SVELTANA J. DAWSON ► giza lagarce

« Je te déteste, va crever, tu n'a jamais et tu ne seras jamais mon père. » les larmes coulaient le long de tes joues. Tu t'accrochais vivement au lit de l’hôpital, tu ne voulais pas le lâcher, tu ne voulais pas laisser disparaître ta mère. Elle était ta mère, ta meilleure amie, ta confidente, et principalement celle qui faisait battre ton cœur. Tu ne pouvais pas vivre sans elle, tu ne pouvais pas continuer cette vie que tu avais construite avec elle. Elle ne pouvait pas t'abandonner maintenant et te laisser aux griffes de ton père... Tu le fuyais depuis des années avec ta mère, tu ne l'avais pas revu depuis des années et tu comptais ne jamais le revoir. Malheureusement, il était là en face de toi, t'obligeant à partir avec lui. Les larmes coulaient, les unes après les autres, ton maquillage commençait à se décrocher de tes paupières pour couler le long de ton visage. Tu souffrais, ton cœur se brisait, tes mains tremblaient et la rage montait en toi. Tu n'avais pas le choix, tu laissais ta mère derrière toi, détachant tes doigts de sa main, tu partais la tête basse, tirée par ton père. Il recommençait ce qu'il faisait auparavant, quand tu vivais encore sous le même toit que lui. Il levait la main sur toi, tout simplement quand il en avait envie. Monsieur était trop stressé au travail, il buvait quelques verres et par la suite, il te faisait souffrir. Mais, plus personne n'était là pour t'aider et venir en ton aide... Tu cachais ces marques par des vêtements amples et assez longs, tu avais des hématomes et des plaies de plusieurs centimètres... Parfois, tu ne sortais pas de ta chambre pendant plusieurs jours, de peur de tomber sur lui. Tu n'allais pas au lycée pour ne pas que quelqu'un remarque tes bleues sur le visage. Tu n'arrivais même plus à dormir, tu te calais contre la vitre, avec une couette et tu observais le ciel. Il n'y avait que comme ça que tu t'occupais l'esprit et ainsi tu repensais à ces souvenirs si parfaits avec ta mère. Un beau jour, tu te rendais à ton lycée, alors que tu devais aller en cours, ton directeur te demanda de te rendre directement à l'infirmerie. Le début d'une longue histoire, tu n'avais pas pu cacher ce corps si abimé par les coups de ton père. Tu ne pouvais pas nier et à vrai dire tu n'avais plus la force de te battre et de continuer de vivre une vie comme celle-ci. Une longue démarche, tu devais passer devant un juge, remplir quelques papiers et avouer qu'il te frappait depuis des années... Tu n'avais que seize ans quand tout ceci se passa, envoyé dans une famille d'accueil, tu allais recommencer une tout autre vie.

