(Lennia) It's your fault

Ça faisait longtemps que je n'avais pas vue Maxine. La dernière fois que j'avais eu de ses nouvelles, ça remontait au jour où elle était parti à Londres avec Elias, rendant visite à Lennox. Je secouais la tête, chassant l'image de ce dernier de ma tête. Il était partie, c'tait comme ça. Il faisait sa vie ailleurs et la mienne se poursuivait ici, nos chemins s'étaient séparés et j'connaissais pas la raison. Peut-être que c'était mieux comme ça, je n'avais pas envie de connaître le pourquoi du comment. Je me dirigeais vers l'appartement de mon amie, j'avais empruntée ce chemin je-ne-sais combien de fois. Je connaissais les lieux par coeur et j'avais des noeuds dans l'estomac, inutile de vous expliquer c'était à cause de qui. Je trouvais rapidement l'appartement et sortais la clef de mon sac à main, puis j'enfonçais celle-ci dans la serrure de la porte. Je tournais ensuite la poignée de porte et je pénétrais dans l'appart. Je n'étais pas revenue ici depuis.. novembre. C'tait la première fois que je ressentais ce malaise, qu'est-ce que ça signifiait? Je fermais la porte derrière moi et lorsque je tournais ma tête vers le salon, je fronçais les sourcils en reconnaissant la valise de Lennox au sol. C'était bien la sienne, j'avais vue la même au Summer Camp. Ce dernier apparaissait ensuite dans mon champ de vision. « J'savais pas qu'ils hébergeaient des étrangers. » Disais-je avec sarcasme. Il était devenu un étranger à mes yeux, c'était simple.   

C'était comme s'il n'avait jamais quitté le loft, aussitôt revenu, aussitôt il s'était empressé de reposer ses affaires là où elles étaient à la colocation; ou du moins la moitié de ses affaires étant donné qu'une jeune demoiselle semblait avoir pris possession de sa chambre durant son absence. Mais mis à part ce détail, c'était comme s'il n'avait jamais pris fuite. Du moins 'prendre la fuite' selon ses connaissances américaines, lui connaissait la réelle raison de son départ, et c'était sans doute tout ce qui importait. Bref. Dorénavant de retour et reprenant petit à petit possession de la cuisine dans l'appartement en fouillant et injectant ses produits d'alimentation à lui, son départ pouvait être facilement oublié. Du moins, à ses yeux. Et ceux d'Elias et Maxine. Qui semblaient d'ailleurs rentrer si il en croyait le bruit de la serrure de la porte, qui fit bouger Lennox et se diriger vers l'entrée, avec la ferme idée de parler de la ré-organisation de la cuisine à peu importe qui franchissait cette porte. Mais lorsqu'il eut un aperçu de la personne venant tout juste de pénétrer l'appartement, il se figea net et oublia en un claquement de doigts le fil de ses pensées. Blonde, élancée à la présence imposante, elle était loin d'être Maxine ou Elias. Ariana. Il l'aurait presque oublié. Presque. Enfin non, à qui il peut faire prétendre ça : bien sûr que non, il n'était même pas parvenu à l'effacer de son esprit. Et il n'avait pas été prêt à la confronter, maintenant, aujourd'hui. Contrairement à elle, qui attaquait d'ores et déjà les hostilités. Bien. Lennox se força à se reprendre en quelques secondes et adopta le masque froid et hautain. « Je ne savais pas non plus qu'ils laissaient n'importe qui traverser cette porte, comme quoi. » Rétorqua-t-il en haussant les épaules, d'un ton neutre, et tout en prenant appui d'une épaule sur l'envergure de porte qui séparait salon et cuisine.  « Qu'est-ce que tu fous ici, Ariana ? Depuis quand tu as les foutus clés de cet appart ? »

