Agabel - Saint Valentin à Hawaï

• • On a l'impression de toucher le fond, d'être perdu et livré à soit même. Cette putain d'impression d'être ce petit nouveau qui arrive dans une classe d'école, cette petite nouvelle qui va faire chier personne, qui va aller s’asseoir dans son coin et prendre tout simplement ces cours. Une vie simple, sans excès, une petite vie bien tracé, et ça, jusqu'au jour ou toi, la petite nouvelle, on décide de venir te casser les couilles. Des rouquins assis derrière toi ont rien trouvé de mieux que de te descendre plus bas que terre, t'insulter, se moquer de toi, t'harceler durant la plupart des cours. Ces putains de rouquins à la peau pâle avec leur putain de tâches de rousseurs sur la gueule. Tu sais pas comment réagir, tu ne veux pas le dire, par peur qu'ils décident d'être encore plus méchant, tu sais pas quoi dire, car ils sont plusieurs, t'as envie de leur éclater la gueule dans un mur pour qu'ils se la ferment, mais t'en as pas la force. Alors... Tu subis, tu subis ces putains de moqueries tous les jours. Toi, la fille souriante qui autrefois était heureuse d'aller en cours, tu y vas par obligation, tu ne dis plus rien, tu t'enfermes sur toi même, cette petite fleur qui était sur le point d'éclore a désormais fané... Tous les jours, c'est dur, personne ne le voit, tout le monde fait comme si de rien était, personne ne te vient en aide et tu sais que si tu en parles à ta famille, ça va finir mal, ces petits enculés vont se calmer puis recommencer encore plus fort. Alors tu restes dans ton coin, tu t'isoles, tu te coupes du monde extérieur, ta chambre est ton sanctuaire, ta vie est désormais basé sur la peur, la peur du monde, la peur des autres, et ça, même plusieurs années après. Ces gosses-là, ils t'ont traumatisé, ils t'ont foutu dans une situation que tu ne pensais pas atteindre. Le monde qui t'entoure t’effraie, tu ne veux pas, tu ne veux plus que ça recommence, tu ne veux pas retomber sur des gens comme eux, alors, tu ne fais plus rien, tu restes chez toi, en continuant de garder le secret bien pour toi. Et puis un jour, tu pètes un câble, un jour, c'est plus fort que toi... Deux solutions s'offrent à toi, sortir de chez toi, aller retrouver ces deux gamins et leur exploser la gueule, te venger de tout le mal qu'ils ont pu te faire, ou alors... En finir, en finir avec la vie, car tout ça te bouffe tellement de l'intérieur que tu ne sais pas comment t'en sortir. J'ai décidé de vivre, j'ai décidé de profiter de ma vie, de chaque instant, la mort n'est pas la solution, je ne suis pas ces putains de rouquins, et je suis loin d'être cette petite fille, j'aurais pu l'être, mais ça n'a pas été le cas, jamais je ne me suis laissé faire... Alors je vis, je ne sais pas ce que je serais dans dix ans, je profite seulement, et j'avais toujours cette même personne à mes côtés, une Abel au féminin, ou un Agathe ou masculin. Dans cet avion, nous étions en direction d'Hawaï, nous avions décidé d'aller passer la saint Valentin là-bas. On était pas en couple, mais parfois, c'était tout comme, on voulait juste s'amuser et profiter de notre vie, alors autant se faire plaisir jusqu'au bout non ? Elle est  a moitié endormi sur son siège, et moi, j'ai les yeux rivés sur le vide, regardant le paysage, les nuages défilés à travers ce hublot. "Réveille toi, on est bientôt arrivé." Je caressais doucement sa joue histoire de la réveiller, j'aurais pu lui mettre une claque histoire de la réveiller d'un coup sec, mais dans cet avion, je n'ai aucun endroit pour fuir, elle finira par me retrouver, alors autant faire ça de la manière douce. •