Sérilly ■ what happened to perfect

Billie & Séraphin

what happened to perfect

T'avances tête baissée comme un bélier, ton bonnet menaçant de s'envoler d'une seconde à l'autre, mais manque de chance tu n'as aucune main de libre pour pouvoir le sécuriser sur ton crâne, ton sac à dos en main parce que tu viens d'en casser les bretelles à cause de l'usure et ton livre de biologique qui ne loge pas dedans. Tu te sens comme dans un simulateur de saut en parachute tant tu combats pour faire un pas après l'autre, c'est ça l'hiver à Boston ? Tu en viendrais presque à regretter la noirceur du ciel parisien et pourtant c'est ta deuxième année ici, mais tu ne parviens pas à t'habituer à ce brushing naturel qui doit te soulever cette tignasse teinte en brune qui s'échappe un peu plus de ton chapeau à chaque mètre de gagné. La porte d'entrée du bâtiment te parait lointaine, inaccessible comme dans un rêve où à chaque fois que tu crois atteindre ton but il se recule à l'infini. T'as l'air d'une brindille presque à craquer sous les rafales, avançant à l'aveuglette pour ne pas te prendre une feuille coupante dans l'oeil, quelle journée pour venir étudier sérieusement. Tu poses enfin ta main sur la bénie poignet te faisant des signaux depuis que tu avais entrepris ton périple, le saint graal oui, tu y étais parvenu. Tu t'engouffrais en une fraction de seconde à l'intérieur quasiment poussé par une énième bourrasque ayant manqué de t'arracher un bras avec le retour de la porte. Tu avais l'air de quoi là, les cheveux en bataille, le bonnet dans ta capuche et ton visage mordu par le froid ? D'un alpiniste débutant oui, mais courageux aussi. Tu t'autorisais quelques secondes de repos contre la porte principale, t'adossant contre en reprenant ton souffle les yeux fermés, laissant même tomber tes affaires à tes pieds pour récupérer de ton effort physique du mois. Positionné ainsi tu bloquais le passage, tu entendais des bruits de pas se rapprocher et tu ouvrais tes yeux brillants à cause du souffle glacé. Si tu tiens à la vie, ne vas pas dehors. Tu soupirais en te redressant, posant ta main sur ton ventre pour réguler ta respiration en regardant à qui tu avais à faire, ayant balancé cette mise en garde sans vraiment identifier ton possible interlocuteur. Ah c'est toi Billie, je t'avais pas reconnu désolé. Difficile en même temps quand on vient de perdre cinquante pour-cent de sa vision et qu'une mèche ébène barre le visage, mais tu t'excusais quand même en te tenant d'une manière plus présentable, un sourire naissant sur les lèvres.