Tekpaf... enfin surtout paf non ? (Jusia)

Ces derniers temps, il suffisait d'un rien pour mettre Jules sur les nerfs et malheureusement, ça n'allait pas en s'arrangeant. Le calme et la réserve dont il faisait preuve lui manquaient et oui, il essayait de faire des efforts, de se contenir, vraiment, en vain. Et ce soir encore, le jeune homme était de mauvaise humeur. Enfin, c'était un euphémisme puisque la conversation qu'il venait d'avoir avec son géniteur avait littéralement explosé. Déjà que ses rapports avec ce dernier étaient compliqués, là, difficile de faire pire. Piqué à vif, Jules s'empressa de rejoindre la mather house, le seul endroit où il se sentait véritablement chez lui et où il était certain d'être tranquille. Du moins, c'est ce qu'il croyait. Jusqu'à ce qu'il ne se retrouve entouré de personnes complètement bourrées, se déchaînant sur un fond musical qui lui donnait juste envie de foutre le camp aussi vite qu'il était arrivé ici. Putain mais... c'était quoi ce bordel ? Il y avait une fête ce soir et on ne l'avait pas prévenu ? Pourquoi est-ce qu'il n'était pas au courant ? Génial. Maintenant, il avait de quoi être encore plus agacé, comme si ça ne suffisait pas. Un verre, voilà de quoi il avait besoin. Juste un verre et ensuite il irait se cloîtrer dans sa chambre pour se rouler un joint. En même temps, il ne voyait pas trop quoi faire d'autre avec un boucan pareil. Se frayant un passage à travers la foule, il balaya la salle du regard à la recherche du bar mais au lieu de ça, ses yeux se posèrent sur une petite blonde non loin de lui, qu'il reconnaîtrait entre toutes, même de dos, Anastasia. Sauf qu'elle était pas toute seule là. En fait, elle était même en train d'emballer un mec. Sentant sa mâchoire se crisper, Jules fronça les sourcils, n'étant plus tout à fait sûr qu'il s'agisse de sa blonde. Alors il s'avança, sentant néanmoins la colère grimper petit à petit jusqu'à ce qu'il ne reconnaisse le mec en question. C'était Denys. Putain, il allait péter un câble là, c'était juste pas possible. De tous les mecs de cette baraque, il avait fallu que ce soit lui. Quel bel enfoiré. Alors c'était ça ? Elle se foutait de sa gueule depuis le début avec ses déclarations à deux balles pour se taper son pseudo pote par derrière ? Rire, voilà ce que Jules avait envie de faire. Mais là, avec ce qu'il avait juste en face de lui, c'était même pas la peine. "Mais on dirait qu'on a un nouveau couple par ici !" s'exclama-t-il en récupérant un verre de whisky qui traînait par là, parce que rien à foutre, il crèverait bien un jour ou l'autre de toute façon. Sa voix était pleine de sarcasme, comme s'il balançait toute l'ironie dont il pouvait faire preuve en cet instant. "Quoi ? Vous vouliez garder la surprise pour plus tard c'est ça ?" Bah là c'était raté. Jetant un coup d'oeil autour de lui, il avala son verre cul sec avant de reprendre : "Trop tard." Dégoûté, voilà ce qu'il était. Il avait l'impression qu'on venait de le trahir de tous les côtés, l'impression d'avoir un poignard planté dans le dos. Le regard noir, il les fixait tous deux, tentant de se contenir, une fois de plus.