Je m'attendais à tout mais certainement pas à revoir Lennox, ici dans l'appartement. Déjà que je n'aimais pas cet endroit et je trouvais mille et une excuse pour ne pas y aller, il fallait que je tombe sur lui. J'étais submergée de questions, qu'est-ce qu'il faisait ici? Était-il venu rendre visite à Elias et Maxine? Je réfléchissais à toutes les raisons qui justifiaient sa présence ici. Ça serait mentir si j'disais que je l'avais oubliée, parce que ce n'était pas le cas. J'avais dû mal à m'attacher aux gens, en particulier aux mecs et Lennox avait été cette exception. On n'avait pas arrêté de me questionner sur le départ de ce dernier et je contournais les questions, parce que je n'avais rien à dire à son sujet. Il était parti, c'était son choix. C'était également son choix d'être partie sans m'avertir, ni quoi que ce soit. Certes, je n'avais pas arrêtée de penser à lui. En particulier ces derniers jours, puisque j'avais mis un terme à ma soit disant amitié avec Abélard, enfouissant tous les sentiments que j'éprouvais pour lui à l'intérieur de moi. Je n'avais pas arrêtée de me questionner sur Lennox, Abélard et moi. S'il serait resté ici, où en serais-je avec Abélard aujourd'hui? Je commençais les hostilités la première, puisqu'entre lui et moi j'étais celle qui avait le plus de cran. Il me lançait un regard froid, hautain. J'connaissais ce regard, je venais de marquer un point et cela affectait son égo, pauvre chou. « T'as oublié un petit détail, je suis amie avec ceux qui habitent ici. Le n'importe qui, ne compte plus désormais.  » Rétorquais-je à mon tour, soufflant du nez. Lennox prenait appuie contre l'envergure de porte. Je me tenais maintenant au milieu du salon, bras croisés. « Ça te regarde le pourquoi du comment j'ai les clés?  » Demandais-je avec provocation. 

Evidemment, elle était là. A peine 24h qu'il avait foutu les pieds en Amérique qu'il revoyait celle qui le tourmentait sans cesse depuis l'été, pendant l'automne, pendant l'hiver, même à des milliers de kilomètres d'ici. A cet instant-ci, Lennox avait enfui de jouer les lâches et reprendre fuite parce qu'il n'était pas prêt à la revoir, pas après qu'il soit parti en voleur. Quand bien même il n'avait jamais eu des comptes à lui rendre ou à lui informer de chaque événement de sa vie, parce qu'ils n'avaient pas de relation - ou se le refusaient l'un et l'autre, il savait qu'il était parti comme un voleur et qu'elle était loin d'avoir louper son départ. Au contraire, selon les dires d'Elias et Maxine, elle avait envie des envies de meurtre vis-à-vis de lui. Et en Angleterre, entendre sa réaction le fit tressaillir de joie parce que ça montrait un minimum qu'elle ne se foutait pas de lui; mais en Amérique, ici, devant elle, il n'était juste pas prêt. D'autant plus qu'Elias et Maxine avaient raison, elle semblait avoir envie de le tuer, vu son expression quand il apparut dans son champ de vision et son attitude arianesque. « On se demande grâce ou à cause de qui. » Lui. C'était grâce/à cause de lui qu'Ariana était à part entière une fréquentation régulière de ses deux meilleurs amis. Qu'elle avait maintenant les clés de leur appartement. La preuve qu'elle avait pris une part plus ou moins importante dans sa foutue vie. Quoi qu'il fasse, elle serait toujours là parce qu'ils étaient Lennox et Ariana et qu'ils le seraient toujours, au fond.  « Ecoute, Ariana, j'ai pas le temps de jouer au jeu de la provocation avec toi, j'ai des valises à défaire, une chambre à dégager. Maxine et Elias ne sont pas là, ni les deux nouvelles, tu n'as que moi, donc si tu n'as rien d'intéressant à faire ou à dire, tu connais la porte de sortie. » Joignant ses gestes à ses mots, il s'avança vers elle, s'approcha et la dépassa pour ouvrir la porte, lui indiquant tout de même la sortie, on ne sait jamais. Il tenta en vain d'ignorer son putain de parfum qu'il avait senti en passant à côté d'elle, mais il savait que c'était déjà foutu. Il était foutu. En 5s top chrono; il la détestait vraiment pour cet effet qu'elle aura toujours sur lui. Ou plutôt, il se détestait d'être devenu aussi fébrile quand elle était là.

