story of my life
Perth. Une ville magnifique et somptueuse. Un délicieux mélange entre New York et la Californie, selon Hunter si il devait faire un rapprochement avec les États Unis. Mais il pense plutôt que rien n'est comparable à son pays ni à sa ville. Alors pourquoi diable quitte-t-il un endroit qu'il aime tant ? Tout simplement parce qu'il a failli à ses devoirs les plus élémentaires. Tout simplement parce qu'il a failli a quelque chose qu'il s'était juré de ne pas faire. Et avant que ça aille trop loin, ou tout du moins avant que ça n'aille plus loin que la limite déjà grandement dépassée, il avait choisi de fuir. Oh.. pas parce qu'il avait peur pour lui. Il savait très bien quand à ses chances de survie en restant plus longtemps ici, et il n'était pas fou non plus. Mais c'était surtout pour ne pas attirer dans les abysses la seule personne qu'il ait jamais aimé, alors qu'il était en train de couler. Il préférait couler seul, tel le capitaine d'un bateau qui devait sombrer quoi qu'il arrive, plutôt que d'entrainer tout l'équipage qui lui n'avait rien demandé. Sa sœur devait être épargnée, quoi qu'il lui en coute. Alors, comment un jeune homme qui était censé avoir l'avenir devant lui a-t-il pu en arriver là ?
Il vous répondrait ses parents, assurément. Avec toute l'assurance qui le caractérise, sans pour autant se chercher des excuses ni ne pas assumer ce qu'il aurait pu faire durant sa vie. Si il en est là, c'était de la faute de ses parents principalement. D'aussi loin qu'il puisse se souvenir, Hunter a fait parti d'une famille aimante. Sa mère tout d'abord, qui pouvait le chérir autant qu'une mère était en droit et devoir de le faire, et son père, qui remplissait son rôle de père comme il le pouvait. La petite nuance qui résidait dans la particularité singulière de cette famille était que c'était un couple d'escroc. Ils n'avaient rien d'une famille "Al caponesque" si vous nous passez l'expression, mais ils s'en tiraient plutôt bien dans ce domaine là, donnant à leurs enfants le nécessaire pour vivre convenablement sans qu'ils ne s'en rendent plus compte que cela. Après tout quand on est jeune, nous posons nous réellement la question de ce qui nous entoure, de ce que nos parents font ou non ? Non, nous sommes concentrés sur nos propres vies, et c'est déjà bien suffisant à cet instant.
Et puis, le petit Hunter devint grand, et découvrant ce que pouvait bien trafiquer ses parents, fut initié pour être élevé à leur image : escroc. Marcher sur les traces de ses parents. A aucun moment, Hunter ne pourrait vous dire que ce qu'il fait ou a pu faire était mal, non. Pour autant, aussi paradoxal que cela puisse être, il s'était toujours refusé à ce que non seulement sa sœur soit au courant, et encore moins qu'elle puisse prendre part à ses activités familiales, de près comme de loin. C'était une façon de la protéger de ses parents, et de lui aussi. Winona avait toujours représenté pour lui un souffle de liberté, une manière de se détacher du monde, de sa famille, et de la condition qui le reliait inexorablement au crime. Winona, c'était son ange, un symbole de pureté, que rien ni personne ne devait toucher. Cette femme ne pouvait être éclaboussée par quoi que ce soit, et il l'avait fait promettre à ses parents.
Ce qui devait arriver, arriva, lorsque des personnes avec un faible pouvoir ne se rendent pas compte que pour avoir un désir d'autonomie totale, il fallait également posséder un réel pouvoir. Et que sans ce dit pouvoir, la liberté d'action n'était qu'une illusion et que la réalité n'était que soumission. Le couple Everett a toujours été un couple qui s'affranchissait de ce genre d'images de la réalité. Pour eux, il n'y avait que liberté, horizon lointain et envie d'un futur meilleur. Malheureusement, la réalité rattrape tout le monde et n'épargne personne. Ils ont fini par mourir dans une histoire qui était trop importante pour le petit couple qu'ils étaient. A force de viser la lune, on finit par se perdre dans cette immensité et sombrer. Les enfants Everett furent placés dans un foyer, mais Hunter considérait cela comme une prison. Et déjà, il pouvait s'apercevoir à travers le regard triste de Winona, qu'il aurait beau faire tout ce qui était en son pouvoir pour la protéger, elle finirait toujours pas en souffrir quoi qu'il arrive. C'était une prise de conscience réelle, mais fugace car bien trop jeune pour mesurer tout ce que cela pouvait représenter alors. Bien trop jeune pour comprendre que cela le suivrait toute sa vie, jusqu'à son départ de Sydney.
