NEVER DO THAT AGAIN ✩ RYCHOLAS

Never do that again — Je ne savais pas trop ce que je pouvais dire pour la rassurer. Ma présence semblait suffisante et j'aimais me conforter dans cette idée. Mais j'sais pas, j'avais l'impression que quoique que je dise, quoique je fasse, ça ne changerait rien à son état. Elle devait être encore sous le choc au final et comme je ne savais tout simplement pas ce que ça pouvait faire, alors je ne pouvais pas trouver les bons mots. « Tu veux que je te fasse une berceuse..? » Tentais-je l'humour mais je savais que ça n'allait pas marcher. Elle devait le voir au final, que je ramais pas mal pour la réconforter. Mais du coup, je pense aussi à la raison de sa présence sur les lieux parce que je vois pas tellement Rylie là-bas. Et c'était pour cette raison que je menais un léger interrogatoire, pour savoir le pourquoi du comment. Et ses mots, ils étaient plus vagues les uns des autres. Elle n'en avait aucune idée de pourquoi elle était là et je mettais ça sur le compte de l'état de choc. « Hey, t'en fais pas.. Tu dois être encore en état de choc, c'est pas grave si tu te souviens pas de tout » Du moins, ce genre de détail. Parce que je supposais qu'elle devait se souvenir encore des détails vis à vis de Kaya, marqué comme au fer dans son esprit.

Never do that again — Mon corps était fatigué. Epuisé d'avoir servi de punching ball pour tenter de garder Kaya en vie, tant bien que mal. Mes souvenirs étaient assez flous quant à ce que j'avais fait. Je voyais tout ce qui tournait autour de Kaya de façon très nette, la voir tomber, sa blessure, sa peau qui perdait sa teinte rosée petit à petit. Mais pour moi, j'me souvenais juste m'être interposée plusieurs fois entre elle et les agresseurs. J'avais pas de téléphone sur moi en arrivant ici. Peut-être qu'il était tombé de ma poche quand je m'étais écroulée au sol. Je sais pas, j'avais le vague souvenir de l'avoir filé à un des braqueurs. Mais pourquoi ? J'crois que mon état de choc me faisait oublier pas mal de détails. « J'préfère... ne pas me souvenir, » dis-je à voix basse. Mais en même temps, c'était frustrant, parce que je savais très bien que mon inconscient avait enregistré les moindres détails et que ça allait me jouer des tours un jour. « J'suis pas contre la berceuse... » soufflai-je d'une petite voix. C'était en réponse à sa tentative d'humour. J'voulais lui faire remarquer que ses efforts pour me réconforter passaient pas inaperçus. J'étais trop mal pour rire, mais j'voulais pas non plus m’apitoyer sur mon sort indéfiniment.  

Never do that again — Je ne savais pas ce qui avait pu se passer dans cette bijouterie. C'est.. ouais, c'est le flou total. Et je n'arrive même pas à imaginer l'horreur que ça a pu être. Qu'un homme puisse tirer sur Kaya, elle qui était si frêle et fragile. On ne pense pas à la blesser, pas quand on la voit au premier abord. On.. non, j'arrive pas du tout à concevoir le cauchemar que ça a pu être. Et demander à Rylie de me raconter, ce serait de la torture, puisque pour elle, ça signifiait revivre le moment. Idem quand Kaya sera réveillée. Alors je suis tout simplement condamné à rester dans le flou et l'incertitude. Et ça me faisait mal, au final. Mais c'était rien comparé à la douleur qu'elles, elles pouvaient ressentir. « T'en fais pas » J'esquissais un sourire avant d'entendre qu'elle était d'accord pour la berceuse. Ok, donc je devais lui en chanter une, sauf que je n'en avais aucune en tête. Alors mon sourire se fit un peu plus gêné pour le coup, avant de lui confier « T'en as pas une à me donner ? J'ai aucune idée de... enfin tu sais, j'en connais pas » Pour ma défense, je pensais pas qu'elle accepterait. « Enfin, je peux te chanter du Snow Patrol au pire, mais je pense pas que ça te satisfasse »

Never do that again — J'voulais plus rien. J'étais crevée, écrasée. Mon corps ne supportait plus toute cette douleur et le fait que je n'aie pas droit aux calmants, amplifiait et ma douleur, et mon humeur noire. J'avais juste envie que ça s'arrête. Au moins... au moins pour quelques secondes. Ne plus rien ressentir. Que ce soit vide dans ma tête et que la douleur s'arrête. Mais c'était pas possible. J'étais là, j'étais bel et bien en vie et j'avais mal putain. Physiquement et psychiquement. Mais la présence de Nicho à mes côtés m'aidait un peu. C'était le seul à pouvoir calmer ma douleur mentale là, de toutes façons. Il m'avait proposé une berceuse et je crois que c'était pour plaisanter, mais j'acceptais malgré tout. J'accepterais n'importe quoi pour détourner mon esprit de la catastrophe de la veille. N'importe quoi. Il sourit, gêné, et je lui souris en retour. « J'adore Snow Patrol, tu sais ? » Je prends sa main dans la mienne et la serre, du maximum de mes forces. Mais mes forces sont égales à zéro. « T'en fais pas, t'es pas obligé de chanter... Reste juste près de moi. » Je m'en fous des berceuses, j'ai juste besoin de mon meilleur ami près de moi, au fond.

Never do that again — Je me doutais bien que c'était pas une partie de plaisir de se faire limite torturer comme elle avait pu l'être. Et que ça devait être éreintant de devoir vivre avec tout ça. Et je savais aussi que Rylie n'était pas aussi forte qu'elle semblait paraître. Alors ouais, je savais qu'elle avait besoin de moi, plus que tout, et j'allais être là. J'étais présent pour elle, du mieux que je pouvais, du mieux dont j'étais capable. On ne savait pas ce que l'avenir nous réservait mais au moins, je pouvais toujours tenter de faire en sorte qu'elle aille bien. Qu'elle soit sous ma protection. Le présent était ce qui importait le plus au final. Et elle et moi, on allait s'en sortir. Kaya aussi. Tout le monde. On allait survivre à ça, tout simplement. J'esquissais un sourire à son encontre “J'en doute pas” Mais chanter ? Non, j'allais pas le faire. Désolé Ry, mais c'est hors de ma portée. Par contre, rester à ses côtés... ouais, c'était possible. “On va faire ça alors, c'est bien.. Rester à côté de toi” Je m'installais sur le fauteuil que j'avais avancé un max à côté de son lit et je gardais ma main dans la sienne. “Repose toi.. je suis là, je veille sur toi” Je resserrais un peu plus mon étreinte autour de sa main pour la rassurer.