when you're happy like a fool, let it take you over (alexior)

Alors que les deux internes marchaient dans le centre ville tout en discutant de tout et de rien, ils finirent par atterrir dans les quartiers de Charles Street, là où ils trouverait forcément le restaurant qui leur conviendrait. L'avenir grouillaient de petites boutiques et restaurants en tout genre qui laissaient échapper la bonne odeur de nourriture, ce qui ouvrait forcément l'appétit. Il y en avait tellement que ça en devenait vite un casse-tête de choisir quand on ne connaissait aucun d'entre eux. Le Quincy en connaissait deux ou trois pour y avoir pris un rapide repas avant de retourner travailler à l’hôpital, mais ce n'était pas le genre de restaurant où il voulait l'emmener. Dans un coin de sa tête, il essayait de se dire qu'il ne s'agissait pas d'un rencard, il essayait de s'en convaincre même. Un simple dîner entre ami qu'il tentait de se persuader. Mais en vain, il ne pouvait se mentir sur son sentiment de motivation derrière tout ça. Il aurait pu inviter à dîner n'importe quelle amie sans la moindre ambiguïté dans son esprit. Mais avec Alexandra en face de lui, c'était compliqué. C'était une fille brillante, drôle, ouverte... Pas le genre de personne qui vous laisse indifférent. Il finit par tourner la tête vers son amie, le mieux était encore de lui demander ce qui lui ferait plaisir. « Alors qu'est-ce qu'il faudrait pour remplir la panse d'une Alex affamée ? » Il remit la bandoulière de son sac en place avant de jeter un coup d’œil dans les alentours. « Italien, libanais, thaï, japonais, mexicain, … Quoique mexicain c'est peut être un peu trop épicé pour toi .. Enfin bref, tu as le choix. » lui sourit-il. Honnêtement, il aimait tout alors il se pliait volontiers au choix de l'Eliot.

Elle avait toujours été la fille que l’on séduit, celle que l’on drague à chaque coin de rue. La princesse que l’on veut avoir, sur qui on fantasme. La fille mystérieuse mais adorable. Mais là, en marchant dans les rues de Boston avec Melchior à ses côtés, elle était la fille qui venait de faire rire des enfants et ça, c’est gratifiant. Les deux estomacs affamés sur patte parcours les rues jusqu’à arriver au quartier de Charles Street où de nombreux restaurants de divers cultures se côtoyaient. « A ce niveau là, tout pourra me suffire Mel. » qu’elle répond au Quincy avec un mince sourire. Depuis le début de l’après-midi, elle ne faisait que ça. Sourire. Et ce n’était pas forcé, ni pour une raison particulière. Elle était juste heureuse de sa journée et de la bonne compagnie que le jeune homme lui avait donné. Pour une fois, elle était avec un mec qui ne la draguait pas ouvertement et de manière appuyée. Pour une fois, elle avait une discussion avec un homme qui était ouvert, gentil, généreux. Une personne qui donne envie d’être comme lui, et pas le contraire total. « Thaï. J’adore la nourriture asiatiquen mais mon restaurant préféré de sushis ne se trouve pas dans ce quartier. Alors que mon restau thaï favoris, est juste au coin de la rue. » qu’elle répond honnêtement. Elle prend la main du jeune homme et l’entraîne à sa suite. Le restaurant est ouvert, dieu merci. « Naomiiii. » qu’elle crie en voyant une des serveuses qu’elle connaît très bien. Elle va souvent dans ce restaurant, elle adore la cuisine et bien entendu, s’est liée d’amitié avec beaucoup de serveurs et chefs des environs. Voyager, ce n’est pas juste à travers des voyages, les papilles aussi voyagent, et elle le sait très bien, elle qui adore manger de tout. « Viens Melchior, Naomi nous a trouvé une table. » dit-elle en suivant la jeune serveuse dans un coin du restaurant. Une alcove, assez isolée mais pas trop. Assez intime mais sans trop l’être. Elle regarde Melchior et posa sa main sur son épaule qui est au niveau de sa propre tête. « Tu verras, la nourriture ici va te faire voyager. »

