wynthschild ⊰ the shape of us

Beaucoup d'aspects de sa vie avaient radicalement changé durant son mini séjour à Londres, à Lennox. Entre son arbre généalogique qui en prenait un coup et sa vie sentimentale qui semblait se stabiliser par diable on ne sait comment; il ignorait s'il devait se réjouir de la tournure des événements, ou non. Quel qu'il en soit, bien que toutes ces surprises aient une origine londonienne, elles avaient un point commun : le fait de le ramener à Boston, une bonne fois pour toute. Sa sœur, Ruth, à croire que toutes les deux s'étaient passées le mot pour venir le dénicher au fin fond du paysage anglais et le ramener de pieds fermes sur le sol américain. Si tel était le cas, le mot était on ne peut plus bien passé. Février 2017, après une désastreuse entrevue sur les raisons de son retour avec le Doyen, il était redevenu à part entière un étudiant d'Harvard. Et en ce moment-même en direction vers chez celle qui l'a, inconsciemment, poussé à remettre les pieds à Boston. Ruth. Cette blonde au physique de rêve -avouons-le- dont il avait royalement ignoré l'existence depuis la rentrée 2016. Jusqu'à Noël. Dorénavant, il faisait tout sauf l'ignorer. Et quant bien même il avait horreur de mettre des étiquettes sur les relations qu'il menait avec n'importe quelle fille, elle semblait vaincre tous les records du monde avec lui et il se laissait de temps à autre à répondre à la positif lorsqu'on lui demandait si elle était sa 'petite-amie'. Oui, elle l'était, plus ou moins. Oui, elle devait l'être étant donné qu'elle était la première personne à qui il avait pensé prévenir de son retour à Boston, par pur réflexe. Il avait en effet ce foutu réflexe de la prévenir des moindres aléas de sa vie. Est-ce que c'était ça une petite-amie ? Sans doute. Soit. Peu importe, le plus important était qu'il se trouvait maintenant devant chez elle, à toquer, s'étonnant d'être légèrement impatient à l'idée de la revoir. Lorsqu'elle ouvrit la porte, il s'étonna encore une fois à lui lancer un sourire en coin, sincère. Lennox ne prodiguait qu'un sourire en présence d'une fille habituellement : prédateur.  « Salut, toi. » Pas besoin d'une entrée fulgurante, d'un "hey, surprise, on est sur le même continent !", ce n'était pas lui, ce n'était pas elle; il s'avança juste vers elle et l'embrassa. Par habitude, vous savez.

On toque à la porte. Encore la voisine à lui demander de la dépanner avec quoi cette fois-ci ? Un peu de lait dans son café ? De farine pour son gâteau ? Ruth soupire, frotte ses cheveux blonds énergiquement, puis elle attrape un T-shirt trois fois trop grand qu'elle enfile rapidement en se dirigeant vers la porte, serviette de bain enroulée sur sa tête. Elle se serait bien promenée nue si elle n'était pas sûre qu'elle allait provoquer un arrêt cardiaque à la voisine. Elle soupire, prend une grande inspiration et dévoile son air le plus bienveillant sur le visage, s'attendant à devoir répondre à la vieille dame mais … Son cœur manque un battement. Si elle s'attendait à ça... Non ce n'était pas une dame âgée toute ridée devant elle, mais au moins 1,80m de muscles et de sex appeal ravageur à couper le souffle. Lennox. Le mec qui fait qu'elle s'attire les regards foudroyeurs de certaines dans la rue. Il l'a salue dans une simplicité qui la touche particulièrement. Elle se pince les lèvres, retenant un rire de surprise. Elle le reconnaît bien là. Parce que c'est comme cela qu'elle fonctionne aussi, elle avait été ravie de savoir qu'il en soit de même pour Lennox. Pas de chichis, juste ce qu'il faut. Non elle ne l'avouera jamais à personne, mais elle est contente de le voir, de le savoir ici à Boston. Faut dire qu'elle ne connait pas beaucoup de monde ici, elle n'est pas du genre à faire ami-ami simplement pour être entourée. Non. Ruth, elle, préfère être seule. C'est une valeur sûre. Il n'y a pas de risque de de décevoir ou d'être déçue, et ça, ça a toujours été sa doctrine. Du moins, jusqu'à ce que ce grand gaillard là devant elle, qui a su décrédibiliser vingt-deux années d'existence. Il s'approche d'elle pour l'embrasser et elle ne trouve rien à redire. Ça en est devenu normal pour elle, elle qui ne laisse personne ne l'approcher de trop près, même pas son propre frère désormais. Parce qu'elle doit reconnaître que malgré la solitude, elle trouve agréable la présence et la chaleur que lui apporte Lennox. Et puis... bon dieu ce que ses lèvres lui avaient manqué.. « Tu arrives un peu tard, je viens de sortir de la douche. » Elle s'appuie contre le rebord de la porte, fronçant légèrement les sourcils, l'air de rien. Non, on n'aurait pas dit que cela fait plusieurs jours qu'ils ne se sont pas vus. Des retrouvailles plus humbles que ça, on n'en voit pas. Elle finit par se décoller et ouvrir la porte en grand, l'invitant à entrer, histoire de ne pas le laisser sur le palier.

