Children (Bambi)

Il y a des journées qui promettent d’être magnifiques. Inutile de chercher midi à quatorze heures, il ne s’agit que d’un sentiment mais il ne me fait que très rarement défaut. J’éprouve toujours cette immense joie de vivre lorsque je me prépare pour un après-midi comme celui qui arrive, passer des heures avec des enfants malades. Un tel programme aurait de quoi en plomber plus d’un, être confronté aux cancers, aux maladies dégénératives, aux tuiles du quotidien qui affectent ces petits bouts de chou ça ne met pas forcément du baume au cœur, au contraire. A chaque fois je ressors partagé entre une tristesse immense, celle qui te vient du plus profond du cœur, une injustice pour ces enfants qui n’ont pas encore eu le temps de voler de leurs propres ailes, de vivre tout simplement. Ce sentiment ne prend cependant pas le dessus sur ce que je ressens à côté : de la joie. Je ne connais pas plus formateur que de côtoyer de petits bouts de choux comme eux, ils sont malades, certains le sont même à un très haut degré et pourtant… Pourtant ils continuent à vivre en dépit de tout cela. Leur force est un exemple, les étoiles qu’ils ont dans les yeux lorsque nous venons les divertir quelques heures n’a aucun prix. Je ressors à chaque fois rincé émotionnellement par ces sessions. Combien de fois me suis-je retrouvé à ravaler mes larmes difficilement en regardant ces jeunes ? A exploser en sanglots une fois à la voiture parce que leur courage et leur parcours m’avaient touché ? Difficile de ne pas s’attacher à eux, nous ne devrions peut-être pas mais je ne sais pas faire autrement. Une chance pour moi que Bambi soit sur la même longueur d’ondes, elle est devenue une sorte de partenaire, mon binôme dans cette aventure. Nous ne sommes pas obligés de venir ensemble mais nous le faisons parce qu’à deux nous sommes plus forts. Toujours… Enfin toujours… Pas ces derniers temps, je m’inquiète autant pour elle que pour ces enfants, difficile d’être serein mais le plaisir est toujours là. T’es en retard, comme toujours. Je vais dire à Enzo de te donner un gage :P Je lui écris rapidement par SMS, Enzo, il déteste le retard, ce gosse est réglé comme une pendule, il a pris l’habitude de donner des gages à ceux qui arrivent en retard. Que va-t-il nous demander de faire cette fois ?

Bambi adorait les moments passés avec les enfants. Cela permettait qu'ils sortent de leur quotidien de maladie, et de son côté, elle avait l'impression de garder son âme de gosse. Bien qu'elle ne soit pas bien vieille - vingt-quatre ans n'étant pas un âge canonique - elle avait besoin de garder ses rêves. Puis quelque part, c'était aussi une façon pour elle de se sentir mieux vis à vis de son passé, des horreurs qu'elle avait vécues et de son bébé perdu. S'occuper de ses petits trésors comme l'italienne les appelaient restait une véritable bouffée d'air frais et pourtant aujourd'hui, un léger retard était à déplorer. La raison ? Une crise qu'il avait fallut apaiser avec de l'oxygène et qui l'avait fait douter de sa présence jusqu'à la dernière minute. Par chance, se sentant mieux, elle s'était dépêchée de prendre sa bagnole pour se rendre à l'hôpital où Jahir l'attendait déjà. Je me grouille je suis bientôt là, au pire Enzo me donnera un petit gage répondit-elle aussitôt alors qu'elle rentrait dans l'hôpital et arrivait là où le jeune homme l'attendait. Bambi lui fit un grand signe de la main en arrivant essoufflée. Pfiow j'ai cru que j'allais pas y arriver ! Tu vas bien ?