L’alcool dans le sang, le bazar dans ma tête, mon besoin de penser à tout autre chose, sa présence là contre moi après ce porté raté, la musique que les enceintes continuaient de faire résonner dans la pièce, c’était un peu le mélange de tout cela qui m’avait poussé à agir ainsi, à ce lâcher prise actuel, mes lèvres aimantées par les siennes, je me penchai doucement vers Ana pour l’embrasser avec douceur. Ma main sur sa joue, ma bouche contre la sienne, m’attendant presque à la voir filer me filer entre mes doigts, littéralement, parce qu’aux vues de ses confidences et du bordel que semblait être sa vie sentimentale, tout comme l’était d’ailleurs la mienne, rajouter un nouveau facteur perturbant n’était probablement pas une bonne idée. Mais quand deux âmes seules s’enivrent et se rapprochent, le besoin d’affection finissait par toujours par l’emporter. La demoiselle ne bougea pas, répondant même à mon baiser, ses lèvres se pressant avec délice contre les miennes, ramenant par vagues les sensations que j’avais pu éprouver durant nos quelques nuits au Summer Camp. Pendant quelques secondes, quelques minutes peut être même, j’eus cette vague de bien être. Bien. J’étais juste bien. Blâmez la tequila ou bien le goût de ses lèvres, mais le résultat était là. Sauf que la bulle explosa bien vite. On nous interrompit et je m’écartai aussitôt pour tourner la tête vers le détenteur de cette voix qui venait de résonner, de souligner avec un sarcasme le nouveau couple en nous désignant Ana et moi. Mes yeux s’écarquillèrent quelque peu en reconnaissant le brun. « Merde… Jules… » soufflai-je d’abord, pris de court, surpris de son irruption soudaine. « C’est pas ça, on n’est pas ensemble attends… » tentai-je d’expliquer à mon ami. Si déjà je m’étais senti mal vis à vis du jeune homme quand notre aventure estivale était ressortie dans les questions sur mon formspring, là c’était encore pire. J’aurais voulu disparaître dans un trou, sauf qu’en même temps, ils n’étaient pas ensemble ? Ana venait bien de me confier le lapin que Jules lui avait posé y’avait peu de temps, donc en théorie, je ne faisais rien de mal. Enfin, je me cherchais surtout mentalement des excuses, parce que là, ça crevait les yeux que Jules tenait toujours à Anastasia vu le regard assassin qu’il me lançait. « On a un peu bu, on dansait et euh… » Mes prunelles vrillèrent vers celles de la blondinette, l’incitant ainsi, par cet appel de mes yeux, à reprendre ma suite pour les explications, sentant que je risquais de nous enfoncer plus qu’autre chose.  

Je ne sais pas ce qu'il se passait vraiment. C'était juste les circonstances et notre tristesse à tous les deux qui nous faisaient agir ainsi. Nous avions bu pas mal de tequila et il était temps pour nous de se laisser aller, de s'amuser et pourquoi pas de danser. Faire les pitres aussi, nous voilà à refaire le saut de la chorégraphie de danse le plus mythique de l'histoire cinématographie et ce fut bien sûr un échec total. Le pouf qui était sensé me propulsé n'avait fait que me ralentir, mais Denys m'avait tout de même réceptionné dans ses bras non sans rire avant de retrouver son sérieux. C'était déstabilisant, la façon dont il me regardait dans les yeux. C'était calme et mon coeur battait un peu plus vite qu'à la normale. Je ne me posais aucune question parce que mon cerveau avait beaucoup de mal à réfléchir à ce moment là et puis, quand Denys vint poser ses lèvres sur les miennes, je ne fis absolument rien pour le repousser. J'aurais pu, surtout que nous sommes à la mather house et que c'est le bordel dans ma vie sentimentale, mais j'étais tellement en manque d'affection, que je décidais de ne rien faire et de juste me laisser porter, répondant même au baiser qu'il était en train de me donner. Dire que je ne pensais pas à Jules à ce moment-là était faux, d'ailleurs, j'entendais sa voix. « Mais on dirait qu'on a un nouveau couple par ici ! » Euh. J'entendais réellement sa voix en fait. Denys ne perdait pas de temps pour nous séparer et je sentais le malaise. Jules était là et il semblait en colère, détestant certainement ce qu'il venait de voir. « Quoi ? Vous vouliez garder la surprise pour plus tard c'est ça ? » Je fronçais doucement les sourcils en le regardant. J'avais dessaoulé vitesse grand V, faut dire que De Lacroix est efficace quand il veut. « Merde… Jules… C’est pas ça, on n’est pas ensemble attends… » Je me tournais vers Denys en restant silencieuse. Je ne savais pas tellement quoi dire. Et puis, c'était « trop tard » comme le disait si bien Jules. « On a un peu bu, on dansait et euh… » Les yeux du mather venait se poser sur moi pour demander de l'aide et Jules restait silencieux lui aussi. C'était à moi de parler donc ? « Et on s'est embrassé.. » que je disais simplement dans un mouvement d'épaules qui se voulait j'm'enfoutiste. « Peut-être que toi aussi tu m'as embrassé au nouvel an, mais depuis il ne se passe rien et tellement rien que j'ai pris ça pour un terrible manque de respect. Je te croyais plus classe De Lacroix. Et là tu voix, t'as pseudo crise de jalousie, tu peux te la mettre là où je pense parce que fallait te réveiller plus tôt, tu avais tout le temps de le faire. » Ouais, pas quand je commence à tourner les talons quoi...

