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Levi, grâce ou plutôt, à cause de sa mère, avait très vite appris à se montrer sur la défensive lorsque l’on s’adressait à lui. Cela lui permettait de cacher ce qu’il ressentait vraiment dans certaines situations, de mettre systématiquement un mur entre l’autre et lui et de faire comme si rien ne l’atteignait vraiment. Cela lui donnait presque l’impression d’être complètement associable, et pourtant… Il n’avait pas toujours été ainsi. Tout petit, il était du genre très sensible, mais cela n’avait pas duré. Avoir une mère comme la sienne lui avait très vite appris à relever la tête, et il ne s’en plaignait pas. Au moins, il savait comment réagir lorsqu’il avait l’impression qu’on lui marchait dessus et ses copains savaient très bien qu’avec Levi, comme dit le dicton, qui s’y frotte s’y pique. Et en général, ils évitaient de lui chercher misère. Avec son père, même s’il donnait peut-être l’impression d’être arrogant par la façon qu’il avait de lui répondre, il n’avait pas l’intention de se reprendre. Si ce dernier souhaitait l’intimider d’une quelconque façon, avec Levi, il était mal tombé. Et père ou pas père, ça ne changerait pas. Ca sert à quoi d’ailleurs un père ? Il n’en avait pas la moindre idée. Et pour le moment, à part l’énerver, Julian n’avait pas fait grand-chose. De la façon dont Levi l’avait regardé, s’il avait eu des mitraillettes à la place des yeux, Julian ne serait plus de ce monde à l’heure qu’il est. Susceptible Levi ? Complètement. « Levi… Ca ira pour toi ou je dois porter une étiquette ? » Non parce que là, Levi en venait à se poser des questions. Déjà qu’il oubliait le nom de sa mère, passe encore… Mais le sien alors qu’il le lui avait dit deux minutes auparavant… Ca craint, comme dirait l’autre. Ce qui craignait aussi, c’est qu’au moment où Julian lui proposait de partager sa pizza, Levi ne savait pas s’il devait le croire ou pas et ne manqua dès lors pas de lui adresser un regard suspect. « Elle est à quoi ? » C’était pour lui la meilleure façon de se protéger si jamais il lui refusait sa part. Au moins, il pourrait toujours prétendre qu’il n’aimait pas ce goût là et se consoler avec ses yaourts dans une autre pièce pour ne plus songer à son père et ne plus sentir l’odeur du festin qu’il se garderait pour lui tout seul. Curieux, il s’agenouilla devant la table basse, déposa ses yaourts sur cette dernière et ouvrit le couvercle en carton pour jeter un coup d’œil à l’intérieur avant de relever une nouvelle fois son attention sur son père. « Je croyais que t’aimais pas partager. » En tout cas, c’était la première impression qu’il lui avait donnée. Et par crainte que son père change d’avis, le petit garçon se servi d’une part qu’il commença à manger. Y’avait pas à dire, la pizza, c’était vachement meilleur que ces yaourts natures et fades et affamé comme il l’était, il n’y avait rien de mieux pour satisfaire son appétit. D'ailleurs, c'est la bouche pleine qu'il fit part de ses impressions à l'adulte face à lui. « Elle est trop bonne. T'as bon goût our les pizzas. » Et d'ailleurs, il se régalait. A l'allure où il allait, il prendrait très certainement très rapidement une seconde part. En même temps, lui et les pizzas, c'était une grande histoire.
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