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Les urgences étaient calmes ce soir-là quand les portes s’ouvrirent sur une équipe de secours, poussant une civière. Un médecin de garde courut vers eux pour y découvrir un jeune homme, blond. « Qu’est-ce qu’on a ? » demande-t-il sur un ton maitrisé tandis que l’un des secouristes lui répondait « Une victime d’une agression, il a été retrouvé par un sdf qui a donné l’alerte ». Ce n’était pas la première fois que ce médecin faisait face à ce genre de patient mais l’état de celui-ci était préoccupant, surtout cette blessure à la tête qui avait saigné abondamment. Ce petit attroupement pénétra dans une des salles d’urgence libre où l’inconnu fut soulevé pour être déposé le plus vite possible sur le lit médicalisé. « Pas de battement de cœur. BS, chem 24, transfusez-le » annonça le médecin aux infirmiers urgentistes après avoir pris connaissance des constantes de son patient. « Il est en tachycardie » s’écria-t-il alors que tout le monde s’affairer autour du lit pour lui sauver la vie. « Chargez les palettes à 200 » exigea-t-il alors qu’une infirmière terminait de découper le haut tâché de sang de la victime, dévoilant un torse dont les nombreuses ecchymoses déjà présentes témoignaient de l’effroyable passage à tabac dont il avait été victime. « Dégagez » s’écria-t-il en envoyant un choc électrique qui souleva le torse du grand blond. « Pas de réaction, on charge à 300 » reprit-il avant de réitérer l’opération, qui fort heureusement, permis au cœur de repartir.
QUELQUES HEURES PLUS TÔT
Isaiha n’avait pas réussi à dormir tant il avait pensé à Capucine. Cet échange de SMS, rien que d’y repenser, son cœur se mettait à battre la chamade. Ne parlons même pas de son sourire. Néanmoins, quelque chose venait assombrir le tableau : la peur. Le Lowell craignait de se lancer, d’aimer à nouveau même si à tout bien réfléchir, le mal était peut-être déjà fait de ce côté-là. Sa meilleure amie ne le laissait pas indifférent et sûrement était-il bien plus réceptif à son charme maintenant qu’Amanda n’était plus dans sa vie. Toutefois, était-il prêt à aimer à nouveau ? A être de nouveau en couple ? Sa vie était en pleine construction et puis il y avait ses problèmes liés aux jeux. Isaiha ne savait pas vers qui se tourner en dehors de son oncle qui avait accepté de lui remettre la somme en échange qu’il se fasse soigner et qu’il le rembourse en ponctionnant sur son salaire de palefrenier. Le cœur lourd, il s’était résigné à se rendre au rendez-vous fixé par ses créanciers. « J’ai l’argent que je vous dois » dit-il en pensant mettre rapidement cette histoire derrière lui. « Pourquoi t’es pressé… on va discuter un petit peu tous les quatre » fut la seule réponse qu’il reçut alors les deux hommes de main le poussait dans l’arrière salle de ce bar miteux. Pas très rassuré, Isaiha avait obéis, serrant le sac de sport contenant l’argent en cash. « Tu sais que tu tombes à pic ? J’avais besoin d’une bonne âme pour régler un de mes soucis… Tu te souviens de la faveur que tu devais me rendre petit » poursuivit le malfrat tandis que le grand blond hochait piteusement la tête. Malheureusement pour lui, ce qu’on lui demandait était au-dessus de ses forces. « Hors de question ! Je ne pourrais jamais faire ça… c’est un crime ! » paniqua-t-il tandis que son vis-à-vis secouait tristement la tête. « Tu me déçois petit… Franchement, je m’attendais à mieux de ta part… Tu sais que je n’aime pas être déçu ? J’avais misé gros sur toi… Je t’ai prêté de l’argent. J’ai même été assez gentil avec toi pour t’accorder un délai et toi, comment tu me remercies ? Tu refuses de m’aider ? » lâcha l’homme d’une voix trainante. « J’ai horreur qu’on me dise non… » soupire-t-il d’un air faussement désolé avant de faire signe à ses hommes de main. Isaiha ne comprit pas au départ ce qui allait se passer mais au premier coup de poing, le doute n’était plus permis. Combien de temps dura cet enfer ? Dix minutes ? Une heure ? Trois heure ? Il n’en savait rien. Son corps était en feu, la douleur semblait n’épargner aucun de ses membres. Il avait tellement envie d’abandonner, de lâcher prise mais son instinct de survie le lui interdisait. Il ne pouvait pas abandonner Casey, Capucine… Il ne pouvait pas. Les coups finirent par s’arrêter. Isaiha n’arrivait plus vraiment à comprendre ce qui se passait. La seule chose qu’il arrivait encore à faire, c’était respirer mais même ça, cela lui demandait un effort surhumain si bien qu’il termina par sombrer dans une inconscience salvatrice avant même d’être trainé dans une voiture.
