« put you on the game » ∇ NEPHTHYS

— with nephthys

On s'allonge, on inspire, on s'accorde une pause. C'est rare les pauses, pour l'Ellington. Pour ce nom, ça signifie du temps bousillé, perdu, du temps en moins pour bosser les cours, pour poursuivre l'ascension de son entreprise. Un truc qu'on laisse filer volontairement. On devient comme le commun des mortels, pour quelques secondes. Puis, t'es à la dunster house, car il n'y a pas d'autres lieux où tu te sens aussi bien qu'ici. Tu ne risques pas de croiser Salomée, elle est chez toi. Pas Leandra, qui s'émerveille de sa nouveauté. Des visages inconnus, qui ne te reconnaissent qu'à peine. Foutus nouveaux. Y a mes traits sur quelques photos, mon nom sous deux trophés. Mais le temps passe, vous savez. Mais j'm'en fous, j'suis là que pour quelques minutes. Sauf si le hasard s'y mèle, et met sur mon chemin un parfum connu. J'ai entendu ta voix, et ça m'fait ouvrir les yeux. J'ai entendu ton pas, et ça m'a fait me redresser sur mon coude. J'me dresse sur ma main, la tête qui ressort d'au-dessus du canapé. Un sourire rieur s'affiche directement sur mon visage, alors que mes billes suivent le chemin de tes pas. Le temps que ton attention m'accorde un instant, j't'envoie ce coussin qui se reposait là. « Ca fait longtemps, l'intello. » Trop, d'accord.

— with nephthys

La tentation était bien trop grande pour faire mine d'y résister. Ici, les dunsters, ceux qui m'entouraient le plus souvent, ont finit par partir. Ma génération est passée. J'ai fini par me faire à l'idée qu'un autre dirigeait, même si je dois maîtriser les conseils qui veulent percer mes lèvres. Fini par me faire que cette confrérie n'était plus totalement la mienne. En tout cas, plus comme cette entité où j’exerçais une influence importante. Aujourd'hui, mes alliés sont ailleurs. Mais j'en retrouve une, je perçois sa voix. Même si le terme n'est pas vraiment exact. Nous fûmes plus concurrents qu'alliés. Du moins en apparence. « Ça prend un intello pour en reconnaître une autre. » J'ai toujours été fier d'en être un, là où d'autres y voient une insulte. Notre intellect, c'est là notre plus grande force. « Tu peux le dire que mon intelligence t’a manqué, Jasper. Tu n’as pas à avoir honte. » Arque un sourcil, comme si je doutais de tes termes. Au contraire. Mais, ça serait bien trop facile que de te l'avouer. « Tu t’ennuies tellement de nous que tu nous fais une visite surprise ? » Mes visites sont assez récurrentes, il faut l'avouer. J'arrive pas à me décrocher. « J'étais las de rencontrer des gens brillants, il me fallait revenir à plus basique. » Qu'il reprend, sourire railleur aux lèvres. Le regard passe de la belle, à son soutien. « Votre canapé est plus confortable que le mien. » On aura fait mieux comme excuse. Les prunelles retournent sur la dunster, avec cet air d'imbécile dont il a le talent. Attachant tête à claque. « J't'ai manqué ? » Allez, tu peux l'avouer.

— with nephthys

Elle me distrait. Ca a toujours été le cas. La demoiselle a toujours ce certain talent. De l'agaçer d'une façon assez inédite, plus intensément que les autres bedeaux. Peut-être car elle avait une légitimité, légitimité qu'il lui octroyait bien malgré lui. C'est ton cerveau ma chère, qui te sauve. Tu me plaisais, tu sais ? Non, tu ne sais pas. C'est mon problème ça, si je t'estime à la hauteur de mon intellect, tu gagnes en intérêt. Si ta personnalité aiguise ma curiosité, si le charme de tes prunelles fait son effet. Mais, c'est difficile d'adoucir ses mots et ses gestes, quand tout ce qu'on connait entre nous, c'est la guerre ouverte. « C’est triste, t’es venu au mauvais endroit. » Pas faux. « Tu serais étonné de la bétise de certains des nôtres. » J'dois avoir quelques noms. Mais, ce n'est que pour donner le change, j'suis bien incapable d'attaquer des membres de mon ancienne patrie. « J’ai connu plus confortable. Par exemple, celui du cabinet de mon médecin. » Décroche un sourire en coin, aux commissures. « Tu veux une réponse honnête ou un mensonge pour épargner ton vieux cœur. » La langue passe sur sa lèvre, encaisse. Ouais j'sais, les trentes ans arrivent. Les années ne t'ont pas adoucie, guerrière. Mes billes suivent tes mouvements. « Ce qui se cache sous ton crâne, peut-être, ta personne ? » Il fallait une réponse en demie-mesure, forcément. Je m'en contenterais. « Tu me vexerais, si tu me disais que tu avais trouvé un autre concurrent à ta mesure. » Mais on sait que se vexer, n'est pas une limite qui nous freine. Marque un temps, ses lèvres se lassant un instant de l'ironie. « Qu'est-ce que tu deviens, Hastings ? » Pose donc tes fesses sur ce canapé, accorde-nous d'être des gens normaux, au moins deux minutes.