Alors, il a fait ce que tout animal privé de liberté ferait : fuir. Mais déjà, une première fois, il abandonnait sa soeur ici. Pas que cela ne l'enchante, non bien au contraire, car le jeune Hunter pleura tout ce qu'il pouvait lorsqu'il avait franchi la grille du foyer. Une façon pour lui de sceller une blessure qui était trop grande, celle d'abandonner derrière lui la seule fille qui faisait battre son coeur, et qu'il ne pouvait rien faire pour rendre heureuse. Le déchirement de se rendre compte, à tort ou à raison, qu'on ne pouvait absolument rien faire pour rendre heureuse la personne qu'on aime plus que tout. Sans doute parce que le petit garçon ne se rendait pas compte que Winona, elle, ne souhaitait qu'être avec lui. Lui, il avait des idées de grandeurs. Il avait été bercé tout au long de sa jeune et courte vie par les illusions de ses parents, illusions destructrices qui le mèneraient indubitablement aux même conséquences, sans aucun doute.
Alors il a fuit, voulant reprendre le flambeau, avec pour mission de venir la chercher à nouveau lorsqu'il pourra le faire. C'est à ce moment précis qu'il se perfectionna dans l'art de la dissimulation : fausse identité, création de papiers, vol de comptes en banque, recherche sur la finance. L'ère 2.0 ouvrait les portes de tous les possibles et son ambition n'avait plus aucune limite. Il savait que c'était une des clés pour partir d'ici, même si cet ici, c'était chez lui. Il voulait juste sauver sa soeur qui elle, n'avait jamais rien demandé, et avait plutôt toujours subit. Et aux mêmes causes, les mêmes conséquences, sa sœur allait se retrouver impliquée dans des affaires qui ne la concernait pas.
La trop grande ambition d'Hunter était un moteur autant qu'une source de déchéance totale. Il ne se fixait aucune limite, et la promesse qu'il s'était faite de protéger sa soeur se couvrait d'illusions. Il était persuadé qu'en s'en servant comme bon lui semblait, il pouvait avoir un oeil sur elle et donc la protéger. Et c'était là une bien belle preuve de sa naïveté grandissante, et de l'erreur qui était en cours. Le cerveau, c'était Hunter. Il a toujours été un alpha, un dominant, celui qui ne voulait jamais s'écraser, celui qui se battrait pour ses proches. Alors il a fini par monter une équipe, parce qu'il voulait toujours plus. Parce qu'il en voulait toujours trop. Et puis un jour, les choses ont dérapé. Un à un, ses équipiers finissaient par tomber, et lui a fini par se retrouver seul. La bête éprise de liberté allait de nouveau se retrouver piégée, mais cette fois ci, dans un piège mortel qu'un prédateur avait refermé sur elle.
Quelques jours avant le départ " T'es foutu Hunter. On les a tous eu, t'entends. TOUS. Et t'es le prochain sur la liste. T'as voulu joué au plus malin hein, mais on ne rigole pas avec les règles. Ici, on se soumet ou on meurt.. " La discours venait d'être écourté d'un revers de main d'Hunter, sur le visage de Bob, un bras droit d'un des plus grands criminels de Sydney.
" JAMAIS, tu m'entends, JAMAIS JE NE ME SOUMETTRAIS. Maintenant, je vais te dire ce qu'il en est." Bob se mettait dès lors à rire. " Mais enfin, tu comprends vraiment rien gamin. T'es vraiment comme ton père. Tu l'aurais vu d'ailleurs, quand il suppliait qu'on laisse en vie sa putain. Ta pute de mère. C'était pitoyable à voir. J'ai du en finir avec ce supplice romantique à deux balles. Et j'vais te dire une chose : on sait que t'as une soeur, ok ? J'ai découvert qui c'était et je n'ai plus qu'à transmettre l'information. Je suis le seul à le savoir. Mais si tu me laisses partir maintenant et que tu retrouves la raison, je garderai l'info pour moi et on en restera là, tu as ma parole".
Les poings serrés, Hunter savait qu'il venait d'atteindre un point de non retour. Son équipe avait été décimé en grande partie, et il se gardait bien de dire qu'il restait des survivants qu'il avait mis en sécurité. Pour eux, il ne restait que lui, et ce gros porc était apparemment le seul à savoir qui était sa soeur. Il n'avait pas le temps de réfléchir et devait agir.