Devant le sourire d'Alexandra, il ne pouvait qu'en faire de même. C'était plaisant à la voir rayonner. A la voir tout court au final. Il rit doucement à sa remarque. Pour ne pas avoir manger de la journée, c'est sur que l'estomac ne faisait plus le difficile, mais le choix du restaurant était fait. Thaï ce sera ! Honnêtement, ça le rassurait qu'elle connaissait un peu les lieux, au moins il était à peu près certain qu'elle y mangerait bien. Alex attrapa la main du jeune homme pour l’entraîner à l'intérieur du restaurant, auprès d'une certaine Naomi. Il fut d'abord surpris par le cri d'Alex, mais comprit bien vite que les deux jeunes femmes se connaissaient. Il salua timidement la serveuse, se contentant de rester poliment à l'écart tandis que le jeune femme retrouvait son amie. Naomi finit par les entrainer dans un coin du restaurant vraiment charmant. Comme quoi, ça avait du bon de connaître des gens et avoir un bon réseau. Il la remercia et attendit qu'elle soit repartie pour s'adresser à son amie. « Eh bien tu n'as pas chaumé Alex, beau travail ! » fit-il sur le ton de la confidence, légèrement penché vers elle. Décidément, elle était pleine de surprise. Cet endroit était sympa, la décoration soigneusement choisie. C'était ni trop, ni pas assez. Leur table dans un espace un peu plus en retrait, c'était le genre d'endroit où Melchior dînerait bien souvent. Elle s'appuya sur son épaule et lui assura que la nourriture allait le faire voyager. Ça, il n'en doutait pas une seconde. « J'espère bien, je te fais confiance. » Melchior attrapa la main d'Alex sur son épaule et la tira doucement vers la banquette pour inviter la jeune femme a s'installer « Mademoiselle. » fit-il d'un ton solennel. Parfois il se disait qu'il pouvait faire comédien, du genre un second rôle, ou même troisième. Alexandra passant devant lui, il finit par retirer son manteau, passer une main nerveuse dans ses cheveux et s'installer à son tour. Nerveux Melchior ? Oui un peu. Nerveux mais excité à la fois. Ce n'était pas tous les jours que ça arrivait. Qu'il était autant motivé par un repas, par une personne. Et ça faisait du bien, réellement. « Va falloir aller plus souvent au restaurant ensemble ! » lança-t-il,attrapant le menu devant lui et feignant de le consulter pour dissimuler le sourire mutin qui se dessinait sur son visage. « Puisque c'est toi la connaisseuse, qu'est-ce que tu me conseillerais ? »

Deux âmes en paix pour un court instant. C’était beau à voir, plaisant à apercevoir, magique à vivre. Alexandra passait une journée magnifique, pleine de rire et de bonheur. Ce bonheur que peu expérimente, car il est pur, simple, léger. Il n’est pas recherché, il est juste vécu, et ça, c’est la clé. On ne l’attend pas, et pourtant, il nous frappe telle une légère brise de vent frais durant un été accablant, comme un doux baiser au retour d’un être cher. Il est beau, paisible, admirablement agréable. Et elle aime ça. Surtout que c’est Melchior qui en est la cause, et ça, elle ne l’aurait jamais imaginé. Elle n’avait jamais vu le jeune homme autrement que comme un excellent ami avec qui elle pouvait gérer sa douleur aussi bien que sa peine de dire au revoir à sa carrière de danseuse. Depuis la bombe, elle avait arrêté de danser. Et ça lui manquait. Mais parfois, elle dansait un peu jusqu’à ce que la douleur devienne insupportable, et c’était toujours après avoir eut une séance avec Melchior sur la gestion de la douleur physique et morale que leur blessure leur avait infligé. « Pas du tout. J’aime manger, même si ça ne se voit pas du tout. » Ils entrèrent dans le restaurant avec le sourire aux lèvres, et Alexandra vit la jolie Naomi qu’elle connaît depuis qu’elle