LAWRIE ◦◦ “Live your life you will have to, until death claims you rights”

Kirkwall est la ville principale et la capitale, depuis l'époque des Vikings, de l'archipel des Orcades, au nord de l'Écosse. C'est ici que j'ai grandi. La ville contient un port relié aux principales îles du coin par un ferry, ainsi qu'un aéroport. Comme toutes les villes de province, Kirkwall ne dispose pas de grandes places. La ville contient principalement une cathédrale de style roman, vieille de plusieurs décennies, des bâtiments historiques tels qu'un musée, l'une des plus fameuses distilleries d'Ecosse et des sites archéologiques uniques. De nombreuses boutiques artisanales permettent de faire connaitre la joaillerie locale, source de fierté de ses habitants. Régulièrement, des guides non conventionnés, de simples villageois la plupart du temps, approchent les touristes dans l'optique de leur faire découvrir les îles grâce à de petites excursions, randonnées pédestres et équestres. Les principales attractions ont lieu à la fin mai avec le festival annuel de musique folklorique ainsi qu'en juin, le festival St Magnus, qui fête la célébration des ouvrages créatifs de la guilde des artisans orcadiens. Cependant, il s'agit ici de la capitale. La maison où j'ai grandi se situe un peu plus au Nord, près d'une bourgade de plusieurs centaines d'habitants qui tous, se connaissent et s'apprécient. Différentes des habitations de la capitales, celles de la bourgade sont bordées et souvent recouvertes par des plantes grimpantes, associant l'usure de la pierre grise ou blanche dans une impression de vie figée dans l'espace et le temps.

J'ai grandi dans un cottage situé dans une bourgade à environ six kilomètres de la capitale, Kirkwall. Construite en plein milieu d'un grand terrain, ma mère y a fait installer un jardin face au petit portail en bois d'un blanc écaillé qui permet d'accéder à l'ensemble de la propriété. Des fleurs de divers coloris, grimpantes, petites, vertes poussent aux différents endroits, chouchoutées toute l'année durant par leur jardinière attitrée qui a également fait installer une table et six chaises à l'ombre d'une petite varangue, ombragée grâce à des plantes grimpantes retombant en bouquet le long des poutres en bois. L'arrière du domaine donne sur plusieurs arbres, la plupart faisant penser à des chênes. Immenses et verdoyants même en hiver, ils dissimulent un petit sentier qui amène, à le suivre, aux falaises et à l'océan, à plusieurs kilomètres de là. Au rez de chaussée, il y a la cuisine, organisée selon les souhaits de notre mère. Nul n'a le droit d'y pénétrer quand la matriarche est aux fourneaux. Remplies de bocaux, d'odeurs d'épices, de couleurs éparses, c'est le lieu le plus chaleureux de la maison, celui lequel tout le monde passe pour se rendre à la salle à vivre. Le salon est constitué d'une cheminée qui travaille principalement en hiver. Là encore, le bois vieillot donne à la pièce un côté rustique et véritablement chaleureux. Des photos parcourant chaque mur, quelques tableaux sans grande valeur pécunière, et des bibelots créatifs et traditionnels donnant à l'ensemble des allures kitch et bohème. Il est à noter qu'il n'y aucune télévision dans la maison, mes parents préférant la culture par la lecture ou les activités extérieurs que par ce que mon père aime appeler « l'univers du virtuel, ou comment la bêtise est devenue interplanétaire ». La salle de bain/toilettes est plutôt petite quand on songe aux nombres de résidents. Comme dans toutes les pièces de la maison, elle invite à se prélasser. Pas de douche, mais une baignoire suffisamment grande pour accueillir un adulte et prendre des bains chauds une fois l'hiver venu. Des plantes vertes culminent à chaque recoin de la maison, et cette pièce n'y fait pas exception. La chambre des parents est l'endroit où, enfants, nous aimions tous nous regrouper. Ordonnée, toujours d'une propreté à faire pâlir nos propres chambres, la décoration a été travaillée de manière à créer une atmosphère apaisante. Au premier étage se trouvent nos trois chambres. La quatrième était celle d'Hannah, qui a décidé à partir de ses seize ans avec l'aval de sa grande sœur, de dormir toutes les deux dans la chambre de cette dernière, repensée comme une sorte de dortoir pour les deux jeunes femmes. Evidemment, chacun témoigne de son style propre et de son propre agencement. La chambre de mon frère et la mienne sont aussi différentes du jour et de la nuit. La mienne, peut-être parce que je suis l'ainé, est tout en sobriété et en livres divers et quelconques, tandis que celle de mon cadet revêt davantage l'allure des chambres d'adolescents avides de musiques et de jeux en tous genres. Une dernière pièce, ouverte sur l'escalier menant au rez-de-chaussée fut créée peu avant mon départ de la maison par mes sœurs et mon frère. Une bibliothèque y a été installée, ainsi que plusieurs poufs et petits canapés afin de concocter une pièce à part où les « enfants » pouvaient venir se recueillir, travailler au bureau ou écouter la radio sans déranger ou être dérangés des parents.