Merde... Jules. Bah c'était le cas de le dire. Pris sur le fait, voilà ce qu'il était, enfin ce qu'ils étaient, pour être exact. D'accord, la blonde ne lui appartenait alors elle était libre de faire ce qu'elle voulait - tout comme lui d'ailleurs - mais de là à jeter son dévolu sur son pote, fallait pas abuser quoi. Surtout après avoir laissé couler les larmes en prétendant être amoureuse de lui. Ana était une bonne comédienne, il devait bien l'avouer. Quant à Denys... c'était un peu la même chose. Qu'est-ce qu'il croyait au juste ? Que parce qu'ils étaient tous deux mathers, que c'était open bar ? Qu'il pouvait se taper les mêmes meufs sans aucun soucis ? Des blondes, si c'était ça qu'il préférait, y en avait plein tout autour de lui alors il n'avait aucune excuse. Et ce n'était certainement pas le fait d'avoir soit disant trop bu qui allait changer quoi que ce soit. Il avait par l'air d'avoir perdu tant de lucidité que ça pour comprendre qu'il venait de foirer, hein, alors dans le genre foutage de gueule, on faisait pas mieux. L'écoutant d'un air faussement intéressé, un sourire des plus sarcastique sur le visage, Jules ne le lâchait pas du regard, prenant un malin plaisir à regarder son (ex) ami qui cherchait à se justifier. Comme s'il pouvait en avoir quelque chose à foutre. Comme s'il avait envie de l'entendre galérer à raconter des conneries. Terminé de jouer les innocents en prenant un petit air de chien battu, ça ne marchait pas avec lui. Le mal était fait alors s'il pouvait se contenter d'assumer en silence, ce serait parfait. Ou de passer la parole à Ana, allez, pourquoi pas. On était plus à ça prêt de toute façon. Après la carte du mec désolé, il allait avoir droit à quoi ? Aux accusations, bien sûr. Comme s'il n'y était pas habitué. C'était donc sa faute, à lui, évidemment. À qui d'autre, sinon lui ? Se réveiller plus tôt, mais oui, c'est ce qu'il aurait dû faire. Et donc accepter de pouvoir être pris pour un con en toute circonstance, aussi. Se réveiller plus tôt, c'était si facile à dire de celle qui avait disparu de la circulation du jour au lendemain avec pour simple au revoir, un sms. "Ah ouais ? Et quand ça ? Quand t'étais au Japon ?" Voilà, c'était peut-être la facilité mais remettre le sujet sur le tapis était pourtant un argument plutôt pas mal à ses yeux. Et un moyen de lui montrer qu'il lui en voulait toujours, encore plus maintenant qu'elle lui reprochait de ne pas être allé vers elle. Se faire abandonner, Jules en avait peut-être l'habitude mais ce n'était pas pour autant qu'il l'acceptait. Se faire trahir, encore moins. "Je sais pas à quoi tu joues Ana, si ton délire c'est de te taper le plus de mathers possible ou quoi mais c'est fini." Il ne doutait pas un seul instant qu'elle trouverait quelqu'un d'autre pour le remplacer, quelqu'un à qui elle sortirait le même baratin qu'elle avait pu le faire avec lui mais pour Jules, c'était terminé. Il n'avait pas une minute de plus à perdre avec elle, ni avec qui que ce soit d'autre d'ailleurs. "Faites ce que vous voulez tous les deux, c'est plus mon problème." ajouta-t-il à l'intention de la blonde autant que de Denys, leur lançant un dernier regard avant de s'éloigner pour disparaître dans la foule. Des foutaises, voilà ce que c'était. Mais c'était la colère qui avait parlé pour lui. Colère qu'il allait s'empresser de décharger à l'étage, sur les meubles de sa chambre.