a emménagé à Boston. Avec l’aide de la jolie brune, ils sont dirigés vers un coin tranquille dans une sorte d’alcôve intime mais pas trop. Elle lui promit un voyage de saveur en posant sa main sur son épaule. Il la prit et lui donna son entière confiance. La tirant doucement vers la banquette, elle suivit le mouvement du jeune homme, et s’assit confortablement. « Merci cher monsieur. » dit-elle avec un doux sourire. Il vint ensuite se mettre à côté de lui, en ayant retirant son manteau avant. La simple veste en cuir sur le pull d’Alexandra lui suffisait. Elle n’a pas peur de l’hiver. Retirant le vêtement, elle se retrouva avec un simple pull blanc en cachemire à col V. Il semblait un peu nerveux, agité, mais elle trouvait le moment adorable. « Je ne peux qu’approuver. Tu me feras découvrir tous tes restaurants préférés, et je ferais de même. Peut-être qu’on aura des restaurants en commun qui sait. » Elle posa le menu sur la table, le parcourant à peine. Elle savait déjà ce qu’elle voulait. Il demanda conseil, et se rapprochant de lui, elle pose sa tête sur son épaule, son visage tout près du sien. « Alooors, si tu aimes la viande, je te conseille le sauté de veau ou celui de bœuf. La viande est exquise et elle fond dans la bouche. Si tu es plus fruit de mer, il y a le pad thaï de crevette qui est divin. Bon, dieu, c’est d’ailleurs ce que je vais prendre, j’adore les crevettes. » Elle tourne légèrement son visage vers lui, sa tête toujours sur son épaule, voulant voir sa réaction. « On peut aussi faire moitié moitié. Tu prends un sauté de viande de ton choix, et je prend le pad thaï de crevette, comme ça tu goûteras deux plats en même temps. »

La sérénité pouvait se lire sur le visage du jeune homme. Aujourd'hui pas de frasque, que ce soit à l’hôpital, en cours, à l'appart, … Non. Ce jour était fait pour lui, profitant simplement du moment présent avec la douce et pimpante Alexandra, qui égayait sa journée. Il était bien loin des soucis professionnel ou personnel, il était juste là avec elle. Pour l'une des rares fois où il lâchait un peu prise, c'était agréable et ça lui faisait du bien. Bien qu'un peu nerveux, il profitait réellement de ce moment. Déjà avec les enfants auparavant et puis là, en tête à tête avec l'Eliot. Ce n'était pas tous les jours qu'il faisait ça. Pas le temps, pas la motivation. C'est d'ailleurs pas étonnant qu'il ait été plus célibataire qu'en couple ces dernières années. Et même ses anciennes relations s'étaient toutes terminée en bon terme : que ce soit pour une histoire de friendzone ou bien un manque de projection dans l'avenir... Le travail, les études et les autres ont toujours été sa priorité, si bien qu'il passait très largement au second plan. Mais pas cette fois. Non, cette fois il voyait un vague chemin se montrer à lui vers une destination qu'il n'a jamais réellement pris le temps d'envisager. Il était là avec une fille merveilleuse, qu'il appréciait et avec qui il avait passé une journée incroyable, alors oui forcément ça le pousse à réflexion. Il en oubliait même qu'elle était fiancée, se contentant de hocher de la tête alors qu'il imaginait déjà les endroits sympathiques qu'il pourrait lui faire découvrir.
Il lui demandait alors conseil car après tout elle semblait bien connaître le restaurant et les plats proposés. C'était aussi une manière d'en savoir un peu plus sur la jeune femme l'air de rien. Oui ça semblait idiot dit comme ça, mais il n'empêche qu'il a appris à prendre en compte la moindre information pour ne rien laisser au hasard. De ce fait, à travers la très courte analyse d'Alex, il avait pu apprendre : d'une, qu'elle prenait plaisir à découvrir et savourer la cuisine du monde à sa façon de décrire les plats qu'elle a pu tester ici ; et de deux, Alex aime les crevettes.
