EZIA ST-AMAND ► emma roberts

Elle s'en souvient encore. La couleur de la neige dans le jardin de leur maison à Quebec, le bleu du ciel haut au-dessus de ses cheveux blonds, les paillettes que le soleil s'autorisait à créer sous ses yeux. Elle n'était peut-être qu'une enfant à l'époque, mais elle avait déjà la faculté de s'émerveiller de ces petits détails pour lesquels l'être humain garde une forte tendance à l'oubli. Admirer les rayons solaires luisant à travers ses doigts, se questionner sur la complexité magnifique d'un flocon comme le sens du vent était son univers, la bulle dans laquelle elle se perdait trop de fois aux yeux des autres enfants de son âge. Difficilement atteinte par leur parole et fille unique, elle avait toujours apprit à compter plus sur elle et ses propres valeurs que sur le regard d'étrangers. Solitaire, elle l'était, mais malgré l'inquiétude que cela pouvait susciter chez ses parents, elle n'en était pas le moins du monde malheureuse et savait s'entourer à ces yeux des meilleurs qui, à eux-seuls, étaient capable de la révéler toute entière. Surement était-ce cette capacité à tout percevoir, tout explorer, tout révéler qui a fait d'Ezia quelqu'un d'aussi indécis. Effrayée par l'avenir et la stabilité, elle a déjà connu mille rêves aussi vite balayés. Mille réponses différentes sur la question de ses études, mille réponses sur ce qu'elle désirait et tout autant sur ce qu'elle était. Ezia elle ne voulait pas savoir, elle voulait pouvoir se laisser porter sans jamais s'arrêter, courir à perdre haleine, saisir le moment comme il lui était offert. S'enterrer dans une vie chronométrée la terrifiait et le fait encore. Après plus de dix-sept ans de réticence, c'est pourtant vers les étoiles qu'elle a finit par se tourner, poussée par les merveilles dévoilée par son père, professeur passionné d'astronomie. Et lorsque son père a quitté le Canada pour Cambridge, elle a fait le voeu d'intégrer l'université à la sortie de son lycée. Et c'est ce qu'elle fit.

Compte tenu de ses notes et de sa vorace curiosité, elle fut admise haut la main à Harvard en licence d'astronomie, côtoyant donc son père comme professeur. Ezia vivait avec lui dans une maison bostonienne et elle ne pouvait rêver mieux que la nouvelle vie qui s'offrait à elle. L'attrait de la nouveauté était grisant, jusqu'à ce qu'elle se lasse de ce quotidien pour s'en offrir un autre. Ce n'était pas de son conscient pour le moment, la blonde ayant encore bien trop de choses à découvrir dans ce nouveau chez elle. Mais comme il est courant d'apprendre à l'école, il n'y a pas de romans sans péripéties, d'histoire sans chamboulements. Celui d'Ezia se produisit durant le mois de janvier 2013, une date qu'aucun habitant des environs ne peut négliger. Attaque terroriste sur Harvard faisant des centaines de morts et grava dans les esprits une odeur de bruler et les cris à n'en plus finir. Ce jour-là, Ezia a échappé eu pire mais alors que les explosions cessaient, alors qu'elle était évacuée loin de la bibliothèque, elle se souvient de ses doigts tremblants sur son portable, du numéro de son père affiché avec une photo qu'ils avaient pris en haut de l'observatoire de l'université, et des échesc qui en découlèrent. Inlassablement, malgré ses divers essais. Aucune sonnerie, aucune chance, une erreur de numéro qu'ils disaient. Elle ne sait pas combien de fois elle essaya, loin de toute logique, loin de tout raisonnement, laissant la panique la submerger alors qu'elle se mettait à courir vers les secours, la police, tentant de retrouver cet homme qui avait été son pilier tout au long de sa vie. Il lui fallu plusieurs jours pour que son décès lui soit confirmé. Il aurait voulu évacuer ses élèves et se serait trouver trop près de la bombe du Harvard Common. C'est aujourd'hui un évènement particulièrement sensible pour elle et Ezia en garde une amertume et une colère enfouie envers ce genre de psychopathe aliéné inconscient des vies qu'il gâche pour assouvir sa folie. La jeune étudiante s'est alors enfouie dans les études et s'est relevée. Aujourd'hui, après une licence d'astronomie, elle a commencé un cursus en astrophysique principalement et en musique. Elle avoue ne pas savoir où cela la mènera mais c'est tout ce qu'elle connait pour le moment, et quelque chose qu'elle voit comme une continuité du travail de son père.