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J’en étais maintenant persuadé, la perfidie faisait sans aucun doute partie de mon ADN. Les Lloyd avaient un sens des affaires particulièrement affuté et il s’accompagnait d’un instinct de survie qui les poussait à écraser tout ce qui pouvait ressembler à une menace. Des requins qui pratiquaient le cannibalisme, c’était la définition la plus juste que je pouvais trouver les concernant. Mon oncle n’avait aucun scrupule, il était aussi pourri qu’il était riche et la vertu, bien qu’il réussissait à tromper son monde, avait déserté chaque recoin de sa personne. Cependant il y avait quelque chose que j’appréciais chez lui, je savais que ses sourires étaient faux, que sa politesse n’était que tromperie et que sa bienveillance était calculée. A défaut de le supporter, j’appréciais me retrouver face à quelqu’un qui assumait totalement ce qu’il était, parce que je n’éprouvais aucune culpabilité relative aux pensées qui m’assaillaient à son sujet. Et puisqu’il voulait ce qui me revenait de droit, j’allais lui donner ce qu’il méritait, l’humiliation. La voiture s’arrêta devant le Nirvana, endroit que j’avais jamais fréquenté et il était presque évident que ma robe de marque et mes escarpins qu’on aurait cru bien trop cher pour pouvoir frôler le sol ne me feraient pas passer inaperçu dans ce genre d’endroit. Je pouvais faire ce que je voulais, essayer de tromper autant que possible, ma démarche, mon regard, ma façon de me tenir transpiraient le milieu d’où je venais. Je passai les portes du club, non sans avoir attiré quelques regards interloqués et cela me faisait sourire de me dire que les hommes qui m’avaient dévisagés, s’imaginaient certainement que je venais chercher un de leur comparse qui se serait égaré dans mon lit. Mes yeux parcouraient l’endroit et je fus déstabilisée de ne pas l’être plus que ça. Si mon image était paradoxale avec l’endroit, mon être tout entier semblait être attiré par le vice. Le léger sourire en coin sur mon visage, trahissait l’amusement que j’éprouvais en regardant ses hommes qui fantasmait à l’idée d’acheter ce qu’ils n’auraient sans doute jamais autrement, une sensualité qui leur était réservée. Il n’y avait pas à dire, si on pouvait penser que l’amour rassemblait les êtres humains, la luxure était bien plus efficace à mon avis. Je savais que mon oncle, modèle de perversion, aimait l’idée de s’approprier la sensualité de certaines courbes l’espace de quelques heures. Pour être tout à fait honnête, il aimait ça au point de détenir une carte de membre et c’était cette carte qui m’avait mené jusqu’ici. Si je savais qui il était, il était temps pour moi de partager cette image de lui avec le plus grand nombre et de faire en sorte que ce qui se passait au Nirvana en sorte pour une fois. Je cherchais du regard celle qui serait alors le plus disposer à m’aider avant que mes yeux n’accrochent sur une jeune femme, noiraude derrière le bar qui semblait plus superviser que servir et ce fut après une légère réflexion que j’allai m’asseoir à celui-ci. Le bar est souvent l’endroit où transite tous les visiteurs, j’espérais alors qu’elle reconnaisse mon oncle et mieux, qu’elle puisse m’aider à arriver à mes fins. Un « Bonsoir » poli, en sa direction, ne prêtant pas attention aux regards qui se posaient sur moi « vous semblez être la personne idéale pour me renseigner » en espérant que son éthique soit assez malléable pour se laisser influencer par quelques billets.
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