Il ignorait comment il était en arrivé là. Comment ils en étaient arrivés là, avec Ruth, mais il était loin de s'en plaindre. Grande, blonde, élancée, et loin d'être comme toutes ces filles qu'il avait rencontré, de temps à autre, Lennox aimait penser qu'il avait touché un semblant de gros lot avec Ruth. Elle paraissait parfait en tous points, du moins depuis le peu de temps qu'ils se fréquentaient; rarement, il n'avait laissé une fille facilement se faufiler dans sa vie. Pourtant elle avait été là, et elle avait même réussi à prendre une place assez pondérant qu'il était revenu à Harvard, en parti pour elle. Pour l'instant, il avait quelque peu de mal à placer une étiquette sur leur relation, ce qu'il ressentait envers Ruth, mais tout ce qu'il savait c'est qu'elle avait le don de l'apaiser, de le faire oublier toutes les merdes qui l'entouraient, et c'est tout ce qu'il avait besoin. Ça et un accueil chaleureux et en bonne et due forme de la demoiselle en simple tee-shirt et serviette sur la tête lorsqu'il avait toqué à sa porte. Après l'avoir embrassé, instinctivement, Lennox l'avait longuement regardé de la tête aux pieds, et un sourire en coin fit son apparition sur ses lèvres.  « Un peu tard ? Parce que tu avais l'intention que je prenne une douche avec toi ? On peut s'arranger, tu sais. » Alors qu'elle s'était appuyée contre le rebord de la porte, et l'invita à entrer, Lennox ne se fit pas prier deux fois et pénétra dans l'appartement. Et l'attrapa par la taille par la même occasion pour l'embrasser encore une fois, mais plus passionnément cette fois-ci. « Tu devrais m'accueillir plus souvent dans cette tenue, c'est beaucoup moins d'efforts pour se déshabiller. » Lança-t-il, toujours un sourire en coin et une main posée sur sa hanche et une autre se faufilant sous son tee-shirt. Néanmoins, il n'alla pas plus loin, se contentant uniquement de poser son regard sur le visage de Ruth, et sourire bêtement au fait qu'il la trouvait magnifique, au naturel. « Je suis vraiment plus que tenté de, justement, te déshabiller là, tout de suite, sur le champ et t'emmener prendre une deuxième douche. » Mais ? Non il n'y avait pas de mais. Pourtant il ne fit pas ce qu'il dit, et continua simplement d'observer tous les petits détails sur son visage. « Tu vas bien ? » Questionna-t-il de but en blanc quelques secondes plus tard, réellement intéressé, parce qu'après tout, ils ne s'étaient pas vu depuis des jours. Et même s'il laissait prétendre le contraire, elle lui avait légèrement manqué. Légèrement.