Bon dans tout ça, Melchior ne savait plus tellement quoi choisir. Il faut dire qu'Alex était bonne vendeuse et elle lui donnait l'eau à la bouche en mentionnant ces deux plats particulièrement. Allez prendre une décision après ! Mais toujours une bonne idée derrière la tête, elle le sortit bien vite de son questionnement. Il referma la carte. « Vendu ! Tu m'as donné faim et puis j'aurais été incapable de choisir très honnêtement. » avoue-t-il dans un léger rire, captant le regard de la jeune femme alors qu'elle avait sa tête tout près de la sienne. Il ressentait les battements de son cœur jusque dans ses doigts, profitant quelques secondes du regard d'Alex avant de détourner les yeux, histoire de remettre les pieds sur Terre. Melchior rouvre la carte. « Et les boissons ? » Il parcourt la carte à l'aide de son index pour s'y retrouver dans sa lecture. « Un patient en consult m'a recommandé un jour une boisson à base de gimgembre, très populaire il parait. C'est aphrodisiaque ce truc et il s'en servait surtout pour majorer les effets de sa pilule bleue. » fit-il en riant, se remémorant de la scène. Il arrête son doigt sur son choix. Il faut voir ce que ça vaut.

Rien n’était étrange dans cette situation. Rien n’était anormal. Tout semblait si simple et facile, si ordinaire et en même temps extraordinaire qu’Alexandra agissait de manière naturelle et sans chichis. Des anecdotes anodines, des petites blagues idiotes. Elle est elle, sans artifices aucuns ni mensonges. Elle ne cachait qu’une seule chose, l’envie pressente qu’elle voulait de se plonger dans les bras de Melchior pour se sentir protéger pour une fois depuis des années. Depuis qu’elle est partie. C’est ça qu’elle ressent quand elle est avec lui. Protéger. A peine une journée avec lui et elle est déjà sur les nuages, en train de rire à gorge déployée et de manger dans son restaurant préféré à lui donner ses deux plats préférés. Alors oui, elle est bien, heureuse, protéger, et ça fait du bien. « J’espère bien que je t’ai donné faim. Parce que si j’avais fait tout ce spitch pour rien, j’en aurais été vexé. » Sa tête posée sur son épaule, elle agit comme si elle le connaissait depuis toujours, comme si avec lui, rien n’était interdit. Son regard capte le sien, et elle se plonge dans son océan chocolat. Fondant pour ses yeux si puissants, si captivants. Melchior, c’est le genre de personne qui vous emprisonne avec un regard, qui vous fait avoir une bonne journée avec un sourire. Ce genre de personne qui transporte un soleil dans leur coeur sans le savoir. Alors oui, elle est proche physiquement de lui car elle veut que ce soleil entre dans sa vie. Qu’il bouge tout sur son passage et ne soit rien d’autre que le centre de son univers. Difficile à croire après que son coeur ait été meurtris il y a à peine quelques semaines. Mais il a tout colmaté, tout réparer, avec un sourire. « Oh, je ne bois que de l’eau. »»qu’elle répond avec un geste de la main. « Ou du champagne mais ce n’est pas raisonnable. » Pas raisonnable du tout car la boisson est traite si peu qu’on en abuse juste un peu. Elle se serait retrouvée rapidement sur les genou de Melchior si elle en boit à jeun, elle en est sure. « Ah bon, je ne savais pas. » Elle venait alors de comprendre la fin de son petit discours. « Melchior, je pense que tu n’as pas de problème à ce niveau là, hein. » dit-elle en pointant du menton son paquet bien emballé dans son jean. Franchement, elle n’aurait jamais cru Melchior capable de parler de ça devant elle comme si de rien n’était. Mais ça ne la dérangeait pas, bien au contraire. Elle sait faire la part des choses entre le sexe et l’anatomie et sa physiologie. Alors non, rien de gênant pour elle. « Et puis franchement, ça aurait été inquiétant si tu en avais. J’espère que ça n’affecte pas tes performances sexuelles, ce serait vraiment dommage pour un peu jeune homme comme toi dis donc. » Ce n’est pas le sujet principal de la discussion mais bon, au moins, ça détend l’atmosphère. « T’as pas besoin d’aphrodisiaque en tout cas aujourd’hui. Je suis toute à toi pour la soirée. » Pas de mensonges, pas vrai. Il est vrai que le jeune homme et elle viennent tout juste de reprendre contact mais le courant passe tellement bien entre eux. « Par contre, il faut que je te dise quelque chose. » Il faut qu’il sache. C’est important. « Je t’aime bien. Plus que bien. Et je sais que ça fait à peine cinq heures qu’on s’est retrouvé mais même avant, je t’aimais plus que bien. Alors bon, si tu as la moindre question, n’hésite pas à me la poser. » Cartes sur table.

