I took you anyway (sloaline)

CHARLIE J. GRANGER & SLOAN BUSHNELL
Non, non et non. Sloan n'avait pas envie d'aller à ce dîner avec son beau-père et l'un des plus gros clients de la société. Il n'avait pas spécialement la foi et la motivation pour faire des efforts et paraître aimable. Ce qu'il voulait, c'était aller à la soirée organisée par ses potes. Merde alors, c'était le principe des samedis soirs, il fallait faire la fête et oublier la semaine plutôt pénible qui précédait chaque week-end. Au lieu de ça, Georges lui avait imposé un rendez-vous d'affaires des plus chiants. L'Eliot voyait déjà la scène, ils allaient bouffer dans un restaurant gastronomique et parler du boulot pendant des heures avant que l'alcool ne gagne leurs organismes et, qu'enfin, chacun se détende. Super. Pour l'occasion, il avait mit une chemise blanche et un jean, hors de question de mettre un de ces costards beaucoup trop étroit pour être à l'aise. Les petites chaussures élégantes et la veste qui va bien allaient largement suffire. La clope à la main, les yeux rivés sur la route, Sloan n'était pas forcément en avance, il essayait de se dépêcher un minimum pour arriver à l'heure. Fumer dans la voiture était la seule solution qu'il ait trouvé pour s'en griller une avant les longues heures d'ennuie. Il soupirait depuis qu'il était parti de son duplex, laissant son colocataire Noah vaquer à ses occupations. A cet instant précis, il l'enviait presque, lui au moins n'aura pas à jouer les fils parfaits pour plaire à quelqu'un dont l'apparence prône sur le bon sens. Le beau brun baissa les yeux en voyant son portable s'allumer sur la tableau de bord, c'était Georges qui était, visiblement, déjà arrivé. « Ouais allô ? » lança-t-il en essayant tant bien que mal d'attraper son portable. Il jeta maladroitement sa clope par la vitre et cala son téléphone entre son épaule et son oreille. « J'suis au bout de la rue là, j'me gare et j'arrive. » répondit-il un peu précipitamment avant de raccrocher. Georges semblait agacé par son retard et s'il y a bien une chose qu'il détestait, c'était d'attendre. « Il m'fait chier ce gros con. » marmonna-t-il dans ses dents, juste avant de balancer son portable devant lui. Déjà que son beau-père lui imposait ce dîner, il n'allait pas non plus être désagréable. Il y avait des limites à la connerie. L'Eliot fit un magnifique créneau et descendit de sa voiture pour rejoindre les deux hommes qui l'attendait juste devant le restaurant. Sa démarche était déterminée, il avait apprit à faire ça. D'ailleurs, avec le temps, il avait également appris à cacher ses sentiments et à tromper les apparences. Il affichait un léger sourire et les traits de son visage paraissaient beaucoup moins tirés. Tout ceci semblait si naturel chez lui. Une fois à leur hauteur, il se dirigea vers le client en premier. « Mr Calligari, ravi de vous revoir. » le salua-t-il d'une poignée de main plutôt viril. Sloan savait faire la différence et adapter son comportement quand le moment était venu pour lui de jouer la comédie. Georges, même s'il restait un connard fini, représentait son avenir professionnel. Les trois hommes échangèrent de brèves politesses, ils se souhaitèrent même les meilleurs voeux avant de rentrer dans le restaurant. Comme le voulait les règles de la bienséance, la client entra en premier, suivit de prés par Georges puis par Sloan qui ne manqua pas de soupirer silencieusement lorsqu'ils eurent le dos tourné. Se frottant énergiquement les mains pour se réchauffer, le jeune homme avança et traversa les tables pour rejoindre une table un peu plus loin. Il prit place en face des deux autres et en profita pour enlever sa veste. A peine fut-il assis qu'il se rendit compte que quelque chose n'allait pas. Incapable de déterminer ce que c'était, quelque chose le déranger mais quoi. Il ne savait pas. Décidant de passer outre cette impression bizarre, il apporta son attention sur le client avant de sourire à sa blague. Putain la soirée allait être longue. Rapidement, le serveur arriva vers eux et prit la commande des boissons. Sans chercher à comprendre, l'Eliot commanda  « un whisky, un double s'il vous plait. » Malheureusement pour lui, il n'allait pas pouvoir se mettre une murge et allait devoir se contenter des blagues et des théories fumeuses des deux trous du cul en face de lui. Lorsque le serveur fit de nouveau son apparition avec les boisson, Sloan prit son verre dans sa main et les regarda amusé. Apparemment, il n'était pas le seul à avoir soifs. Les deux hommes burent une gorgée de leurs breuvages puis à son tour, il leva délicatement son coude pour apporter le verre à ses lèvres. Machinalement, il détourna son regard d'eux et le posa sur sa gauche, attiré par des yeux insistant sur lui. Contre toutes attentes, il rata sa gorgée et manqua de s'étouffer. Le beau brun toussa bruyamment avant de fermer les yeux quelques secondes et de les rouvrir vers Georges. Un frisson lui parcouru tout le corps et, sans vraiment s'en rendre compte, il fronça les sourcils, pas vraiment sur ce qu'il avait vu. Impossible. Impensable. Non Sloan. C'était surement sa mémoire qui lui jouait encore des tours, pourtant il était sobre. Il vint déglutir difficilement. « Ouais ça va, j'ai juste avalé de travers. » lança-t-il bêtement, faisant rire son beau-père et le client. L'Eliot eut du mal à esquisser un léger sourire sur son visage. Perturbé par ce qu'il venait de voir, il n'osa pas retenter l'expérience. Cela ne pouvait pas être possible, Charline ne pouvait pas se trouver à quelques mètres de lui. Son rythme cardiaque commençait à s'accélérer, il ne se sentait pas très bien. Voilà qu'il avait des hallucinations en plein jour, c'était beaucoup plus grave que ce qu'il aurait pu imaginer. Sloan restait focalisé sur Georges, il avait presque peur de tourner la tête. Pourtant, sa curiosité malsaine l'obligea à détourner son regard vers la gauche. Et là. Stupeur. Son estomac se noua immédiatement lorsque son regard croisa celui de Charline.