin après un hiver passé sous des tonnes de couches de vêtements. Quelqu’un vient m’interrompre et me confronter à un rinçage d’œil. Il me faut quelques secondes pour remettre les pièces du puzzle dans le bon ordre et comprendre à quoi il fait allusion, un sourire étire timidement mes lèvres et je balbutie. « Ah euh… Non… Je pourrais mais… Non… J’attends pour m’entrainer aussi ! » Timidité quand tu nous tiens. « Et toi ? Tu viens ici pour te rincer l’œil ? »

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Zack a toujours été comme ça, à l'aise même s'il rencontrait tout juste la personne avec qui il parlait. Le jeune homme plaisantait toujours et n'avait aucun problème à parler de son homosexualité. Avant, si, mais maintenant, il s'était mis en tête de ne plus faire attention au regard des autres, de vivre sa vie sans se préoccuper des remarques. Et cela lui réussissait plutôt bien.
Il ne connaissait pas ce jeune homme, mais il le trouvait plutôt charmant. En lui disant qu'il n'était pas le seul à venir se rincer l'œil au stade, Zack remarqua immédiatement qu'il venait de mettre l'inconnu mal à l'aise, ce qui le fit sourire avec malice. Il lâcha un timide sourire et balbutia quelques paroles, déclarant qu'il venait lui aussi s'entraîner. Mais ce dont Zack retenu, c'était qu'il venait de dire qu'il pourrait, après s'être rattrapé en parlant de l'entraînement. « Tu fais du baseball ? » demanda Zack, curieux de découvrir le sport que pratiquait ce charmant homme.
Toujours autant timide, il retourna la question à Zack, comme s'il voulait écarter le sujet. Avec rire joyeux, le jeune homme répondit avec toute honnêteté : « Ouep, » dit-il avant de marquer une petite pause, lançant un regard vers le terrain où les joueurs étaient toujours à fond dans leur entraînement. « Rien de mieux que ça après avoir taffé pendant des heures, pas vrai ? » le taquina-t-il avec un clin d'œil amical.

@JAHIR A. WESTON

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Être abordé de la sorte par un parfait inconnu ce n’est pas quelque chose qui m’arrive en temps normal. Il n’est nullement question de physique, je n’ai pas une image idyllique de ma petite personne mais je demeure suffisamment réaliste pour avoir conscience que je plais. Mon physique est une source d’attractivité qui compense avec ma maladresse et ma timidité. Pour une nuit, le physique fait tout, lorsque l’on souhaite aller plus loin ma personnalité peut très rapidement devenir un problème. Il semblerait en tout cas que ce soit le cas pour les autres, ils ont tous fini par jeter l’éponge tôt ou tard. Ce n’est pourtant pas faute de travailler sur mes défauts, j’ai conscience qu’il me faut parvenir à m’ouvrir davantage, à dépasser ma timidité, à faire la conversation… Toutes ces qualités qui semblent me faire défaut sont présentes en moi, il n’y a qu’à me voir avec mes amis les plus proches. Le problème le plus important est tout autre, la confiance. Difficile d’accorder sa confiance aux autres quand tu n’as pas confiance en ta propre personne. J’ai du mal à rebondir sur les propos du garçon qui vient de m’aborder, le fait qu’il assume aussi facilement d’être attiré par les mecs a de quoi me surprendre, me surprendre en bien. J’ai toujours salué les gens qui vivaient leur vie telle qu’ils désiraient qu’elle soit, sans se prendre la tête et en brandissant un magnifique doigt d’honneur à ceux que cela aurait pu déranger. Nous sommes en 2017, ce comportement ne devrait plus surprendre, il devrait être signe de normalité. Je m’emmêle un peu les pinceaux entre quelques balbutiements mais parviens quand même à bafouiller une phrase quelconque. Il surenchéri, baseball ? Pas vraiment. J’hoche la tête de droite à gauche, négation absolue. « Non non, de la natation… Je suis membre de l’équipe Nationale ! » Pas que je m’en vante, plutôt pour repréciser mon statut, je ne suis plus étudiant après tout, difficile d’être membre de l’équipe d’Harvard dans de telles conditions. Il se rapproche et je crois cerner une rougeur qui empourpre mes joues, putain de timidité. Je prends sur moi et dégage ma veste du gradin pour qu’il puisse s’installer à côté de moi. Je ne perds pas une miette de ses propos, il est définitivement très à l’aise avec lui-même. « On peut voir les choses sous cet angle oui, le sport me vide encore mieux la tête mais… Mais… Mais oui… C’est vrai. » Une question me taraude. « Tu t’appelles comment ? »