Peut-être que c'était une mauvaise idée de venir à l'appartement aujourd'hui, tout comme c'était une mauvaise idée dès le départ. Certes, j'étais ici parce que Hadès me l'avait demandé. Sa chère soeur vivait ici et il savait à quel point j'adorais mettre mon nez dans les affaires des autres. Si j'avais su que Lennox serait de retour, je ne serai pas venue ici. J'étais tellement en colère contre lui, parce qu'il ne m'avait pas averti. Il me devait des comptes, des explications. C'était facile de dire que je devais tourner la page et passer à autre chose mais, d'un côté je pouvais tout simplement pas. Parce que c'était Lennox. Ce mec m'avait fait vivre des émotions. Que ce soit positif ou négatif, c'était jamais simple entre lui et moi. Ça ne l'avait jamais été et je savais que ça ne le serait jamais. Parce qu'on se ressemblait. Il ramenait tout à lui, comme d'habitude. Si je ne l'avais pas connue, je n'aurais pas rencontrée ses deux meilleurs amis. J'connaissais déjà Maxine avant lui mais ce détail il s'en foutait. « T'es pas le centre de mon univers mon coco, redescend de ton piédestal.  »  Rétorquais-je sur un ton froid. Non c'était pas à cause de lui et encore moins grâce à lui. Lennox poursuivait en rajoutant qu'il n'avait pas envie de jouer au jeu de la provocation et il trouvait mille et une excuses pour se défiler. Pourquoi ça m'étonnait pas? Il n'était pas capable de me regarder droit dans les yeux. Il s'avançait vers moi, s'approchait et passait à côté de moi pour aller ouvrir la porte. Je me tournais, le suivant des yeux et je fronçais les sourcils en le voyant m'indiquer la sortie. J'appuyais ma main contre la porte pour la refermer, soutenant son regard. « Ah si tu as le temps, le reste peut attendre. Si t'arrêterais de contourner mes questions, j'crois pas que j'aurais besoin de jouer la provocatrice pour entendre tes explications, Lennox. »  Disais-je sur le même ton.  

« 'Redescends de ton piédestal', l'ironie venant d'une Princesse qui pense être le centre de l'univers, justement. » Avait-il tranché d'un ton froid. S'il avait su qu'elle avait dorénavant un libre accès à leur appartement et qu'il pouvait à tout moment tomber sur elle dès son emménagement, il aurait trouvé quelconque autre moyen pour emménager et l'éviter. Quelconque moyen. Même s'il ne pouvait pas l'éviter éternellement, au moins quelques semaines. Mais trop tard coco. Ariana était là, bien devant toi et bien remontée. Quelle différence par rapport à d'habitude me diriez-vous ? Le jour où Ariana ne porterait pas cette expression de folie meurtrière sur son visage quand elle le voyait, c'est là qu'il s'inquiéterait. Là, se tenant près de la porte de sortie pour la pousser à partir, il était juste las. Et tentait plus que tout d'ignorer les battements de son cœur qui s'accéléraient alors qu'elle ne semblait pas vouloir suivre son conseil. Non, à la place, elle se permit même de fermer la porte et reprendre les attaques. Il soupira, se passa la main dans les cheveux, frustré et recula d'un pas histoire de s'éloigner d'elle, et de son odeur qui l'avait, dans le temps, obsédé. Il refusait de retomber dedans. « Je ne contourne pas tes questions, étant donné que tu m'en as posé aucune. Je suis celui qui a posé les questions, tu es celle qui les as contournés. » Rétorqua-t-il, malin, rentré malgré lui dans le jeu d'Ariana. Bordel, il n'avait pas le temps pour ces conneries. Pas le temps ni la patience ni l'envie. « Et j'ai peut-être du temps, mais sans doute pas assez pour t'en accorder. Donc en quelques mots : oui, je suis parti. Oui, je suis revenu. Et non, je ne t'ai rien dit parce que qu'est-ce que ça peut bien te faire ? » C'était à son tour d'être provocateur, conscient qu'il la ferait sans aucun doute sortir de ses gonds.

Je soufflais du nez avant de lever les yeux au ciel lorsqu'il reprenait mot pour mot ce que je venais de dire. Je crois que son narcissisme ne m'avait pas du tout manqué, même que.. non en fait, ça ne m'avait pas manqué. J'avais deux choix qui s'offraient à moi, soit je l'ignorais et je continuais mon enquête dans les affaires de mini de Belgique ou soit, je laissais tomber tout ça et je m'en allais. J'avais optée pour autre chose qui ne figurait pas dans ma liste: le confronter. Ça devait arriver tôt ou tard mais, j'étais surprise de le voir ici. Il avait disparu de la circulation pendant deux mois et voilà que monsieur revenait comme une fleur dans cette ville, dans cet appartement qui contenait des souvenirs que je ne pouvais pas oublier. « Le sang royal coule dans mes veines, contrairement à toi qui a été logé et nourris par une héritière qui n'est même pas ta vraie mère. » rétorquais-je d'un ton froid, je savais appuyer là où ça faisait mal. J'aimais avoir le sens de la répartie, en fait c'était un sous-entendu qui voulait dire qu'il n'était pas héritier à proprement parlé. Moi j'étais une princesse, lui il n'avait aucun statut officiel qui le rendait plus important. Je me permettais de fermer la porte avec ma main, je n'allais pas repartir d'ici avant d'avoir entendue ce que je voulais entendre. Je soutenais son regard avec provocation, ça se voyait dans mon visage que j'étais remontée et vénère contre lui. Lennox soupirait, puis il reculait pour s'éloigner de moi, quant à moi je croisais mes bras sur ma poitrine, frustrée de l'entendre dire que c'était moi qui contournais ses questions. « Pourquoi t'es là en fait? Londres n'était pas assez bien pour toi? » Demandais-je sans bouger d'un centimètre. J'avais tout mon temps. Je savais qu'il détestait les confrontations depuis le temps que je le connaissais. Il n'était pas patient pour ça, moi oui. Je sentais que c'était moi qui allais avoir le dernier mot. « M'en voilà ravie. » disais-je avec sarcasme. « Tu veux qu'on en parle de ce qui s'est passé entre cet été et ton départ? » demandais-je en le regardant avec dédain, il voulait que je cite tous les détails ou quoi?      

