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La noirceur de la nuit me tombe rapidement dessus. Aujourd'hui, je n'ai absolument rien fait de constructif, ni pour mes études, ni pour éviter de penser à mon jumeau reparti sur notre terre natale ou encore pour essayer d'effacer Milan de mon esprit. Rien de bien pour avancer vers le futur. J'ai traîné dans un café tout l'après midi, enchaînant les tasses les unes après les autres, en pensant à tout ce qui se passe en ce moment dans ma vie. Trop de bouleversements. Où est passé la Nienke forte et au dessus de tout ? Elle doit se cacher en ce moment, au fond d'une tasse de café, se baignant dans le marc. Ma tête se tourne automatiquement vers Boston qui s'illumine pour faire face à la nuit. Je crois que j'ai besoin de prendre l'air. Je me lève comme un zombi, paye mes consommations et me retrouve rapidement dans la rue. La chaleur du café m'abandonne, et je rencontre le vent d'hiver qui fait virevolter mes cheveux sans ménagement. Je flâne dans les rues, me laisse porter par mes jambes qui me conduisent où bon leur semblent. Je marche parfois au milieu des routes, fais quelques pas de danse, me fais klaxonner pour me sortir de mes rêveries et me mettre sur le trottoir. Je ne suis même pas bourrée, je n'ai pas fumé de joint cette semaine, mais ça paraît tout comme. Je n'ai pas d'élan de vie aujourd'hui. Je croise des gens, les percute parfois, m'excuse brièvement et continue ma route. Je ne regarde même pas leur visage. Si j'étais filmée, je suis certaine qu'on pourrait penser à un fantôme, une présence qui flotte sans vraiment faire attention au monde extérieur. Et je me retrouve face à un vieux bâtiment désaffecté. J'y suis déjà venu avec mon jumeau, et plus récemment j'y ai fait du skate. Pourtant, je n'ai encore jamais tout visité, et il paraît qu'il faut absolument monter sur le toit si on veut avoir une superbe vue de la ville. On m'a dit que les nuits sans lune, on pouvait apercevoir les nombreuses étoiles bien mieux que nul part. Je trouve rapidement l'escalier en colimaçon qui me permette de monter sur le toit. La porte de sortie me paraît vraiment lourde, et je mets du temps avant de l'ouvrir. Le vent s'engouffre rapidement par l'escalier, et fait tomber des bibelots entassés sur les marches. J'avance vers le garde corps, m'y accroche un moment pour observer les lumières. Je fouille dans mon sac pour m'allumer une cigarette. Je finis par m'allonger sur le béton, les bras derrière la tête. Le silence. Le ciel est un peu couvert, comme si un orage était en train de monter. Nicotine et ciel peu étoilé, je pense que je vais passer une bonne soirée.
@Ilhan H. Eastwood
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