Tu déménageais, emportant toutes tes affaires dans une nouvelle maison, une nouvelle vie. Loin de tout ce que tu avais vécu auparavant, fille unique, tes nouveaux parents s'occupaient de toi comme une princesse. Plutôt mal à l'aise au début, mais avec le temps et la patience, tu te livrais à eux. Tu reprenais plaisir à profiter de ta vie, tu sortais de plus en plus avec tes amis. Tu t'habillais autrement, ton sourire réapparaissait petit à petit sur ton visage. Malheureusement, tu n'arrivais pas à reprendre un poids stable, tu avais perdu tellement de kilos en seulement quelques mois. Mais, ça n'inquiétait personne, tu allais certainement mettre un peu plus de temps pour ce problème. Tu commençais à fumer, certainement dû à ce changement si brutal, mais tu n'as pas seulement commencé tout ça. Tu t'es laissé emporter dans un engrenage sans fin. Les soirées, l'alcool, la drogue et le sexe, voilà ce qui maintenant occupait tes soirées. Tu finissais régulièrement en train de vomir tout ce que tu avais pu ingurgiter depuis le début de la soirée. Parfois, il t'arrivait d'être allongée sur le canapé, totalement ailleurs, les yeux écarquillés, sous l'emprise de la drogue. Ta première fois tu l'avais fait avec une mec, bien trop alcoolisée et camée, tu ne te souvenais absolument de rien. Tu t'étais retrouvée dans ses bras à ton réveil, totalement nue et lui de même. Au final, tu avais remis ça et plusieurs fois, tu étais devenue une de ces filles qui se laissaient porter par les effets de la drogue et l'alcool. Tu sortais avec ce type, durant quelques mois, puis quelques années. Un amour si fort, malgré les hauts et les bas, finalement brisé par ces conneries. Il t'avait trompé plus d'une dizaine de fois et tu l'avais appris le jour de ton anniversaire, magnifique cadeau. Tu n'avais jamais montré la douleur que tu avais ressentie à ce moment. Il était clair, net et précis que tu ne voulais pas te relancer dans une relation sérieuse. Tu enchainais les coups d'un soir, devenant limite une garce. Casser des couples ? Tu t'en foutais, car ces meufs n'avaient pas hésité une seule fois quand il s'agissait de ton mec. Rancunière, vengeance, haine, tu changeais totalement. Ton caractère, ta façon d'être, tes manières, ton style de vie, plus rien n'était pareil et tes parents commençaient à s'inquiéter pour toi. Heureusement, tu les écoutais et tu ne voulais pas les faire souffrir. Tu décidas de prendre des cours particuliers pour améliorer tes notes et espérer avoir une place à Harvard.

Cela ne t’empêchait en rien de sortir de temps en temps, mais tu freinais tout ce qui était drogue et connerie. Même si parfois tu passais le week-end entier en dehors de la maison, sans prévenir quiconque. Les mois se sont enchainés et tu as réussi à obtenir ton diplôme sans trop de difficulté, comme quoi sans travail tu ne pourrais rien obtenir. Tu avais finalement compris tout ceci et tu ne comptais pas baisser les bras et continuer ainsi. Tu avais postulé dans plusieurs universités pour la médecine et psychologie, mais ton premier choix se tournait vers Harvard. Tu devais attendre encore un mois pour obtenir la réponse, tu avais envoyé ton dossier, réalisés deux entretiens pour tes compétences, motivation et des tests. Les jours passaient et tu n'avais aucune nouvelle, tu étais prise à Columbia, ton deuxième choix... Tu commençais à désespérer, mais une lettre arriva un beau jour alors que tu étais en train de profiter du soleil. Tu étais prise à Harvard, tu pouvais faire tes valises pour partir en direction de cette sublime université. En seulement quelques heures, tu prenais l'avion pour te rendre là-bas et profiter de quelques jours pour te trouver un appartement. Bien sûr tes parents t'accompagnaient et ils allaient te financiers totalement tous. Tellement fiers de toi, ils feraient tout pour ton bonheur et pour que ton avenir soit parfait. Tu décrochais ton appartement, tu achetais tout ce que tu avais besoin pour ces années et c'est ainsi que tu commenças ta vie d'étudiante au sein d'Harvard. Ce qu'il fallait savoir c'est que tu te débrouillais plutôt bien avec tes études, mais que parfois tu te laissais trop tenter par ces soirées. Replongeant de temps en temps dans tes travers, d'ailleurs il n'est pas rare de voir un joint trainer dans ton cendrier. Pour toi, les études sont importantes, mais ce qui était le plus important c'était de vivre et profiter de ta vie. Avec tout ce que tu avais vécu auparavant, tu voulais rattraper le temps perdu, oubliant parfois l'enjeu de tes études. Tu fumes, tu bois, tu couches avec tout le monde, tu es partante pour toutes les soirées. Tu pars parfois en festival, tu es bien connu à Harvard pour être une grande fêtards. Bien sûr, tu ne le dis pas à tout le monde, mais pour pouvoir suivre correctement tes études, malgré tes écarts, tu peux compter sur des amis en médecine. Ils t'ont déjà donné quelques cours, ainsi tu peux avancer à ton rythme, parfois tu t'endors en cours, mais tu tentes tout de même d'être présente mentalement. Tu n'as pas envie de foutre en l'air ce rêve et cette opportunité d'être dans cette école.