(annalyne) allo mais allo quoi

D'une paume pleine, je caresse sa joue, je l'adore à ma manière bien que même après quelques mois j'ai encore du mal à m'y faire. Dans ce rôle étriqué que chaque matin je revêts lorsque chez son père je vais le récupérer, ou bien après des nuits passées à m'assurer qu'il continue à respirer, être mère n'est pas quelque chose qui s'apprend, pourtant j'essaie, je prends du temps. On dit toujours, pourtant, que c'est un instinct qui vient naturellement … Mais lorsqu'il pleure, quand je ne sais plus quoi faire, je réalise que je suis seule et que je dois me retenir si fort de ne pas traverser le palier qui séparent nos deux appartements afin de confier à Clay à quel point parfois je peux être terrifiée. Mais qu'importe puisque mon orgueil ne me le permets, je refuse de me dire que bien que la peur soit des plus présentes, je serai celle qui rampera en premier.

A mon effleurement affectueux, mon fils répond en un sourire, et sa main vient chercher la mienne, il force pour la garder, la tire vers lui et je me fonds dans ses gestes, m'amourache du plus infime comme du reste. Mais après quelques secondes à faussement me jouer de lui, je prononce en un soupir. « Allez ... » Parce que tes grands parents paternels t'ont demandé. Je plie ses dernières affaires, avant de me décider à aller affronter Clay, une dizaine de minutes de cordialité – et encore – et le voilà refermant son appartement et moi portant ma rancœur, ma peine et ma colère, en bandoulière. Si indépendante … Jamais je n'aurai pu penser qu'une personne puisse un jour autant me manquer. C'est ridicule, c'est niais, ça fout le bourdon, et ça rend con. Mais au lieu de les regarder partir tous les deux à travers la porte d'entrée de mon propre appartement que j'aurai regagné, je choisis de sortir afin de moins ruminer.

Attrapant un taxi pour aller peu importe où, tant que c'est loin de la baraque de banlieue des parents de Clay. Et mes pensées ont filé jusque Bambi, peut-être qu'elle se trouve sur le campus aujourd'hui. Et lui envoie, de fait, un texto. Alors la voiture me dépose, et me voilà en train d'arpenter les murs de mon passé. Étudiante il y a des années déjà, et plus vraiment en droit de revendiquer une popularité que mon nom pouvait avant me donner. D'ailleurs, les chèques que j'ai refilé souvent au doyen je ne suis même pas certaine que cela pourrait m'aider. Poussant une porte, je me retrouve dans la salle informatique, c'est sans même vraiment observer que je prends place sur une chaise suite aux regards s'étant retournés sur ma personne lors de mon entrée, et justifie ma présence par le moteur de recherche internet que j'ouvre d'un clic. "Euh, excusez-moi," Je me demande si c'est vraiment pour moi. "au regard de cette veste qui se trouve sur le dossier de cette chaise." Sans prendre la peine de l'observer, je me demande sérieusement de quoi elle est en train de me causer. "Il s'avère que cette place est déjà réservée..." J'en lève les prunelles au ciel, les étudiantes bien élevées, elles ont toujours eu le dont de m'irriter, pour ne pas devenir vulgaire et penser qu'elles me font tout simplement chi… « Vraiment ? » Et de biais, j'observe maintenant bel et bien la-dite veste posée sur le dossier. « Je pensais que ce n'était qu'un ... » de deux doigts, je l'attrape, comme si la chose était un objet des plus dégoûtants, d'ailleurs, j'accentue mon délire tout en grimaçant. « Chiffon oublié. » Certes, j'aurai du me lever, lui céder sa place, mais en ce moment, j'ai des envies de me changer les idées, de prendre ce que je peux pour jouer. Avant de relever les yeux vers elle pour trouver finalement, un visage que je connais, et c'est soudain comme je me dis que la partie peut être intéressante à jouer.

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