" Tu me demandes de me soumettre encore ou je rêve là ? " disait-il, alors qu'il se saisissait de sa batte de baseball favorite. " Je crois que tu ne te rends pas compte de la situation et .. " " C'EST TOI QUI NE TE RENDS PAS COMPTE CONNARD. On va la trouver et on va bien s'occuper d'elle, t'en fais pas ". Pas de chance, mon cher Bob, pas de chance. C'était bien la seule chose à ne pas faire en ce bas monde que de menacer Hunter avec sa sœur. Ni une, ni deux, il exécutait un geste digne des plus grands joueurs, éclatant la joue de Bob comme si il voulait faire le plus beau et gigantesque Home Run de toute sa vie. Se servant de Bob comme d'une balle bien trop lourde mais devant gicler au delà des cieux. " Personne ne touche à ma soeur. Personne. " Et puis il administrait un deuxième coup. Enfin, il se saisissait de l'arme de son 'agresseur' potentiel, et lui tira dans la tête. Il voulait que la police aille vers le règlement de compte ou le suicide, sachant pertinemment que ça n'irait jamais plus loin dans ces cas là. Hunter n'était pas un tueur, mais il s'était juré de tout faire pour la protéger, et il se rendait compte d'une manière des plus lucides, comme lorsqu'ils avaient fini par se retrouver dans ce maudit foyer, que Winona souffrira toujours à cause d'Hunter. Sauf que là les choses lui paraissaient claires. La vie qu'il avait rêvé avec elle, il fallait qu'il la voit sans elle. Pour qu'elle puisse vivre et ne plus subir la vie de sa famille déchue. La bouche pincée, les poings serrés, il se retrouvait de nouveau comme cette nuit devant les grilles de ce foyer. Il devait quitter sa sœur parce qu'il l'aimait, sans songer une seconde qu'elle, elle ne voulait que rester avec lui. Pauvre con.
Le départ « Tu comprend pas Winnie ! Cette fois on est vraiment dans la merde, on ne peut pas rester ici. Il faut qu'on parte d'ici, de ce pays, très loin. Ce type a des gars partout. Le temps qu'il remarque l'absence de l'autre taré, qu'il voit le trou dans son compte en banque... On a une semaine tout au plus. » A bout de souffle, il déposa une main contre le mur, s'appuyant pour gagner quelques secondes de répit. « Une semaine ! Mais on ne pourra pas se faire de nouveau papier d'ici une semaine ! » Elle avait envie de le lui hurler à la figure, mais impossible. Dans le bar, elle aurait bien trop attirer l'attention, si ce n'était déjà pas bizarre que l'unique barmaid de l'heure soit en train de discuter à part avec un type tout aussi étrange. « Je vais faire mon sac, et on file à l'aéroport alors ? » Le visage de son frangin se crispa, avant de littéralement se décomposer. Elle comprit tout de suite, à son expression qui lui disait désolé, mais je n'avais pas le choix que ce gaillard lui avait fait à l'envers. « T'as pris qu'un seul billet salaud... » Déception. Rage. Si elle ne travaillait pas, et si elle était certaine de pouvoir lui faire mal, elle lui aurait enfoncé ses poings dans la figure. La gorge serrée, elle garda la face bien que les larmes de rage lui chatouillaient les yeux. « Dégage... » souffle-t-elle, le regard fixant la sortie. Elle aurait préféré qu'il se contente de s'en aller, qu'il n'essaie pas de s'expliquer davantage. Il n'y avait rien à expliquer, tout était très clair. « Tu vas t'en sortir Winnie, tu t'en sors toujours. Il faut juste que... » « DÉGAGE ! » tranche-t-elle avec véhémence. Bon sang ce qu'elle le déteste. Elle le hait. Du plus profond de son cœur. PUTAIN D'ESCROC... Et pourtant, cela ne devait pas la surprendre. C'était dans leur sang. Leurs parents étaient des escrocs, ils étaient morts en escroquant des gens. Son frère est un escroc. Elle-même est une escroc. Elle ne doit pas s'attendre à ce que les escrocs soient honnête envers elle.
Alors il s'en allait, comme il avait prévu de le faire. Il avait de l'argent plus que de raison, et il avait pour idée de créer un compte à Winona qu'il renflouerait régulièrement. mais pour le moment, il n'avait pas tout à fait accès à cette réserve et il devait prendre ses affaires et le peu qu'il avait sur lui pour fuir. Il devait partir maintenant, loin de cette ville, et loin de ce pays.
Canada. L'attente était bien trop longue. Hunter vivait de grosses fraudes qui pour lui ne s'apparentaient pas à des crimes. Sa logique était des plus simples : il prenait l'identité de quelqu'un, approchait des gens fortunés, et siphonnait les comptes en banque. Le temps que l'intéressé s'en aperçoive, il était bien trop tard et impossible de faire machine arrière. Hunter, il avait bien trop vu le film avec Dicaprio et Tom Hanks, et c'était devenu sa façon de vivre en quelque sorte. Petite nuance cependant, il ne s'attaquait qu'à des gens qui selon lui le méritaient, c'est à dire des personnes ayant des liens avec la corruption, le monde de la finance, et tout ce qui ressemblait de près ou de loin à des affaires louches. Qui allait les plaindre, après tout ? Hunter aspire à une vie meilleure mais il devait fuir sans cesse, alors il voulait repartir à zéro. D'abord retrouver sa soeur, renouer le contact et rattraper le temps perdu - même si il sait cela très compliqué - et reprendre une vie moins corrompue. Se trouver une riche héritière et ne plus avoir à fuir ni frauder. Travailler ? Vous plaisantez ou quoi ? Alors il partait pour les Etats Unis, pour une nouvelle vie. Et il comptait bien y arriver, cette fois.