BOITE AUX LETTRES DE ANASTASIA REYNOLDS

Toi que j'ai aimé,

Je gratte sur le papier comme un prisonnier gratte les murs. Je ne sais pas pourquoi j'écris, ni même si un jour tu vas lire ces mots qui tâchent la vierge feuille que je méprise du bout de ma plume tranchante.

Dis moi pourquoi, juste une fois, explique-moi. Partir comme ça sans prévenir, du jour au lendemain. Me laisser seul dans ces draps chauffés de ton corps absent. Me laisser ce mot me disant de ne plus jamais te contacter. Je t'aime, comme un abruti je t'aime et j'arrive encore à croire que tout ça est ma faute. J'arrive à croire que je ne suis pas assez bien pour toi, que tu vas et que tu dois trouver mieux, que je ne suis pas ton bonheur.

Longtemps j'ai pensé que je mérite cette douleur que tu m'inflige de ton silence pesant. Longtemps j'ai espéré ton retour comme un chien largué sur le coin de la route. Longtemps j'ai pleuré en regardant à travers la fenêtre, les yeux rivés sur les flocons qui chutent de ces nuages qui couvrent les rayons de ce soleil lointain.

Tu sais, j'ai souvent songé à arrêter de vivre, à me laisser emporter par ce voile noir omniprésent quand je laisse mes paupières se faire lourdes. Cependant, ne t'inquiète pas, il ne s'agit là que d'idées. J'ai bien d'autres idées. Tu veux savoir les quelles ?

Des idées comme celles de te cracher à la gueule, de t'insulter, de te frapper. Bordel que je te déteste. J'ai envie de te voir ramper au sol et manger la terre, de te voir me supplier. Parce que j'étais prêt à tout pour toi, je ne compte plus le nombre de roses que j'ai plus t'offrir, le nombre d'additions que j'ai rendu fantôme. Toi tu m'as fais croire, tu m'as pris pour un con. Bien, je suis un con à présent et j'espère pouvoir prochainement te rouler dessus avec un camion. Sale chienne, tu me débecte, t'es ignoble, infâme, pas plus désirable que des restes d'un fond de tiroir.

Enflure, j'espère que tu douilles, bisous d'un homme que tu as rendu malheureux, pouffiasse.

PS : Toi qui lis cette lettre, ne pouvant la livrer à la bonne personne, j'ai décidé de la poser ici-même, ne te sens donc pas visé(e).