Si l'on passait par là sans connaître les deux jeunes gens assis là, l'un contre l'autre, en train de feuilleter le menu, on aurait pu croire qu'ils formaient un couple. Le genre de relation poussée que Melchior a vite fait de laissé tombé depuis qu'il avait commencé son internat, et les rares essais qu'il avait pu mené avaient tous été des échecs mais ça, il ne pouvait s'en vouloir qu'à lui même. Ce n'était pas comme s'il s'était donné tous les moyens pour que ça fonctionne. Seulement voilà, quand une fille comme Alexandra débarque dans sa vie, ce n'était pas pour la laisser repartir. Il se mit à rire. Il ne s'attendait pas à ce que le sujet dérive aussi vite mais en même temps il l'avait bien cherché. Et quand elle en venait à mentionner son paquet, il releva doucement son menton de sa main valide pour ramener son regard vers le sien. Tout était allé vite entre eux mais quand même ! C'était un peu son problème aussi à Melchior. Soit ça allait trop vite, soit ça prenait trop de temps, et Alison en avait fait les frais.
Non ça va qu'il n'avait pas encore à se noyer dans ce genre de problème, mais ça avait eu le mérite de l'amuser le Quincy. « Anecdote mise à part, c'est vraiment pour goûter. » tant qu'il était dans un restau thai, autant en profiter. Et puis en face d'Alexandra, il n'y avait pas à penser . Elle devait assurément faire fondre les mecs - et les filles de jalousie – sur son passage, Melchior n'en faisait pas exception, elle avait le luxe de choisir. Alors quand elle lui dit qu'elle l'aimait plus que bien, forcément, ça n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. « Si j'ai des questions ? » sourit-il, fronçant légèrement les sourcils, pas certain de comprendre où elle venait en venir. Alex avait tout de suite fait redescendre Melchior sur Terre et il prit conscience de l'inconscience dans lequel il s'était plongé, lui, le gars qui avait toujours été terre-à-terre, qui pensait toujours à toutes les éventualités, qui ne laissait rien au hasard. Il se décolle de la jeune femme, attrapant son bras pour la redresser par la même occasion et se mettre face à elle. Puisqu'il allait parler sérieusement, autant se mettre en condition. A ce moment même, Naomi revint pour prendre commande, avant de repartir. Il se plongea dans le regard noisette d'Alex un moment, réfléchissant à comment amener la chose. Parce qu'ils se plaisaient mutuellement, rien ne devait bien être compliqué. Et pourtant ça l'était. « Je t'aime bien aussi Alex. Tu me plais c'est certain. » Un petit sourire ne peut s'empêcher de faire son apparition sur ses lèvres. Rien que le fait de s'entendre l'avouer c'était quelque chose, mais aussi parce qu'ils savent tous les deux qu'il y a un mais à suivre. Le regard du Quincy se perd l'espace de quelques secondes sur la table, cherchant l'inspiration pour poursuivre... Et puis merde, il y allait franco. « Est-ce que tu vas te marier ? » Il repose son regard sur celui de l'Eliot. « Enfin je veux dire... J'ai entendu parler de possibles fiançailles avec ce gars qui t'accompagnais au bal de Décembre, mais je ne suis sûr de rien... » il découpait les mots, finissant sa phrase presque dans un murmure. Et si ce n'était pas vrai, il se sentirait bien bête d'avoir écouté des rumeurs, ce n'était tellement pas son genre en plus, mais il devait en avoir le cœur net.

