ELLANA PINKERMAN ► Rosie Huntington-Whiteley

Un jour, tout a basculé.Vous savez, ce jour dans votre vie où vous vous dites "Mince, qu'est-ce que je suis égoïste. Je n'ai toujours pensé qu'à moi ...". Et soudain l'envie d'aider les autres m'est venue comme une révélation. J'avais besoin de ça pour exister. Vivre à travers les autres. Vivre pour venir en aide à ceux qui en avaient besoin. Alors j'ai décidé que ça allait changer. Et je suis partie au Nigéria. Avant ça, ma vie n'importait peu. Une vie normale, banale, dénuée de but hormis celui d'être heureuse.  Mais ma vie a pris son véritable départ lorsque j'ai mis le premier pas au Nigéria. Période de guerre, il y a cinq ans maintenant mais je m'en souviens comme si c'était hier. La peur, l'appréhension, les pleurs de mes parents, leurs voix qui m'imploraient d'être prudente. Mon envie d'abandonner cette idée et de rester chez moi. Et pourtant j'ai franchi le pas.

Infirmière en réserve, je prenais soins des blessés de guerre. J'ai passé mon premier jour à vomir sous les atrocités de la guerre. Mais chaque soldat que je réussissais à soigner, à faire sourire, ça me suffisait pour continuer, me battre. Nous étions deux infirmières à opérer ensemble généralement. C'était suffisant, si l'une avait des difficultés, l'autre pouvait toujours apporter son aide. Durant mon temps au Nigéria, je n'avais pas vraiment du temps pour moi. Uniquement du temps pour les autres, les patients blessés. Mais un jour, un soldat est arrivé, du nom de Loukas. Il était drôle, et le genre séducteur qui n'abandonne pas au premier "non", même aux suivants. Nous avons eu une aventure durant toute sa convalescence. Pour une fois depuis mon arrivée au Nigéria, je pensais à moi, à ma vie. Une vie amoureuse dans un milieu hospitalier. Mais voilà, qu'on soit dans la tranquillité de son chez soi ou ici, en période de guerre, ça n'empêche pas les hommes de partir sans dire au revoir. J'en ai voulu à Loukas, tout en sachant qu'il pouvait mourir sur le front. Peut-être est-il mort, et lui en vouloir ne servirait absolument à rien.

Cinq ans ont passé. Je suis revenue chez moi à Londres et j'ai suivi des études pour continuer le métier d'infirmière. Je voulais voyager, je voulais aider. Après l'obtention de mon diplôme, j'ai décidé de partir aux Etats-Unis. Harvard, c'est là que je voulais travailler. Côtoyer les futurs grands esprits de la nation, pouvoir les soigner, leur venir en aide. C'est ce que je voulais. Surtout après les tragédies subies. Les bombes et l'épidémie. Si une autre épidémie devait à se répandre, je serai là pour soigner les gens. Je suis arrivée pendant les histoires d'agressions. Le lieu semblait maudit, enchaînant drame sur drame, il était plus facile que prévu de trouver un poste d'infirmière. Qui voudrait travailler là bas quelque temps après les bombes, l'épidémie et maintenant les agressions et les viols. Mais le Nigéria a changé quelque chose en moi. Cette période de ma vie m'a donné du courage. Désormais infirmière pour Harvard, j'ai troqué le soin de soldats pour le soin des futurs génies de la nation, et encore une fois, j'ai l'impression de faire ce qu'il faut pour aider mon prochain, aider le monde.