PRESENT
Le médecin poussa un profond soupire de lassitude en sortant du bloc opératoire. Son patient était sauvé mais son pronostic vital était engagé. Il se demandait bien ce qui lui était arrivé même si les nombreuses ecchymoses et autres blessures ne laissaient guère de place au doute. Il espérait vraiment que cet homme allait s’en sortir mais il savait également qu’il ne devait pas se compromettre émotionnellement. Ici, la mort pouvait frapper n’importe qui, il valait mieux se détacher pour ne pas sombrer dans la folie. « J’ai prévenu la famille. Il n’y a que sa sœur. Elle ne devrait plus tarder à arriver. Est-ce qu’il va s’en sortir ? » demanda Mary, l’infirmière en chef. Elle était proche de la retraite mais s’impliquait toujours autant dans le suivi des patients. « Je ne sais pas, il a l’air solide… Pour avoir survécu jusque-là, c’est qu’il a une volonté farouche. J’espère que ce sera suffisant » répondit le médecin en secouant la tête. Mary grimaça un sourire avant d’hocher la tête et de repartir à son travail.
QUELQUES JOURS PLUS TARD
Isaiha s’était réveillé il y a un peu plus d’une heure. Il ne comprenait pas trop ce qui lui arrivait, tout était flou dans son esprit. On lui avait parlé d’agression, de graves blessures, d’un coma. Il ne se souvenait de rien. Du moins, le dernier souvenir qu’il avait en tête, c’était l’atelier sushi avec ses deux amies Gianna et Summer ou encore d’avoir passé un moment avec Capucine avant qu’elle ne parte pour le Mexique avec la Dunster. Sa mémoire refusait de fonctionner. Le médecin lui avait dit de ne pas s’inquiéter, que c’était normal : le traumatisme à sa tête couplé au traumatisme psychologique dû à son agression pouvait très bien expliquer cette légère amnésie. Lentement, il porta une main à son visage, ses doigts butant rapidement sur le bandage recouvrant ses yeux. Le praticien avait préféré protéger ses yeux après sa crise à son réveil. Le Lowell poussa un grognement de colère mais aussi de peur, de tristesse. Il pouvait encore entendre le médecin lui énumérer ses blessures. [b] « Vous avez des côtes cassés, un poignet fêlé… A ce niveau, on peut dire que vous vous en sortez bien. Le plus inquiétant est le traumatisme crânien important dont vous souffrez. Cela a provoqué une lésion cérébrale… »b] avait-il commencé à lui expliquer avant de se perdre dans son jargon médical auquel Isaiha n’avait rien compris. D’après le médecin, il souffrait d’achromatopsie, ce qui malheureusement entrainé une photophobie. L’étudiant remontant le drap sur son torse. Il se sentait si vulnérable ainsi privé de sa vue. Sa vue… que lui restait-il ?! Il ne voyait plus les couleurs, la moindre source de lumière lui donnait envie de hurler sans parler qu’il ne voyait plus très bien. Pourquoi Dieu s’acharnait sur lui ?! Qu’avait-il fait pour mériter ça ? Le bruit de la porte le fit se tendre brusquement. « Qui… Qui est là ? » demanda-t-il d’une voix rauque en cherchant à se redresser mais la douleur dans ses côtes lui arracha un petit cri.©TOWNTROTTER.
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