Un vrai petit couple. Dans les yeux des autres clients, dans les yeux des serveurs, c’est ce qu’on pouvait lire. Alexandra ne s’en formalisait pas, mais elle n’avait non plus envie que sa harpie de grand-mère s’en prenne par la suite au jeune pour simplement être lui. Au moins, elle devrait être contente, elle n’était pas accompagné d’un coureur de jupon qui se plaisait à s’engueuler puis coucher avec sa petite fille. Mais Alex profitait tellement du moment. Elle aimait cette complicité si simple qu’elle avait avec Melchior, cette entente totale. Depuis qu’ils se sont retrouvés, c’était comme si ils ne s’étaient jamais quitté. « J’espère bien parce que je pense qu’il peut encore servir. » La conversation a dévié si facilement sans être osée. Des sous entendu mais rien de forcément incriminant. Alex voit bien que Melchior joue le jeu, et ça lui plait. Il s’accomode à tout, n’est pas destabilisé par tout et n’importe quoi. Ça n’allait pas trop vite, ni trop lentement. Ils apprennaient à se découvrir un peu plus, se rapprochant autant physiquement que mentalement. Si bien qu’Alex ouvre un peu son coeur, lui disant explicitement qu’elle l’aime bien, qu’elle l’apprécie beaucoup. Qu’elle craque sur lui en fait. Elle n’a pas peur de dire ce qu’elle ressent Alexandra. Au contraire. Elle croit dur comme fer que se dévoiler rapproche les gens. Alors non, dire ce qu’elle pense, ce qu’elle ressent, ne lui fait pas peur. Au contraire de Milo. Au contraire de tous les hommes qu’elle a fréquenté. « Oui. Sur moi, ma vie. Mon statut de princesse. Je peux comprendre que tu ais des questions parce que bon, je ne suis pas normale comme meuf et puis, faut avouer que mes aventures ont fait le tour du campus. » Entre une aventure avec un mec qui n’en a rien à faire d’elle, ses fiancialles, ses relations avec les hommes. Bref, tout ce que sa vie englobe. Et puis, il faut l’avouer, elle n’est pas simple comme personne. Elle peut être aussi adorable qu’une biche et aussi méchante qu’un dragon en furie. Melchior ouvrit la bouche mais Naomi l’interrompit. Il donna leur commande tranquillement, sans se laisser destabiliser et revint à Alexandra. Elle écouta ce qu’il avait à lui dire. Ça lui faisait plaisir de savoir qu’il n’était pas insensible elle. Qui ne le serait pas en même temps. Melchior est parfait sous bien des aspects. Gentil, adorable, aimant, sociable, généreux. Il avait peut-être des défauts mais Alexandra ne voyait que les bons pour le moment. Cependant, l’anglaise sent bien qu’il y a autre chose derrière son aveux. Le mariage. Ouais, elle s’y attendait à ça. « Hum, normalement oui. Mais ce n’est pas choisis. » Il essaye de comprendre ce qu’Alex elle même a eut du mal à comprendre au début. C’est difficile pour une personne extérieur de voir ce genre de pratique, de comprendre comment un couple pouvait se faire rien que par la volonté d’autorité plus élevée. Elle prend les mains de Melchior dans les siennes, les serrant un peu. « Ecoute, je vais tout t’expliquer. Mais ça. C’est compliqué et je ne veux pas gâcher un parfait diner avec des explications qui risquent d’être longue. » Elle ne veut pas tout gâcher, elle promet de lui dire la vérité. « Sache une chose, je ne veux pas me marier avec Hadès, c’est sur et certain. » Il est hors de question qu’elle ne lui cache quoi que ce soit, mais elle a un peu de le décevoir. A vrai dire, elle a peur qu’il ne soit pas prêt à supporter ce que cela signifie de sortir avec une princesse qui ne contrôle pas vraiment son existence.