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Contrairement à ce que l'on pourrait croire, Zack n'a pas toujours été autant à l'aise avec sa sexualité. En effet, des années auparavant, seul son défunt jumeau était au courant de son orientation sexuelle. Il n'en avait pas honte mais il avait peur que ses proches lui tournent le dos en l'apprenant, alors il préférait garder le secret. Il l'avait tout de même dit à son jumeau, qui l'avait très bien pris, ce qui le motiva quelque peu. À la mort de son frère lors d'un tragique accident de la route, Zack décida d'assumer pleinement son homosexualité pour faire honneur à son frère. Et ce fut la libération. Maintenant qu'il l'assumait, il était totalement libre et ne se sentait plus rongé par ce secret.
Niveau amour, Zack n'avait pas encore eu de relation. Contrairement à certain, se mettre en couple n'était pas un objectif pour lui. Le jeune homme préférait largement profiter de sa jeunesse en allant de droite à gauche, sans jamais s'attacher à ses partenaires. Il se sentait bien trop jeune et pas assez mature pour assumer une relation amoureuse, alors il préférait rester célibataire et s'amuser de temps en temps.
Lorsque Zack apprit que son camarade attendait son entraînement, il lui demanda s'il jouait au baseball. Ce dernier répondit que non, mais qu'il était membre de l'Équipe nationale de natation. Zack fut impressionné de cette annonce, se disant qu'il devait vraiment carburer en natation pour faire partie de cette équipe. « Ah ouais, tu ne plaisantes pas à moitié toi ! » rigola Zack, toujours autant impressionné.
Le nageur poussa sa veste du siège d'à côté pour que Zack puisse s'asseoir à ses côtés. Ce dernier n'hésita pas une seule seconde et se rapprocha de l'inconnu. Le voir rougir et sourire avec timidité faisait plaisir à Zack, qui appréciait les personnes au caractère timoré. Son camarade déclara que le sport lui vidait plus la tête, puis, balbutiant, il ajouta que se rincer l'œil pouvait aussi lui vider la tête, ce qui fit sourire Zack, content de trouver quelqu'un avec ce genre de point en commun. Il lui demanda comment est-ce qu'il s'appelait. « Zack, et toi ? » demanda-t-il à son tour, curieux de pouvoir mettre un prénom sur ce beau visage aux joues rougissantes.

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De mémoire, je n’ai aucun souvenir de mal-être ou de gêne ressentie face à l’éveil de ma sexualité et de ma bisexualité. A vrai dire, j’ai toujours été très fluide. Toujours à considérer l’attirance et les sentiments plutôt que le genre. Pourquoi vouloir se limiter quand un champ immense s’ouvre à toi ? Pour rentrer dans une case qui parait la plus normalisée ? Rentrer dans les clous ça n’a jamais été mon truc non plus. Je ne suis pas le mec le plus expressif pour autant, j’ai une certaine pudeur qui m’empêche parfois de faire certaines choses alors que je n’aurais aucune raison d’avoir honte ou de me sentir mal. La vie est faite ainsi, parfois elle vous donne l’impression de trop en faire pour ensuite vous donner l’impression de ne pas en avoir assez fait. Tout cela pour dire que je me suis toujours senti très à l’aise avec ma sexualité même si j’ai l’air d’avoir dix ans face à ce garçon à la franchise plaisante mais surprenante. Je n’ai pas l’habitude qu’on m’aborde de la sorte avec autant d’honnêteté. C’est agréable cela dit, on sait au moins où il va ! Les remarques s’enchainent les unes derrière les autres et je termine par balancer que je ne suis pas là pour mater les garçons de l’équipe de baseball même si la perspective pourrait effectivement avoir de l’intérêt. J’attends simplement le début de mon propre entrainement, être en avance c’est mon truc et j’en profite pour me détendre un petit peu, lire un bouquin et rattraper un retard que je ne veux pas prendre en pleine figure si je reprends les cours en Septembre 2017. Membre de l’équipe de baseball ? Pas vraiment, sa remarque fait preuve d’un léger manque de logique que je ne remarquerais pas à haute voix. Si j’étais membre de cette équipe je serais sur le terrain avec eux non ? A moins qu’un autre entrainement avec une équipe d’un niveau différent prenne place juste après ? Je n’en sais rien, je ne suis jamais là jusqu’à la fin de cet entrainement puisque j’attaque le mien entre temps. « En natation jamais ! » Pas le temps de niaiser comme disent les jeunes, l’avantage c’est que j’ai très peu besoin de faire de la musculation, les heures passées dans la piscine maintiennent ma musculature et me permettent de m’autoriser quelques excès de temps en temps quand l’envie me prend.
L’heure n’est plus à la natation mais aux présentations, cet amusant jeune homme se prénomme donc Zack, noté dans un coin de mon cerveau. « Jahir ! »

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ZACK & JAHIR.

Un sublime sourire se dessina sur les lèvres de Zack lorsque son camarade déclara qu'il ne plaisantait jamais avec la natation. Cela lui faisait penser à sa propre passion, le mannequinat. Honnêtement, il n'avait jamais pensé à pouvoir un jour être modèle photo, mais avec de la persévérance et de la motivation, Zack avait réussi à décrocher un contrat, au plus grand bonheur de ses parents, mais surtout de sa mère. Cette passion pour le monde de la mode lui est venu de sa mère, qui est styliste. Dès son plus jeune âge, Zack l'accompagnait dans tous ses déplacements à l'étranger. Il avait été mit dans le bain de ce monde très jeune, et il ne voulait plus le quitter. Néanmoins, Zack avait quelque peu été déçu par l'ambiance qui régnait dans n'importe quelle agence de mannequinat. Les mannequins voyaient leurs camarades comme des adversaires, et non comme des potentielles connaissances. Ils se faisaient sans cesse des coups bas pour parvenir à se hisser au sommet de l'agence. Zack n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, mais il n'était pas méchant gratuitement. Si un mannequin était plus doué que lui, le jeune homme le prendrait comme exemple alors que les autres sont capables de tout pour qu'il perde tous ses contrats.
Le nageur venait de demander à Zack comment est-ce qu'il s'appelait, la question logique lors d'une discussion avec une personne que l'on vient tout juste de rencontrer. Le mannequin lui retourna la question, curieux de pouvoir mettre un prénom sur ce beau jeune homme. Il s'appelait donc Jahir, un prénom qui lui allait très bien et que Zack n'avait jamais entendu auparavant. « Enchanté Jahir, » répondit Zack, avec un clin d'œil malicieux à l'adresse de son camarade. « Tu es étudiant à Harvard ? » demanda-t-il, voulant en savoir davantage sur ce Jahir, sachant qu'il ne l'avait encore jamais croisé dans l'enceinte de l'université.

@JAHIR A. WESTON

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