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True disaster
Ashleigh & Jupiter
Ashleigh & Jupiter
La tête noyée d'images encore chaudes et vives de ce voyage au Mexique, je ne réalise pas où mes pieds traînes à ce même instant. Le sable chaud s'engouffre dans mes baskets usées alors que je traîne des pieds, le front parsemé d'éclats lumineux comme des supernovas. Seul le bruit de l'eau qui vient heurter avec mépris l'île semble parvenir à mes tympans. Tout le reste est éteint, absent, oublié, comme laissé vulgairement derrière, un souvenir du passé qui ne marque pas la peau, qui n'humidifie pas les joues ignées, les lèvres tombantes. Il y a ce coin d'ombre au loin, comme une sorte de zone à part, un paradis délimité de petites roches difformes et de feuilles échouées ici et là, exploratrices dévouées et perdues. D'un geste lasse, je laisse mon sac à dos glisser le long de mon bras à toutes allures, frotter mon épiderme, la chauffer puis s'écraser plat dans la terre fraîche qui démarque l'île de sa deuxième couche. Une couche plus dense, plus hostile, plus verte, qui inspire aux rugissements nocturnes, aux bruits oppressants comme des soupires abstraits dans un noir profond et intense. Ashleigh est là, mon regard étroit, maigrement vêtu de mes paupières lourdes, je l'observe. Ce bout de femme est une fierté qui m'est propre, une fierté qu'un parent peut ressentir pour son enfant, qu'un maître peut ressentir pour sa bête, qu'un enseignant peut ressentir pour un élève en pleine voie de réussite. Moi, je lui porte cette fierté sans trop savoir pourquoi exactement. Peut-être qu'au fond je ne suis fier qu'à la simple idée d'avoir une telle personne sur mon chemin, peut-être que de me savoir à son goût me donne une quelconque valeur sociale que je n'ose admettre. Il y a beaucoup de choses qui me laissent douter de ce qui me rend si fier lorsque j'analyse ses reflets blonds qui s'éparpillent aux coups de vent. J'ai tendance à vouloir dire qu'à sa manière, elle est la femme de ma vie, seconde de Neptune, parce qu'elle à tout ce que j'aime. Elle a ce goût du risque qui lui prend aux tripes comme un fou rire incontrôlable, elle à ce sourire en coin des lèvres qui laisse scintiller ses canines avec une grâce sans nom, elle a ce tas de petites choses ici et là que beaucoup ne voient pas, de petits riens qui font des tout que je pointe du doigt avec la lippe qui s'étire aux oreilles. Nos pupilles se croisent avec évidence comme le fer et les idées se transmettent de ce même contact éloigné. Il y a ces gens avec qui je me sens intimement lié sans pouvoir l'expliquer, une sorte de connexion spirituelle, une explication à me faire suffoquer tant cela me semble à la fois possible et incrédule comme ces légendes qui ternissent les pages jaunies du temps. « Tu crois qu'on peut poser bagage ici-même ? Je ne sais pas si il s'agit du lieu le plus optimisé mais quoi qu'il en soit, la vue me donne bien envie de rêver dans les parages. Enfin qu'importe, on va devoir explorer un peu pour trouver le nécessaire à la construction d'un toit plus ou moins viable pour la nuit alors on peut toujours changer d'avis plus tard... » Perplexe, bien que ce ne soit pas ma première expérience en ce qui concerne la survie à l'état sauvage, je sais avec conviction que ces terres qui parfument mon horizon ne sont que le fruit des désastres de miss faune et flore et à choisir entre l'eau et les crocs, je penche pour le premier qui se veut moins sanglant.
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