Je n'entends pas la ville, rien qui ne me rappelle Boston. Pas un klaxon, pas de cri de la rue, pas l'effervescence d'un boulevard. Je crois même que j'ai entendu des oiseaux, au loin, qui piaillent ensemble. Et ça sent le neuf, le très propre, l'impersonnel. J'essaye d'ouvrir un œil, avec difficultés, pour observer un plafond que je ne connais pas. C'est blanc et sobre, pas un cocon mais presque, ça fait douillé et bien entretenu. Ma tête se tourne vers la fenêtre d'où une lumière forte apparaît et essaye de percer un passage pour venir caresser mon visage. Où suis-je ? Je ne connais pas ces rideaux, ni cette décoration. Je me tourne pour prendre connaissance avec la partie immergée de l'iceberg et tombe nez à nez, si l'on peut dire puisqu'il est de dos, avec un jeune homme. J'ai du cligner plusieurs fois des paupières avant de bien réaliser. Qui est-il ? Je m'aventure à observer le corps nu au moins jusqu'au ventre puisque la couette ne daigne pas le couvrir plus. Si j'ai cru un instant qu'il pouvait être Milan, mon espoir redescend bien vite quand je ne découvre pas ses tatouages. J'y ai cru, j'ai perdu. Ma main frotte mon visage impassible. C'est pas comme si c'était la première fois, ce n'est pas comme si j'essayais de faire disparaître son visage en regardant celui des autres. Oublier est ma résolution 2017, mais je ne suis pas certaine de m'y tenir. Je m'enroule dans mon côté de la couverture, il faut quand même que je découvre qui est celui avec qui j'ai partagé ce lit. Doucement, sans trop tirer sur son côté de la couette, je cache ce que je peux de ma poitrine avant d'escalader le corps de l'inconnu. Une jambe et un bras de l'autre côté de son corps, je fais attention à ne pas le toucher pour ne pas le réveiller et penche la tête pour observer son visage. Je n'y crois pas... il ressemble affreusement à ce jeune homme que je regarde depuis un moment. Celui qui dessine, l'artiste, celui qui fait le fort mais dont je suis certaine qu'il cache autre chose. Je coince la couette sous mon bras pour libérer une main. J'avance mes doigts vers son front, le frôle doucement jusqu'à la base de ses cheveux. Il a l'air réel oui, trop, tellement que je sens cette boule dans mon ventre. L'incompréhension. Oui, qu'est ce qu'on fait ici... Je ne me rappelle pas de la soirée d'hier.
Drinking faster and then we talk slow. Come over and start up a conversation with just me. And trust me I'll give it a chance now... — with @Nienke van Dijk
Je dors toujours profondément mais je sens un mal de tête m'envahir, j'ai du encore trop boire hier soir comme à mon habitude et je sens la gueule de bois arrivée bientôt. Je sens une main me frôler le front jusqu'à mes cheveux, j'ouvre les yeux et je découvre une jolie blonde devant moi avec la couette qui la recouvre. Je sens ensuite que je suis nu, ça doit être ma conquête de la soirée d'hier soir et j'ai certainement du passer une nuit de baise comme cela est déjà arriver auparavant. Je regarde autour de moi visiblement ça ne ressemble pas à mon studio, elle a du m'emmener chez elle et ma voiture doit être restée devant la boîte de nuit. "Salut. C'est pas mal ton chez toi." J'enfile mon caleçon pour éviter de rester nu trop longtemps devant elle même si maintenant elle connaît mon corps et je ne suis pas forcément très pudique ça ne me gène pas qu'une belle femme me reluque. Je reste assis dans le lit, je passe mes mains sur mon visage je n'ai aucun souvenir de la soirée ce n'est pas la première fois que ça m'arrive mais disons que cela m'embête je ne sais même pas comment elle s'appelle même si je n'ai pas besoin de connaître le prénom de mes coups d'un soir. Elle me regarde d'une façon étrange comme si j'avais quelque chose sur le visage c'est assez perturbant.
Le douce chaleur de la couette m'envahit alors que les rayons du soleil viennent s'amuser sur ma peau libre. Il a l'air de faire beau, peut-être que j'aurais du me rhabiller en vitesse, le fuir et aller dehors pour essayer de découvrir ou je suis. Mais quand je me rends compte qu'il est le garçon que j'observe depuis tant de temps, cela me coupe dans mon élan. Et le pire, c'est que je n'arrive réellement pas à me rappeler ce qu'il s'est passé hier soir, juste quelques bribes vraiment insuffisantes pour comprendre le déroulement de ma soirée. Alors que je caresse la base de ses cheveux, il se réveille doucement. Je reprends ma place dans le lit et m'assois en tailleur, la couette coincée sous mes bras pour m'en faire un bustier. Chez moi ? Mais ce n'est pas chez moi... « Salut. » Je n'arrive à rien articuler de plus. Je ne sais absolument pas où nous sommes. Il enfile son caleçon alors que je le suis du regard. Je frotte mes tempes en essayant de comprendre, mordille l'intérieur de ma lèvre. Je me penche en arrière et attrape le premier vêtement qui me tombe sous la main. Je crois que c'est son tee shirt mais tant pis. Je l'enfile, il me serre aisément de robe, et me lève pour ouvrir la fenêtre. « Le hic, c'est que ce n'est pas chez moi ici... » J'ouvre enfin les volets et découvre un immense lac. J'écarquille les yeux, en fait, je crois que c'est un rêve de me retrouver devant un paysage pareil, avec le mec que j'observe depuis si longtemps en caleçon dans le lit. Un blague, mauvaise ou bonne d'ailleurs, je ne saurais dire. Je referme la fenêtre pour observer les voitures, les panneaux... « New Hampshire ? » C'est un rêve oui c'est certain maintenant. Comment peut-on être si loin de Boston ? Je me retourne vers lui, appuyant mon dos contre le rebord de la fenêtre. « Tu es à Harvard non ? On a fait quoi hier soir pour se retrouver aussi loin de Boston ?» J'espère juste qu'il va pouvoir réparer ma mémoire détruite.