Rien ne pouvait enlever ce sourire collé à son visage. Malgré ses dures journées de garde et autre aléas de la vie, la présence d'Alexandra passe du baume sur tout ça. Ce moment est si simple, si sincère, qu'il se découvre un attachement particulier à la jeune femme. Un attachement qui le laisse penser à un avenir possible avec elle, alors quand elle lui confie son affection, le Melchior réservé se laisse aussi à faire ses confidences sur son ressenti. Il aime sa franchise. Il sait qu'elle ne semble pas dans une situation facile, mais elle veut être honnête avec lui alors ça le touche forcément. Il se plonge intensément dans ses yeux. Elle a raison. Il n'avait pas envie de parler de ça lui non plus au final, ça n'est pas le moment. Alors, simple à vivre, Melchior finit par sourire légèrement et passe à autre chose. Ses aventures ? Il veut savoir... sans trop savoir en fait. Quelle est la fourchette ? Beaucoup ? Pas beaucoup ? Beaucoup très probablement... Une pointe d'appréhension émerge et bien qu'il se fait violence pour garder la face, il craint intérieurement ne pas être à la hauteur de tous les prétendants qu'Alex a pu avoir. « Tu sais, je ne suis pas trop les potins ou ce qu'on peut dire sur les gens. Et puis je suis la dernière personne à qui on donne ces informations ! » Sauf en ce qui concernait les fiançailles, mais ça, sa sœur ne le lui avait balancé seulement parce qu'elle sait que Melchior apprécie la princesse d'Angleterre et elle, le prince de Belgique. Cela lui fait drôle de se dire qu'Alexandra est princesse d'ailleurs. Le titre n'a jamais entravé leur amitié, et pour dire, il ne l'a jamais considéré à part du fait qu'elle faisait partie de la royauté britannique. Parce qu'elle ne le lui a jamais fait ressentir, cette différence, parce qu'elle a toujours été simple avec lui malgré sa vie atypique. « Ça te plaît d'être princesse ? Enfin je sais que tu ne l'as pas choisi, mais j'imagine qu'il doit y avoir son lot d'avantages comme d'inconvénients. »

C’est bien. Il n’est pas insistant. Pas compliqué. Il comprend quand elle dit qu’elle ne veut pas parler de ça présentement. Après tout, il vaut mieux. Elle ne dira rien tant qu’elle ne saura pas elle même où elle en est. Il est hors de question qu’elle en parle alors que c’est si compliqué. Messy as fuck. « T’es bien une exception. Chaque personne que je rencontre et qui connaît mon nom me demande comment ça se passe avec mon fiancé ? Autant dire que ne pas en parler est assez plaisant. » Elle ne ment pas. Sa tête est sur tous les journaux à scandale, les histoires sur leur soit disant couple fait baver les journalistes qui s’en donnent à coeur joie d’écrire des histoires fausses et fabriquées de toute pièce. « En tout cas, pour le moment, ce n’est pas lui qui m’intéresse, c’est sur et certains. » dit-elle doucement. Elle a envie d’être proche de Melchior, de savoir ce que ça fait que d’être dans ses bras. Il est curieux mais pas trop. Juste assez pour être mignon et adorable. « C’est bien. Ça a ses avantages et inconvénients, comme tout. Mais le plus beau dans ma position, c’est d’être capable d’aider tout le monde. Être autant un modèle qu’un ange gardien. » Elle hausse les épaules, un peu gênée par sa réponse. « En fait, c’est difficile à expliquer. J’ai les mains liées sur beaucoup de chose, mais en même temps libre sur pleins d’autres domaines. Tu comprends? » Leur plats arrivent, enfin. Elle meurt de faim et en plus, elle commence à être réellement mal à l’aise. Mais le sourire de Melchior est doux, apaisant, et il délie un peu les tensions qui se forment dans son ventre. Attachant ses cheveux en un chignon haut, elle se prépare à attaquer son plat. « Ne te moque pas si je me tâche. Je suis horrible à regarder manger. »