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Ma nervosité était palpable et j’étais persuadée qu’il était presque possible de la voir se dessiner autour de moi, jusqu’à pouvoir l’attraper. Mon retour avait été parsemé de nouvelles déchirantes et parmi celles-ci, se trouvaient celle de la mort de la sœur de Landry. Je me souvins du moment où mon employée m’annonça la nouvelle, cherchant ses mots, jouant avec ses doigts et évitant à tout prix de croiser mon regard. Il n’y avait que deux choses qui faisaient réagir les gens de cette façon, la mort, ou la culpabilité et je l’eus deviné avant même qu’elle n’ouvre les lèvres. Ma première réaction fut le choc sans doute, puis la panique, panique provoquée par l’impuissance. Je ne savais que trop bien, que la perte était quelque chose de dévastateur et j’avais appris dans la douleur que le temps n’y faisait rien. Cela faisait un mois jour pour jour qu'il l'avait perdu. Comment étais-je censé aider celui avec qui j’avais partagé une grande partie de ma vie en sachant que la douleur qu’il ressentait n’allait jamais disparaitre, qu’il allait s’en accommoder et devenir forcément quelqu’un de différent. Je ne savais pas quoi faire, la peur de voir souffrir quelqu’un qu’on aime, cette anticipation de la douleur et cette recherche de solutions qui n’existaient pas … J’avais beau tourner et retourner les choses dans mon esprit, je me devais d’aller le voir. Enfilant mon manteau, je me dirigeai vers ma cuisine pour attraper une bouteille de vin et un crumble préparé par l’employée de maison avant de monter dans la voiture et indiquer à mon chauffeur l’adresse de mon ami. En approchant de chez lui, je me souvins que moi-même, lorsque j’avais été touché par le deuil, j’avais détesté cette tradition qui consistait à apporter de la nourriture à la famille, le manoir avait été envahi de plat cuisiné alors que je n’arrivais à rien avaler. La voiture s’arrêta et j’eus ce petit regard triste en direction de son appartement, je l’aimais tellement Landry qu’il m’était impossible de ne pas me mettre à sa place. J’inspirai longuement avant de descendre et d’aller sonner à sa porte, plat et vin en main. Toutes les questions que j’avais en tête semblaient s’effacer, maintenant je n’avais envie que d’une chose, le prendre dans mes bras et lui faire savoir que j’étais là.
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