Il perdait patience Lennox, et Dieu sait que lui perdre patience devant Ariana était un signe du début de la fin. Lui qui avait toujours su user de la patience du monde avec elle, depuis l'été dernier. « Epargne-moi ton blabla inutile sur le sang royal et ces merdes d'héritier, si tu y accordais tellement d'importance, tu serais pas encore là, à me faire perdre mon temps. » Il leva les yeux au ciel, épuisé. Elle cherchait à le provoquer au maximum, mais il se contenait. Dans les débuts oui, ses paroles l'auraient piqué à vif, elle savait appuyer là où ça faisait mal. Mais dorénavant, il la connaissait, plus que bien, avait dompté son sale caractère et appris à voir au-delà de ses provocations; il la connaissait putain, il avait pris le temps de la connaître et ça lui foutait encore plus le moral à zéro. Parce qu'il n'avait jamais pris le temps de connaître une seule nana depuis son arrivée à Harvard. Même à Londres, même Ruth semblait être encore un mystère à ses yeux, pas Ariana. Et c'était un putain de signe. Merde, il aurait réellement dû rester à Londres. Pourquoi il était revenu? Même elle, lui demandait. Il eut envie de rire jaune à sa question d'ailleurs, sans réellement savoir pourquoi; mais étant dans un jeu de celui qui réussira le plus à blesser l'autre en moins de temps qu'il ne le faut, Lennox tourna le regard vers elle à la place, tout sérieux, avant de lâcher dans un soupir : « Sans toi, Londres n'était pas assez bien, non.. » Et c'était vrai, mais il ne l'avouerait jamais, ni à lui et surtout pas à elle. Faisant tomber son masque sérieux, il regarda la blonde avant de se mettre à rire jaune, lui faisant comprendre qu'il s'était foutu d'elle. « Quoi ? Ce n'est pas exactement ce que tu voulais entendre ? Dommage pour toi Princesse, si j'avais pu rester à Londres juste pour ne pas être dans la même ville que toi, je l'aurai fait. » Et c'était vrai. Mais seulement parce qu'il refusait toujours de la confronter dans sa tête, même s'il y était déjà physiquement. Il refusait de lui faire face et il craignait le moment où elle amènerait le sujet de leur relation passée. Mais il n'avait plus longtemps à craindre, parce qu'elle venait à l'instant de le faire. Tu veux qu'on en parle de ce qui s'est passé entre cet été et ton départ? Lennox leva les yeux vers elle, plantant son regard dans le sien, toute source de moquerie disparue sur le visage. Putain, voilà pourquoi il voulait pas la confronter, il allait perdre. A tous les coups. Il inspira un grand coup, soudainement piqué à vif. Putain qu'elle l'énervait. « Ce qui s'est passé ? Tu veux dire les deux fois où j't'ai sauté ou ça ? » Qu'il aboya soudainement. Et sans prendre gare, sans l'avertir, il s'avança d'un pas déterminé vers elle, prit brutalement son visage entre ses mains et l'embrassa, tout aussi brutalement. Le baiser était tout sauf doux, tendre, il y mettait toute sa colère et sa frustration dans ce baiser; mais comme à chaque fois que ses lèvres touchaient celle d'Ariana, Lennox se perdait. Quand il se sépara d'elle, il mit quelques secondes avant de se rappeler du contexte du moment, et remettre un masque dur et désintéressé sur la figure. « Tout ça : c'est fini, Ariana. Ne remets plus jamais cette histoire sur le tapis. » Trancha-t-il d'un ton dur et cassant. Parce qu'il n'était clairement pas sûr de pouvoir garder le contrôle.