L’hôpital n'était guère l'endroit le plus approprié pour des retrouvailles père-fille, il n'y avait qu'à voir la tension palpable entre les deux Hamilton pour se rendre compte de la gravité de leur relation. A tout moment la conversation pouvait dérivé, pour le pire, et Alcibiade le savait parfaitement. Malgré ça, l'homme demeurait assis dans cette salle d'attente, vêtu d'un de ces costumes luxueux réservé qu'à une poignée de riches, l'air sérieux et quelque part, involontairement supérieur, comme s'il se trouvait dans son bureau face à un client récalcitrant. Mais Alaska, contrairement aux hommes et aux femmes que l'Hamilton pouvait croisé dans tel ou tel endroit, ne se laissait jamais mener si facilement, et n’hésita par ailleurs guère à exprimer ce qu'elle ressentis vis à vis de son propre père, sans aucune retenue.
« Nous n'arriverons jamais à nous apprivoiser. C'est un fait et je pense que tu ne pourras pas arranger les choses. Nous sommes les mêmes personnes sur certains points et aucun de nous deux ne fera le premier pas vers l'autre. Même dans les pires moment que j'ai pu traverser, je n'ai jamais réussi à trouver du réconfort à tes côtés et j'ai toujours pensé que de toute façon, je n'avais aucun intérêt à tes yeux. Tu es détestable même quand tu te montres gentil et je suis bien trop têtue et mélancolie pour te pardonner tes écarts. Je ne viendrais pas.. à la "maison", parce que ça n'a jamais été une "maison" pour moi et j'ai ce côté fier que tu connais si bien qui fait que jamais je n'aurais pu mettre les pieds dans TA maison. »
Durant ce bien triste monologue, Alcibiade était resté de marbre, ses yeux ambrés encrés dans ceux de sa progéniture, rien n'aurait pu trahir ses émotions sinon ce regard sensiblement assombris, silencieusement blessé dans son ego. Il ne niait pas avoir commis quelques erreurs de parcours, mais refusait d'endosser l'entière responsabilité de ce qui avait tant détérioré leur relation.
« Pourquoi es-tu là ? Tu profites de ma faiblesse pour m'approcher ? Tu veux me prendre par les sentiments ? »
Il est clair qu'Alaska sous-estimait l'image qu'elle avait aux yeux de son père, certes ses attentions n'avaient pas toujours été des plus louable, mais cette fois ci il n'en était rien. Cette réaction insensé avait le don d'agacer l'homme d'affaire qui tenta pourtant de garder son calme apparent. Néanmoins offusqué, c'est d'un ton grave et autoritaire qu'il répliqua dans un claquement de langue.
« Ne fais pas comme si je n'avais jamais rien fais pour toi Alaska ! Si tu n'avais aucun intérêt à mes yeux, détestable que je suis, je ne serais pas ici ! »
C'était bien connu, l'Hamilton ne se déplaçait jamais sans raisons valables. Et en ce jour, il avait mit en pause son statut d'homme d'affaire à l'emploie du temps chargé, pour retrouver sa fille dans l'enceinte de l'hôpital. Si ça ce n'était pas un premier pas des plus inattendus de sa part, surtout pour un homme que cette dernière qualifiait de détestable. Alcibiade avait beau savoir manier l'art de refouler toute émotion, il n'appréciait pas une seconde la manière dont sa fille avait réagis, et sans doute cela put se voir à travers son ton sensiblement plus ferme et catégorique lorsqu'il reprit la parole.
« L'idée que je puisse me faire du soucis pour toi et le bébé te sembles à ce point inimaginable ?! Quoi qu'il en soit, je n'ai pas envie de me battre avec toi aujourd'hui, alors si tu ne veux pas me voir dis le moi tout de suite, ça m'évitera de perdre mon temps. Mais ne viens pas me reprocher de ne pas faire le premier pas ! »
A ces mots, l'Hamilton avait reprit toute sa hauteur en quittant sa chaise, son regard perçant ancré dans celui de sa jeune fille, prêt à partir à toute instant. Cependant, il laissait encore le choix à cette dernière, du moins de ce qu'il en laissait paraître. S'il avait réutilisé les propos de la jeune femme dans un but clairement définit, il n'en restait pas moins imprévisible et étrangement sincère en cet instant.