« Il est où le bonheur, il est où ? »

Depuis ce qui s'était passé entre Lily, son père, Alysse et la mère de celle-ci, je n'avais plus les idées totalement claires. Sans compter l'arrivée impromptue de mes parents la semaine qui avait suivi et qui m'avait totalement vidé de mon énergie – ma mère étant ma plus grande faiblesse et donc également une source inépuisable d'ennuis – c'était l'une des raisons qui m'avait conduit dans ce bar, vers cette fille, chez elle et pour finir au creux de ses draps cette nuit-là. Je me le suis reproché au réveil : elle était si jeune, tellement naïve à mes yeux à cet âge que j'avais rapidement enfilé mon pantalon et pris la porte, sans autre forme de procès. Je ne comptais pas la revoir, ni demain ni jamais. Mais c'était sans compter ma mémoire qui me jouait des tours. Je me souvenais sans le vouloir de ses bras autour de mon cou, de ses sourires, de ses yeux pétillants, de sa façon de me regarder...différente de la manière dont ELLE me regardait toujours. Elle m'avait vu comme un homme fait de chair et de sang, là où elle me voyait comme l'agent que j'étais, presque assimilé à un meurtrier par moments. J'en avais eu assez. L'envie, et le besoin de me sentir juger autrement, de redécouvrir le plaisir aux côtés du sexe opposé m'avait poussé à la suivre ce soir-là, et je n'avais plus eu de regrets jusqu'au lendemain. Ce soir, et cela me peinait presque de l'admettre, j'avais de nouveau envie de me réconforter à son sein. Longtemps, j'avais contemplé l'océan à l'horizon, jusqu'au dernier rayon de soleil couché, jusqu'à finalement prendre ma décision. Tant pis, je prenais le risque de faire cette erreur. Je lui téléphonais, et lui donnais rendez-vous dans une vingtaine de minutes, sur le port de Boston.

FICHE ET CODES PAR ILMARË

@Livia S.-Viscenti

J'avais patienté une bonne dizaine de minutes avant de me laisser tenter par un macchiato caramel surmonté d'un nuage de lait, comme je l'aime. Bien que la nuit venait de tomber sur Boston, ma soirée ne faisait que débuter. J'avais bien deux heures devant moi à tuer avant de reprendre mon service au Royale : un boite de nuit branchée qui versait un salaire plus ou moins raisonnable, en attendant que le cirque ne rouvre ses portes. Ce boulot était suffisant pour que je n'ai pas à quémander auprès de mes amis quelques piécettes pour boucler ma fin de mois. L'argent, toujours l'argent, je n'avais pas que ce mot à la bouche mais il est vrai que si ma condition financière venait à s'améliorer, je n'en serais que moins avare. Quittant le magasin, j'avais débuté une marche interminable le long des rues, avenues et boulevards dont regorgeaient cette ville dans laquelle j'avais posé mes bagages il y a quelques temps déjà. Je songeais à aller rendre visite à quelques collègues de boulot ou bien ceux du cirque qui devaient sûrement être en train d'éplucher les petites annonces. Il y avait également d'autres personnes vers qui j'aurai pu me tourner ce soir-là, principalement des hommes avec qui j'avais partagé des nuits endiablées, presque inoubliables et éventuellement à refaire s'il n'était pas apparu dans ma vie comme par magie tel un cadeau de Noël avant l'heure. Lui, ce rouquin au doux nom d'Austen, comme je me plaisais à l'appeler. Pour l'heure, nous n'avions partagé qu'une seule nuit mais son visage restait tout de même ancré dans mon esprit comme cela m'arrivait de temps à autres avec certains dont le feeling était bien passé. Rêveuse, mes pas me dirigèrent vers la première station de métro croisée, jusqu'à ce que mon téléphone ne vienne à sonner. Je décrochais machinalement. Au son de sa voix, je le reconnus immédiatement. C'était lui, me donnant rendez-vous dans vingt minutes au port. Il m'avait donc rappelé, moi qui n'y avait plus crû depuis l'instant où il était parti, sans un mot, ni un regard. J'avais pris cela comme un adieu consternant. Malgré ma prise de réflexion, l'idiote que j'étais, avais finalement opté pour la direction de Waterfront dans le but de le retrouver, d'apprécier à nouveau sa présence tout en laissant volontiers son regard se poser sur moi, comme pour mieux me laisser tomber dans ses bras.
En arrivant à destination, je n'avais pas eu à chercher bien longtemps avant d'observer sa silhouette au loin, accoudé à une rembarre tout en scrutant l'amarrage d'un bateau. Je m'élançais à son encontre, savourant la légère brise qui me fouetta le visage avant de boire une gorgée de ma boisson froide. J'aurai pu faire demi tour mais ma conscience ne le voulait pas. Je ne le voulais pas. « J'espère que tu m'as fait venir pour une virée en bateau sinon je serai déçue. » Je lâchais un rire discret avant de prendre place à ses côtés, posant mon regard sur cette mer si paisible qui m'en ferai presque oublié son départ furtif de notre première rencontre.

@Lawrence H. Austen

Vêtu d'une simple chemise vert clair surmontée d'un pullover d'un marron particulier, un jean du même ton que mes chaussures et écharpe assortie à l'ensemble, j'attendais patiemment qu'elle me rejoigne. Lorsque je la reconnus à quelques mètres de là, un sourire éclaira mes joues, bref mais sincère. M'avançant dans sa direction, je stoppais net lorsque nous n'étions plus qu'à quelques centimètres de distance. Loin de moi l'idée de paraître grossier en évitant de la saluer, ou de me montrer étouffant en la prenant sitôt dans mes bras, nous n'étions encore que des inconnus l'un pour l'autre malgré la nuit que nous avions déjà passé ensembles. En outre, je n'avais jamais été un homme particulièrement démonstratif en public, et les passants ne manquaient pas autour de nous. Aussi me contentais-je de l'observer avec ce mélange d'attention et de calme qu'elle ne tarderait pas à reconnaître en moi, avant de lâcher un petit rire à sa remarque. « Dans ce cas, je crains de te décevoir. » ne fis-je que lui répondre avant de passer un bras autour de sa taille pour la conduire à l'un des premiers embarcadères que conduisait jusqu'à un yacht que j'avais loué pour la soirée. Je me sentais presque d'humeur romantique pour le coup. Au fond, je souhaitais simplement m'éloigner un peu de la population et ne pas risquer de croiser certaines personnes de mon cercle. Espérant qu'elle n'avait pas le mal de mer, je monte le premier à bord du yacht, l'invitant à me suivre à l'intérieur où tout le confort moderne avait été pensé pour un jeune couple souhaitant voyager sur le long terme. Le propriétaire était un ami, cela n'avait pas été difficile de le convaincre.

FICHE ET CODES PAR ILMARË

@Livia S.-Viscenti